Chaque automne à Saint Jean de Luz, un autre souffle que celui du vent envahit la ville : celui du cinéma. Le Festival International du Film (FIF) est devenu en douze ans une étape incontournable du calendrier culturel basque, attirant une foule venue découvrir les pépites du cinéma émergent.
Son générique d’ouverture est désormais bien connu : une semaine de projections, de rencontres et de débats dans l’écrin du cinéma Le Sélect, unique salle de la ville et partenaire historique de l’événement. Le décor est posé, les projecteurs allumés : place aux premiers et deuxièmes films de réalisateurs qui rêvent déjà d’écrire le futur du septième art.
Des jeunes réalisateurs aux talents confirmés
Le FIF n’est pas parti de rien. Il est l’héritier direct du Festival des Jeunes Réalisateurs, lancé en 1996. Dix-huit ans plus tard, en 2014, le festival change de nom mais conserve son essence : soutenir le cinéma d’avenir, cette écriture encore fragile, mais souvent audacieuse, qui permet à de nouveaux talents de se faire entendre.
Chaque année, le festival donne à voir des premiers pas, souvent hésitants mais pleins de promesses, et révèle de véritables signatures. De Xavier Legrand à Thomas Bidegain, de John Carroll Lynch à Nicolas Keitel, nombre d’auteurs aujourd’hui confirmés ont fait un passage remarqué par Saint-Jean-de-Luz.
Si ce festival a su trouver son ton, c’est aussi grâce à Patrick Fabre, directeur artistique depuis 2009. Ancien journaliste pour Première et Studio, voix familière des marches de Cannes, il apporte à la sélection sa curiosité et son ouverture d’esprit. Chaque année, il repère dans le foisonnement des productions internationales les œuvres qui feront vibrer la salle du Sélect.
Une compétition à l’échelle humaine
Le cœur battant du festival reste sa compétition officielle : 10 longs métrages internationaux et 10 courts-métrages majoritairement français. Les films, tous premiers ou deuxièmes essais, sont soumis à l’œil attentif de jurys professionnels, mais aussi à celui du public et d’un jury jeunes.
Les récompenses, comme autant de palmes locales, sont variées : prix d’interprétation, prix de mise en scène, Grand Prix… sans oublier le Prix SFCC décerné par la critique française. Pour les lauréats, au-delà du trophée, c’est souvent le début d’une reconnaissance précieuse dans un parcours de cinéaste.
Le festival doit beaucoup à un partenaire fidèle : le fonds de dotation Porosus, créé par la famille Lacoste. Pour la neuvième année, il accompagne le FIF en offrant une bourse d’aide à l’écriture aux lauréats du jury jeunes : 10 000 € pour le long métrage et 2 500 € pour le court. Derrière chaque droit, il y a un devoir : celui de transformer l’élan reçu en une nouvelle création. Plusieurs cinéastes aujourd’hui reconnus, comme Lyes Salem ou Pierre Niney, ont bénéficié de ce coup de pouce.
Une programmation éclectique et ambitieuse
Pour sa 12ᵉ édition, du 6 au 12 octobre 2025, le festival met les bouchées doubles : 22 longs métrages (dont 5 premières mondiales et 7 françaises), 13 courts, et une ouverture résolument internationale, de la Chine à l’Islande en passant par l’Italie et les États-Unis.
Le film d’ouverture, La petite cuisine de Mehdi d’Amine Adjina, annonce un menu généreux et poétique, tandis que la clôture sera assurée par La femme la plus riche du monde de Thierry Klifa. Entre les deux, le public découvrira des œuvres aussi diverses que Louise de Nicolas Keitel (accompagné par Cécile de France) ou Furcy, né libre, premier long métrage d’Abd al Malik.
Le festival accueillera aussi la projection de La ligne de vie, le nouveau film d’Hugo Becker, déjà remarqué à Venise. Une preuve supplémentaire que le FIF est devenu une étape incontournable du circuit des festivals.
En 2025, c’est l’acteur et réalisateur Hugo Becker qui présidera le jury longs métrages, entouré notamment de Leila Bouzid et Fanny Sidney. Côté courts, la présidence revient à Johann Dionnet, lui-même ancien lauréat du prix du public à Saint-Jean-de-Luz. Une belle mise en abyme qui illustre l’esprit du festival : soutenir les talents d’hier pour qu’ils accompagnent ceux de demain.
Le FIF ne se résume pas à des projections. En effet, ateliers, masterclass, rencontres avec les scolaires sont organisés où tout est pensé pour faire du cinéma non pas un art élitiste, mais un langage partagé. Le festival transforme ainsi Saint-Jean-de-Luz en un décor vivant, où habitants et visiteurs deviennent spectateurs mais aussi acteurs d’une aventure collective.
Sébastien Soumagnas
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