Alors que la crise du lait se prolonge, alors qu’un tiers des éleveurs bovins est menacé de disparition, les céréaliers doivent faire face à une récolte catastrophique. C’est donc une grande partie de l’agriculture qui est en danger.
Hier, les producteurs laitiers du Grand Ouest ont manifesté leur détresse aux portes du groupe Lactalis qui assure la collecte de plus de 20% du lait français. Les 17.000 agriculteurs concernés vendent actuellement leur lait à perte : à 0,26 euro le litre pour un prix de revient de 0,35. Depuis la fin des quotas laitiers, les prix dégringolent gravement mettant en péril les exploitations. La Commission européenne doit aider les agriculteurs à réduire leur production en leur attribuant des subventions au prorata des litres non produits. Mais, cette perspective ne suffit pas à calmer les inquiétudes.
De son côté, la Fédération nationale bovine a tiré la sonnette d’alarme. Selon ses responsables, un tiers des 80.000 exploitations spécialisées va disparaître dès cet automne. Depuis 2014, les prix chutent et les éleveurs perdent environ 300 euros par animal, pour un poids moyen de 400 kilos. Intenable !
Quant aux céréaliers, ils subissent les conséquences de la mauvaise météo du printemps et doivent faire face à une moisson en baisse de 30% à 50% selon les régions. Les pertes seront lourdes, d’autant plus que les prix sont à la baisse en raison de stocks importants au niveau mondial. Enfin, les maraîchers et les producteurs de fruits sont également touchés par les conditions climatiques capricieuses.
C’est un fait, une large majorité des exploitations agricoles est déficitaire. Ce qui ne permet pas aux paysans de se rémunérer (ou très peu) et les oblige à réduire leurs charges et leurs investissements. Le poids des dettes des agriculteurs devient de plus en plus lourd. Bref, l’agriculture française est au borde de la faillite.
Au-delà des problématiques mondiales, l'enjeu de l'agriculture française est d’une part de privilégier une qualité qui génère le deuxième excédent commercial du pays (10 milliards d'euros) ; d’autre part, d’entreprendre des mutations en profondeur pour retrouver un modèle économique solide. Et de plus en plus de voix se font entendre pour valoriser dans ce modèle économique les missions essentielles assurées par les paysans, allant du maintien d'un tissu social rural significatif à la préservation de la nature.
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