Cette édition 2025 intitulée « Avec l’industrie, fabrique ton avenir » place les jeunes au centre d’un projet collectif dont la finalité est de construire l’industrie du futur, en phase avec les grands défis socio-environnementaux.
À l’heure où l'industrie française se mobilise pour la souveraineté économique et la décarbonation, le Béarn possède un tissu industriel dense et des filières d'excellence, notamment l'énergie et l'aéronautique. Cet atout fait donc du Béarn un acteur clé de ces transitions.
« Cette Semaine de l’industrie s’ouvre dans un climat contrasté, entre signaux encourageants à consolider dans des filières stratégiques, comme le nucléaire et l’aéronautique, et inquiétudes sur l’emploi, la formation et la compétitivité. Cette 14e édition va donc nous permettre de renforcer l’attractivité des métiers de l’industrie et d’alerter sur les menaces qui pèsent sur la pérennité des entreprises », expose Didier Lacassagne, directeur de Safran Helicopter Engines et président de l’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie (UIMM) Adour Atlantique.
La Semaine de l'industrie 2025 s'impose comme l'événement clé pour prouver au grand public et aux futurs talents que l'industrie est le secteur qui peut concrètement façonner leur avenir professionnel.
Cette opération annuelle est essentielle pour promouvoir l'attractivité du territoire des Pyrénées-Atlantiques. En mettant en valeur les entreprises locales et les compétences qu'elles recherchent, elle contribue à susciter des vocations et changer le regard que les jeunes portent sur l’industrie.
Changer l’image de l’industrie
Du 3 novembre au 7 décembre, entreprises, fédérations et organismes de formation se mobilisent collectivement pour démontrer que l’industrie est le vivier d’emplois qualifiés et innovants, qui assurent la vitalité des Pyrénées-Atlantiques et plus largement de la France.
Au programme, des visites d’entreprises pour les collégiens, lycéens, familles et demandeurs d’emploi, des animations dédiées à l’emploi industriel dans notre territoire, des conférences/animations dédiées à l’orientation des jeunes et des moins jeunes dans l’industrie et valorisation de la mixité.
L'industrie moderne souffre encore d'une image désuète auprès du grand public. Le programme de la Semaine est spécifiquement conçu pour déconstruire ces stéréotypes. « Cette mobilisation paye, puisque la perception de l’industrie s’améliore, avec une augmentation de + 17 points en cinq ans selon les chiffres du baromètre 2024 de l’IPSOS. C’est donc très encourageant », précise le directeur de l’UIMM Adour Atlantique.
L'enjeu crucial de la formation
« De nombreux acteurs locaux sont mobilisés autour du programme de gestion prévisionnel des emplois et des compétences du Territoire d’industrie, qui permet de donner un éclairage sur les tendances à venir sur les trois à six ans. Cela nous assure que l’on a une offre de formation dédiée et adaptée aux besoins des industriels du territoire », souligne Audrey Le-Bars, directrice du GIP Chemparc et du projet Territoire d’Industrie Lacq-Pau-Tarbes.
Après une période d'aides exceptionnellement élevées suite à la crise sanitaire, le gouvernement français cherche à rationaliser et à mieux cibler les dépenses publiques.
Désormais, les entreprises sont soumises à des conditions plus strictes lorsqu’elles veulent signer un contrat d’apprentissage. De l’autre côté, les apprentis voient leur rémunération baisser de 100 euros. Pour soutenir la croissance et les mutations technologiques, la rapidité d'adaptation des compétences est cruciale.
Selon une enquête de l’OPCO 2I, le rabotage et complexification des aides plombent le dispositif de l’apprentissage dans les formations du secteur, avec une baisse de -10% de contrat d’apprentissage en 2025.
« C’est un signal d’alerte direct pour les organismes de Formations et le vivier industriel. En raison de ces nouvelles restrictions, de nombreuses entreprises ne vont plus pouvoir embaucher d’apprentis, avec un impact direct sur leur activité. D’autres continueront à signer ce type de contrat, car elles sont convaincues de la pertinence de ce modèle », assure Didier Lacassagne.
