Orthez

Le Bourreau de Béthune, ça vous dit quelque chose ? Probablement pas, car ses dernières prestations comme catcheur remontent à la préhistoire, ou du moins à la télévision en noir et blanc. Roger Couderc, avec son inimitable accent du Quercy, en faisait des tonnes depuis l’Elysée Montmartre ou de la Salle Wagram, oubliant toute partialité en prenant fait et cause pour les bons contre les méchants. C’est dans cette catégorie que combattait Robert Moreau, alias Freddy Robert, autrement dit le Bourreau de Béthune.

Enfin, pour la petite histoire, sachez qu’ont existé deux Bourreaux de Béthune. Le premier, Jacques Ducrez, un ancien chauffeur de taxi 13 fois champion du monde, aux 87 combats et 87 victoires est malheureusement décédé aujourd’hui. Le second, âgé de 83 ans, vit désormais une retraite heureuse près d’Orthez, à Laa-Mondrans, petite commune de 400 habitants (où s’était retiré l’ancien champion cycliste Pierre Masseys).

Durant six ans, il a écumé les rings, et mis les oreilles en chou-fleur à ses adversaires mythiques, L’Ange blanc, Bobby Duranton, Roger Delaporte, Ben Chemoul, Chéri-Bibi, voire à un certain Lino Ventura, dont on connaît la destinée. Pourquoi Béthune ? Parce qu’il est originaire du Nord, té ! Pourquoi Bourreau de Béthune ? Pour faire un clin d’oeil à Alexandre Dumas, qui lui fait couper la tête de la perfide Milady. Pas sûr que les amateurs de catch de l’époque aient perçu l’allusion.

Mais la vie d’un bourreau des rings est forcément limitée dans le temps : trop de coups reçus, trop de blessures, trop de tensions, même pour un champion de 1,83 m et de 110 kilos de muscles. À seulement 34 ans, Freddy jette l’éponge, en 1965 et remise son masque rouge et noir qui l’avait rendu célèbre. Un temps, on le retrouve comme garde du corps de Jean-Marie Le Pen. Aujourd’hui, dans son petit village béarnais, il se souvient avec nostalgie de son titre de Champion d’Europe, obtenu en 1962 et vit des jours apaisés.

Qui a dit que le catch ne maintenait pas jeune ?