Presselib : Qui êtes-vous ? Décrivez-nous vos débuts dans le rugby et l'arbitrage
Evan Urruzmendi : Je m'appelle Evan Urruzmendi, j'ai 26 ans et je suis originaire de Saint-Jean-de-Luz, ville dans laquelle j'ai grandi. J'y ai fait toute ma scolarité, mon parcours sportif et j'y ai mes amis. J'ai ainsi commencé le rugby à l'âge de 5 ans au Saint-Jean-de-Luz Olympique.
Passé par l'école de rugby et les équipes cadets, j'ai découvert l'arbitrage à l'âge de 15 ans en intégrant le pôle espoir rugby de Bayonne. Au milieu de tous les meilleurs joueurs de notre région, il y a une formation arbitrage dans laquelle on étudie chaque semaine le règlement, l'analyse vidéo ainsi que la pratique. Mes débuts au sifflet se sont faits à l'UNSS, quelques mercredis après-midi. J'ai tout de suite accroché et j'ai pu commencer mon premier match officiel en cadet régional.
P.L : Pouvez-vous nous détailler votre parcours dans l'arbitrage ?
E.U : Après 2-3 saisons à arbitrer des jeunes, me voilà à 18 ans lancé dans le grand bain des seniors en arbitrant le dimanche les séries territoriales. En parallèle du terrain, j'ai passé et réussi chaque année les examens écrits. Ces épreuves sont un mélange entre le par cœur de la règle et la compréhension du jeu. Le dernier examen est celui du "fédéral", qui est le sésame pour arbitrer à partir de la Fédérale 3.
À 20 ans, le responsable en Côte Basque Landes me donne sa confiance et me classe en Fédérale 3. J'effectue une saison puis j'accède à la Fédérale 2. Trois saisons me sont nécessaires pour prendre de l'expérience et gagner en maturité, puis j'accède finalement en 2020 à la Fédérale 1. Mes débuts sont bons mais stoppés par la crise sanitaire. J'ai la chance de faire 4 matchs de la division Nationale lors de cette période (compétition avec des équipes professionnelles qui a continué à jouer).
La saison dernière a été déterminante et enrichissante à ma découverte du haut niveau. J'ai arbitré 18 matchs au centre (Fédérale 1 & Nationale) et été juge de touche à 4 reprises en Prod2. A l'intersaison (juin 2022), j'ai reçu la bonne nouvelle de ma promotion en Prod2. À ce jour pour cette saison, j'ai arbitré 5 rencontres de Prod2 en tant qu'arbitre central et 6 dans la fonction d'arbitre assistant.
P.L : Avez-vous dû choisir entre jouer et arbitrer ou peut-être menez-vous les 2 de front ?
E.U : J'ai fait le choix d'arrêter de jouer lorsque je me suis rendu compte du plaisir que je prenais à arbitrer et surtout en voyant ma rapide progression ! Cela a été donc à 17 ans la fin de ma carrière de joueur... (rires). Pour progresser dans l'arbitrage comme tout autre domaine, il faut pratiquer au maximum. Donc en arrêtant de jouer, j'ai pu arbitrer le plus possible et cela m'a permis de travailler sur les choses à améliorer.
Dans tous les cas, lors de la promotion en Fédérale 3, il faut faire un choix entre les deux. Avant ce passage, et surtout pour les mineurs, il est possible de mener le jeu avec les copains et l'arbitrage certains week-ends dans l'année. C'est très important de jouer au maximum pour connaître le jeu dans sa globalité et ainsi amener cette expérience au sifflet.
P.L : Est-ce votre métier ou faites-vous autre chose à côté ?
E.U : Je suis 100% amateur, j'ai mon métier à côté. Je suis gestionnaire commercial dans l'import-export et travaille dans un bureau à Saint-Jean-de-Luz. Les semaines sont bien remplies !
Un petit résumé de ma semaine type :
Le lundi je travaille la journée, puis je dois trouver du temps pour analyser la vidéo du dernier match. Cette analyse est primordiale dans notre progression, en pointant les choses qui ne vont pas, mais aussi ce qui fonctionne bien. Sur un site interne aux arbitres, je saisis toutes mes décisions durant le match et je juge si c'est correct ou si c'est une erreur. En fin de journée, je consacre du temps à la préparation physique.
Le mardi, journée de travail, et débriefing téléphonique avec le superviseur du dernier match ainsi que mon coach. Renforcement musculaire et préparation physique en fin de journée.
Le mercredi, journée de travail, plus préparation du prochain match avec analyse vidéo des équipes sur des matchs précédents. Préparation physique en fin de journée.
Le jeudi, repos physique, journée au travail. Enfin, le vendredi (jour de match) est entièrement pris par le déplacement sur le lieu du match (voiture ou avion). Retour du match le soir même ou le samedi dans la journée.
P.L : Comment devient-on arbitre ?
E.U : Tout d'abord, hommes et femmes peuvent devenir arbitre. Effectivement, le développement de l'arbitrage féminin est en pleine croissance. Cela amène du renouveau dans la fonction et permet de continuer la voie de la mixité dans le rugby.
Vous pouvez avoir entre 15 et 55 ans pour vous lancer. Bien sûr le sifflet ne remplace pas le ballon, mais un arbitre participe tout autant au jeu que les autres acteurs d'une rencontre. L'arbitrage permet de vivre une belle expérience humaine, enrichissante, formatrice. Tout au long de son parcours, l'officiel de match est accompagné, formé, conseillé, et ce, de l'échelon territorial au plus haut niveau. Et dans une équipe de club l'arbitrage est fait d'entraînements (physiques ou techniques), de rassemblements, de matchs naturellement, et de moments conviviaux. Pour se lancer, il suffit d'envoyer un message à cette adresse, ou se rapprocher de son club.
P.L : Quel est votre objectif ?
E.U : Chaque arbitre est un compétiteur, et aspire toujours à évoluer à l'échelon supérieur. Dans mon cas et ma récente promotion en Prod2, je souhaite tout d'abord arbitrer le plus possible pour continuer ma découverte et mon expérience au niveau professionnel. Être performant et être régulier sont les objectifs principaux. La saison est longue et fatigante, il faut donc viser à faire toujours un petit mieux que le match précédent. Pour le reste, seul l'avenir nous le dira...
Sébastien Soumagnas
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire