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DÉCRYPTAGELe monde paysan entre dans une nouvelle étape

Alors que de très nombreux agriculteurs subissent une crise dramatique, les dernières élections des Chambres d’agriculture ont été marquées par la progression spectaculaire de la Coordination rurale.
DÉCRYPTAGE – Le monde paysan entre dans une nouvelle étape
Ce syndicat, qui a pris naissance dans le Gers il y a 34 ans, vient d’y prendre le pouvoir et revendique la présidence de la Chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine, face à la puissante alliance FNSEA-JA.

La Coordination rurale du Gers est née en 1991, pour répondre à la colère contre la réforme de la Politique agricole commune (PAC), qui prévoyait des primes à l’hectare. À la tête, le Gersois Philippe Arnaud voulait montrer plus de fermeté que la FNSEA dans ce combat et dans d’autres luttes vitales pour les agriculteurs, notamment les plus petits.
 
Ce mouvement est devenu officiellement un syndicat national 4 ans plus tard, gardant son siège à Auch. Il est désormais solidement implanté, remportant une quinzaine de chambres d’agriculture, avec un nombre de voix en hausse de plus de 10 points un peu partout en France. La Coordination rurale (CR) passe la barre de 30% des voix au total, ce qui l'amène à revendiquer la première place, en rappelant que la FNSEA et les JA sont deux syndicats différents. Ces derniers ont rassemblé, ensemble, 48% des suffrages, perdant la majorité absolue des voix.
 
Avec sa victoire surprise en Gironde et dans plusieurs départements de Nouvelle-Aquitaine, la CR revendique la présidence de la Chambre régionale. En effet, elle est désormais à la tête de la Gironde, de la Haute-Vienne, du Lot et Garonne, de la Charente, de la Charente Maritime et de la Dordogne. Pour rappel, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques sont restées aux mains de l’alliance FNSEA-JA. Verdict mi-mars, avec l’élection du président régional qui suivra l’installation officielle des chambres départementales.
 
Cette percée significative de la Coordination rurale remet en cause la position dominante de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), alliée aux Jeunes Agriculteurs (JA). Les deux autres syndicats en lice aux élections, la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux, restent un ton en-dessous.

Il est clair que la FNSEA et les JA vont devoir tenir compte de cette évolution pour éviter de perdre définitivement la main aux prochaines élections. Accusés d’une cogestion trop complaisante avec les gouvernements successifs, notamment au détriment des « petits » paysans, cette alliance pourrait durcir le ton, alors que la crise agricole s’accentue et que la concrétisation des promesses à la sortie des derniers barrages se fait attendre.
 
Le gouvernement va, lui aussi, être obligé de prendre en compte cette nouvelle donne. Comment ne pas « traiter » sur le même plan ces trois syndicats qui ont désormais pratiquement le même poids ?

Au niveau des départements conquis et de la Région Nouvelle-Aquitaine, l’État va avoir la CR comme interlocuteur. En effet, il se tourne vers les chambres d'agriculture pour prendre le pouls de la situation agricole, et il leur confie les missions de développement agricole.
 
La CR met particulièrement en avant l'autonomie des agriculteurs, le souverainisme, la régulation des marchés, la surveillance des marchandises aux frontières ou encore la limitation des contrôles dans les exploitations.
 
La conquête de la Nouvelle-Aquitaine, première région agricole de France et d’Europe est un événement majeur. D’autant plus qu’elle possède la 1ère forêt cultivée d'Europe et le 2e vignoble de France. Terre d'élevages (moutons, chèvres, vaches, canards...), elle est la 2e région bio de France et représente 20 % des cultures de fruits et légumes du pays. La pêche est aussi une activité majeure, avec 720 km de littoral, et une ostréiculture de premier plan.
 
Il faut aussi savoir que l’agriculture représente la 1ère économie de notre région et génère 180.000 emplois dans les exploitations et 54.000 dans l'agroalimentaire. Ce secteur réalise un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros à l’export.

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