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1500 COUPS DE POUCEAbattoir d’Auch : un espoir pour les éleveurs du Gers

Dès l’annonce en début d'année du retrait du groupe Bigard, la mobilisation s’est immédiatement organisée pour la réouverture de la chaîne multi-espèces porcine, ovine et caprine. Un groupement vient de se constituer.
Audrey Bourrust présentant le projet lors de la réunion du 8 mai à Auch devant de nombreux éleveurs et élus du Gers
La présentation du projet par Audrey Bourrust lors de la réunion du 8 mai à Auch
Depuis la fermeture de l’abattoir de Condom en 2017, les éleveurs gersois doivent se rendre à Boulogne-sur-Gesse, Tarbes ou Villeneuve-sur-Lot. Pour 80% d’entre eux, cela signifie des déplacements de plus d’une heure quinze entre leur exploitation et le lieu d’abattage, et autant de stress pour leurs animaux.
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« Cela fait cinq ans maintenant que nous sommes contraints de faire parcourir beaucoup de kilomètres à nos bêtes, alors que nous avons dû suivre en 2022 une formation sur le bien-être animal, nous rappelant qu’elles devaient arriver en excellent état et sans stress aux abattoirs. Mais avec autant de route, cela devient très complexe. De plus, cela impacte nos vies familiales car nous passons les dimanches à l’abattoir » explique Audrey Bourrust, éleveuse de porcs noirs à Castéra-Verduzan.

À cela s’ajoute l’augmentation du coût de l’énergie et des conditions tarifaires modifiées après la reprise de l’abattoir de Boulogne-sur-Gesse par la Communauté de communes du Comminges, engendrant quelques tensions. De quoi plomber le moral des plus enthousiastes.

Aussi, dès qu’Audrey apprend le départ de Bigard prévu pour mi 2023, elle contacte immédiatement les responsables de l’abattoir et les élus du Grand Auch, propriétaire des locaux gérés par 3A Gers (Alliance Abattoir d’Auch).

« J’ai sauté sur l’occasion ! Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir un super centre de formation des apprentis en viande, des CUMA et des ateliers de découpe que les éleveurs ont pu développer chez eux grâce aux aides pour favoriser le circuit court. Notre seul point noir, c’est l’absence d’une structure départementale pour l’abattage. Or l’abattoir d’Auch a été multi-espèces jusqu’en 2012 ; il y a déjà les bâtiments, la capacité d’accueil, et la chaîne du froid a été refaite à neuf il y a peu ».

Il y a aujourd’hui deux demandeurs qui s’accordent

Le coût de la remise en marche de l’activité porcine-ovine-caprine est estimé à 1,5 million d’euros, bien loin de celui de la construction d’un nouvel abattoir. De plus, cela permettrait de sauver les emplois sur le site auscitain, qui s'élèvent actuellement à 25..

« Il y a aujourd’hui deux demandeurs qui s’accordent. D’un côté, un abattoir qui perd un actionnaire principal et a besoin pour assurer sa survie de tonnages suffisants pour faire tourner les machines et payer ses salariés. De l’autre, des éleveurs qui ont besoin de l’outil dans un délai “supportable” après ces cinq années de contraintes subies. L’équation semble donc résolue d’avance » souligne Audrey.

L’union fait la force et nous sommes tous solidaires

Et l’enthousiasme affiché lors de la réunion du 8 mai à Auch, regroupant une centaine d’éleveurs et de nombreux élus du département, confirme bien que chacun a parfaitement saisi tout l’intérêt d’un tel projet. Car en fournissant des produits d’excellence - notamment avec des races locales - et en approvisionnant les restaurateurs, les éleveurs participent à la richesse du territoire et la renommée du savoir-faire gastronomique du Gers. De plus, ils contribuent au développement de l’agritourisme en organisant toutes sortes d'animations sur leur exploitation.

« Le directeur de l’abattoir et le président de la société 3A Gers ont bien présenté le projet aux élus qui nous soutiennent, et ont redit leur volonté de nous ouvrir l’établissement ainsi que son capital. Il ne serait plus un outil dont nous dépendons, mais un outil qui nous appartiendrait avec la possibilité d’intégrer un conseil d’administration et de participer aux décisions. Les éleveurs ont senti qu’ils étaient entendus, et cela joue beaucoup sur le moral. À la fin de la réunion, nous avons décidé de monter un groupement sous la forme d’une association loi 1901, car l’union fait la force et nous sommes tous solidaires. Beaucoup se sont spontanément portés volontaires pour participer au conseil d’administration. Le bureau a été élu, et l’ensemble des documents a été déposé en préfecture dans la foulée… ».

Une décision reçue comme une bouffée d’oxygène, même si chacun est conscient que les délais administratifs sont incompressibles, et qu’il faudra sans doute patienter jusqu’à la fin de l’année 2024 pour pouvoir disposer de l’abattoir multi-espèces à Auch.

« Aujourd’hui, il est urgent pour les éleveurs de ne plus subir et de devenir des acteurs majeurs de leur avenir, il en va de leur survie sur le département, mais ce délai est psychologiquement supportable. On peut se dire qu’on a encore un peu de temps à tenir, mais c’est pour un lendemain meilleur ».

Marielle Fourcade

COUP DE POUCE

Les éleveurs du Gers sont invités à rejoindre le groupement et peuvent contacter Audrey Bourrust au 06 32 43 21 77, ou par mail.

Une visite sera organisée sur le site de l’abattoir d’Auch le lundi 26 juin à 14 heures, afin que tous puissent découvrir leur outil de travail de demain. 

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