Mélanie Sibra-Bonaventura a décidé de changer de vie alors qu'elle occupait un poste d'assistante de ressources humaines en région parisienne. L'imminent retour au Pays basque et ne pas voir grandir son fils de 2 ans lui ont donné le déclic. C'était décidé, elle allait sauter du coq à l'âne ! Amoureuse depuis sa plus tendre enfance de cet équidé plus petit que le cheval, elle s'est mis en tête d'élever ses propres ânes et d'utiliser leur lait pour fabriquer des produits cosmétiques. Rencontre avec une passionnée qui n'a pas hésité à sauter le pas...
Pouvez-vous vous présenter ?
Mélanie Sibra-Bonaventura : Je suis mariée et maman de deux garçons de 4 et 9 ans. Je vais avoir 35 ans cette année et cela fait 6 ans que le projet a germé dans mon esprit. J'ai suivi mon conjoint en 2009 sur la Côte Basque car il venait y faire ses études en école d'ingénieur et de mon côté mon alternance en recrutement sur Toulouse se terminait, je devais donc trouver un emploi. Je suis restée 6 ans et demi au Pays basque mais mon mari a perdu son emploi donc nous sommes partis pendant 1an et demi en Seine et Marne, où j'ai occupé un poste de gestionnaire de paie à Melun.
Comment vous est venue cette idée d'asinerie ?
M.S.B : C'est durant notre retour en région parisienne que j'ai eu le déclic. On travaillait tard et je ne voyais pas mon fils de 2 ans grandir. Nous sommes donc redescendus sur le Pays basque quand l'entreprise qui a racheté l'ancienne société qui employait mon mari lui a proposé un emploi. Nous n'avons même pas réfléchi, on a fait de suite les bagages.
J'ai retrouvé de suite un poste de gestionnaire de paie à Bidart où je suis restée d'août 2017 à juin 2022. J'ai fait ensuite un CDD ainsi qu'une mission en tant que prestataire de fin novembre 2022 à mai 2023 pour les aider à former une nouvelle recrue et à reprendre des sociétés. Depuis le mois de mai, je me consacre exclusivement à mon asinerie.
Qu'est ce qui vous a amené à élever des ânes ?
M.S.B : Travailler avec les animaux a toujours été un rêve. Je souhaitais être vétérinaire mais malheureusement, je ne supportais pas les opérations et je n'avais pas les compétences intellectuelles pour poursuivre dans cette branche. Mais même si je ne pouvais pas être vétérinaire, je voulais une ferme. Je le criais haut et fort à tout le monde depuis toujours.
Quand j'étais petite, mon doudou était un âne vert avec des lunettes de soleil roses et un maillot de bain fleuri. Je ne sais pas si cela a un rapport, mais j'ai toujours aimé les ânes. Ils m'attiraient beaucoup plus que les chevaux, je les trouvais "à ma hauteur" avec une bonne tête.
J'ai fait des recherches pour en savoir plus sur l'élevage des ânes, et comment faire pour réussir à gagner ma vie avec eux, et c'est comme cela que je suis partie sur le lait d'ânesse et la transformation en savons et cosmétiques.
Combien en possédez-vous ?
M.S.B : Aujourd'hui, j'ai 5 ânesses : Botelha, Florine, Dachedise, Lizzie et Héména. Les 3 premières ont eu des ânons cette année : Nimbus, Neptune et Namasté. Elles ont entre 13 et 2 ans. Mon choix s'est porté sur des ânesses qui avaient déjà eu des ânons sans complications, et issues d'élevages reconnus. Ce sont des ânesses des Pyrénées, une race protégée.
Quels types de produits élaborez-vous ?
M.S.B : J'ai commencé à faire mes propres savons en 2019, en suivant des recettes dans des livres, sur des blogs... et puis j'ai suivi une formation complémentaire à Osserain avec Sylvain et Léanne Chevalier. Cette formation portait sur la saponification à froid. J'ai également suivi une formation sur la réglementation cosmétique.
