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    Grains de Sable

    Les bistrots

    100.000 en 1980, 30.000 aujourd’hui en France. Rien qu’entre 2003 et 2011, 6.000 estaminets ont fermé leurs portes. Normes techniques prohibitives, principes de santé publique contraignants, taxes diverses, les bistrots ont le blues.

    Pourtant, les cafés du Commerce c’est drôlement important, le cœur battant d’un pays, l’endroit où la France dite « d’en bas » refait le monde et son pays. Entre nous, ceux « d’en haut », ils feraient bien d’aller plus souvent se faire « rhabiller le petit », ils feraient moins de sottises au moment de choisir leur « cap » politique…

    Ils apprendraient que les bistrots, d’abord, ce n’est pas un endroit où on ne fait que se saouler avant de reprendre sa voiture, acheter des clopes ou son PMU. Mais oui madame, le bistrot c’est souvent le dernier commerce qui reste quand tous les autres ont disparu.

    Bien sûr, dans le septième arrondissement à Paris, si le bistrot du coin disparaît, côté commerces, il y aura toujours Saint Laurent ou Vuitton…Mais c’est pas la vie, Berthe, c’est pas la vie.

    Demandez donc dans les villages ce qu’il se passe quand le café-tabac du coin ferme. Il ne se passe rien, justement, plus rien, et le matin et le soir, de « l’aube, à l’heure où blanchit la campagne » jusqu’aux soirs qui « sculptent le firmament de leurs marteaux d’ébène », et bien, il n’y a plus de lumière, plus d’endroit où aller demander notre chemin, où aller chercher un peu de présence humaine et un thé brûlant, où acheter à n’importe quelle heure la barre de Mars pour le moral, des timbres, du pain, se faire dépanner d’un oeuf.

    Il ne se passe plus rien qu’une obscurité opaque, parce que le matin tôt et le soir tard, mine de rien, les lumières du bistrot, ça rassure. La seule fois de ma vie où je me suis fais attaquer par trois méchants armés, je me souviens que j’étais bien contente d’aller pleurer sur l’épaule du patron du bistrot du coin qui m’avait donné un kleenex et aidé à retrouver ma voiture et ma tête, non mais.

    A tel point que désormais, les bistrots c’est comme les espèces en voie de disparition, on les protège! On ne compte plus les maires qui subventionnent ces « drugstores » nouvelle formule, débits de boisson certes mais aussi dépôt de pain, bureau de poste, presse etc.

    Allez patron, remettez-moi un petit jaune !

    Pasquine L’Islet

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