Pourtant, comme le rappelle Nathalie Larroutis, présidente du Medef Béarn et Soule, l’apprentissage représente une part significative des effectifs dans les entreprises. « C’est un modèle de formation qui a pourtant fait ses preuves. Notre pays n’a jamais eu autant d’apprentis que ces dernières années : +178% de contrats d’apprentissages signés entre 2018 et 2024, pour un million de contrats fin 2024 ».
Féminiser l’industrie
La féminisation de l’industrie est l’un des enjeux majeurs dans l’industrie. Cette semaine sera aussi l’occasion de valoriser les femmes et les hommes qui font vivre l’industrie au quotidien. Le 27 novembre, le Pôle Formation Adour organise sur son site d’Assat une journée dédiée à 100% aux femmes dans l’industrie.
De 13h30 à 16h30, Women Tech Place permettra aux jeunes filles ou aux femmes qui souhaitent se reconvertir de découvrir le monde industrie, de rencontrer d’autres femmes du secteur de la tech et d’assister à une conférence et des ateliers visites (sur inscription).
De 18h à 20h, ce sera le retour de la Soirée Industri’Elles. Cet événement vise à promouvoir l’engagement des femmes dans les métiers techniques de l’industrie au travers de témoignages (sur inscription : Inscriptions sur www.metaladour.org).
Si le taux de féminisation dans les différentes formations industrielles locales augmente progressivement, il reste du travail de sensibilisation à mener. « Nous avons chez Cami Aéro |NDLR : le centre de formation de Safran] environ 35% de filles parmi nos apprentis. Cependant, nous enregistrons dans notre organisation moins de 20% de femme dans les emplois techniques, malgré tous nos efforts. Tous les voyants sont aux verts dans nos entreprises, à nous d’inciter les jeunes filles à choisir l’industrie. L’objectif est de gagner 10 points de taux de féminisation d’ici 2033 », explique Didier Lacassagne.
Des perspectives optimistes malgré un climat difficile
Le tissu industriel du Béarn fait preuve d'une résilience remarquable face à un climat économique général marqué par l'incertitude. Pour la première fois depuis quelques années, l’industrie montre des signaux d’alerte.
Selon le dernier baromètre Eco de la CCI Pau Béarn, au premier semestre 2025, 27% des dirigeants déclarent un chiffre d’affaires en baisse, soit +10 points en un an. Leurs carnets de commandes se contractent également, traduisant une visibilité réduite sur les prochains mois.
« Même si le contexte économique est un peu morose, on note tout de même une forte attractivité et un fort développement dans les entreprises. Nous avons la chance d’avoir un bassin industriel très attractif, avec de gros projets structurants, dimensionnant qui vont s’installer. On parle de trois millions d’euros d’investissement prévus sur le territoire, avec de nombreux porteurs de projets en phase de décision d’investissement et bien d’autres acteurs se sont montrés intéressés », tempère Audrey Le-Bars.
Le président de l’UIMM Adour Atlantique abonde également dans ce sens. « L’industrie est, plus que jamais, au cœur de notre souveraineté, de notre innovation, de notre avenir collectif. En investissant dans les compétences, la transition écologique et la technologique, nous préparons une industrie plus forte et plus durable. Chaque entreprise, chaque salarié et chaque jeune qui s’y engage contribue à bâtir cette fierté industrielle française. L’industrie, c’est l’avenir, faisons-en ensemble une passion partagée et un moteur de progrès ».
Noémie Besnard
L’industrie en chiffre
En France, les opportunités nombreuses : selon les estimations, 200.000 offres de recrutement seront publiées chaque année dans la métallurgie jusqu’à 2035, dont près de 300 dans les Pyrénées-Atlantiques.
Dans le département, l’industrie représente 32.000 salariés, dont 20.000 en Béarn. Au total, 2 salariés sur 10 travaillent dans ce secteur d’activité.
Sur l’année écoulée, le Béarn enregistre 5.500 recrutements dans ce secteur.
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