La saponification à froid, ce n'est pas si compliqué, mais réaliser des cosmétiques, c'est un domaine à part, la réglementation, la R&D, tout est très strict. J'ai préféré déléguer la réalisation des cosmétiques avec le lait de mes ânesses au laboratoire Art&Cos à Amou (40). Cette année, un lait pour le corps, une crème visage peau normale ainsi qu'une crème visage peau sèche seront proposés à la vente en plus des savons. Je produis également des savons au lait de chèvre, qui vient d'un exploitant situé sur Came pour le moment. Quand je le pourrai, des chèvres (2 ou 3) intégreront l'exploitation.
Comment allez-vous les commercialiser ?
M.S.B : Je serai présente sur les marchés, à Peyrehorade cet été le mercredi matin, Biarritz le vendredi matin et Dax (en attente de réponse), le samedi matin.
J'ai également pris contact avec des chambres d'hôtes, et des revendeurs locaux (magasins de vracs...). Un site internet sera ouvert en septembre, quand j'aurai fait assez de stock.
Que pourrions-nous, mais aussi nos lecteurs, vous apporter pour vous permettre d'avancer mieux et plus rapidement ?
M.S.B : J'ai une cagnotte en ligne d'ouverte sur Miimosa à l'heure actuelle qui se termine dans deux semaines, un coup de pouce financier serait super, cela me permettrait d'aménager plus rapidement les nouvelles parcelles en cours d'acquisition (eau + électricité, lieu d'accueil pour le public, zone de parking...).
Plus tard, sûrement à l'automne, j'aurai également besoin d'un coup de main pour planter toutes les nouvelles clôtures, préparer et monter des abris pour les ânesses.
Et puis surtout beaucoup de clients satisfaits !! Je souhaiterais également sensibiliser le public sur le sauvetage des animaux en règle générale et leur responsabilité quand ils adoptent. Beaucoup d'associations se battent pour sauver des animaux souvent vieux, laissés à l'abandon, et ils ont eux aussi besoin de dons, que ce soit financiers, en nourriture, couvertures, ou même lors de sauvetages de familles d'accueils.
Quels sont vos projets à court terme ?
M.S.B : Cette semaine je suis en formation chez Nicolas des Ânes d'Oléron afin d'éduquer mes jeunes ânons à la traction asine ainsi qu'à l'éducation de base. Je souhaite apprendre et me perfectionner pour avoir des animaux calmes, agréables, qui se laissent manipuler facilement et qui feront le bonheur des personnes qui auront la chance de les côtoyer.
J'ai eu des ânesses très bien éduquées, d'autres un peu moins. La différence est flagrante ! Une bonne éducation permet également de meilleurs soins pour nos animaux, ce qui est très important. Un âne à qui nous n'aurons jamais touché les pieds petits, ce sera très compliqué pour le maréchal ferrant de le parer alors qu'il en a besoin régulièrement.
Je viens également de signer un compromis pour l'achat de terres, et ces parcelles seront le siège de l'asinerie. Je conserverai les prés actuels en location car je suis tout de même limitée en place, mais l'accueil au public, se fera là-bas.
Je vise également la certification bio et Nature & Progrès. Sur la future exploitation, une partie maraîchage, petits fruitiers et plantes médicinales, seront également réalisés. Et quand les ânons seront en âge, des balades en forêt seront proposées.
AUTRE COUP DE POUCE
Afin de toucher le plus de monde possible et ainsi de faire connaître les cosmétiques de l'asinerie des Camot's de Mélanie au grand public, elle mérite des coups de pouce de notre part. Comment ? N’hésitez pas à relayer cet article auprès de vos contacts et via vos réseaux sociaux, afin de diffuser la la bonne nouvelle. N'oubliez pas cet été d'écumer les marchés cités plus haut afin de rencontrer Mélanie et découvrir ses produits. Et si à l'automne vous venait à l'idée d'aider Mélanie à planter les nouvelles clôtures ou préparer et monter des abris pour les ânesses, n'hésitez pas à la contacter.
ASINERIE DES CAMOT'S
485 Avenue des Pyrénées
64520 Came
Sébastien Soumagnas
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