Abonnez-vous
Publié le Mis à jour le

AMBASSADEURSOuatéco, du tissu à l’isolant

Et si votre vieux pantalon usé devenait l’isolant du toit de votre maison ? Une super bonne idée ? Thierry Toniutti, créateur de Ouatéco l’a eue bien avant nous. Il a accepté de nous raconter l’histoire d’une réussite très écologique, où les valeurs priment sur la recherche de profit.
Photo d'un des camions de la société Ouatéco
Thierry Toniutti est de ces chefs d’entreprise dont la passion imprègne les discours, et surtout les actes. Il fait partie de ceux pour qui « transition énergétique » n’est pas un vain mot, une hypocrite posture. Lui, il s’est engagé il y a longtemps déjà, et n’a attendu ni les modes ni, hélas, les urgences, pour se réveiller.

C’est en 2009 qu’il crée la PME familiale Ouatéco, qui défend une « démarche d’économie circulaire et de « bon sens ». » Il est celui qui en parle le mieux, fondamentalement convaincu : « Notre ADN éthique et écologique nous pousse à déplacer les curseurs de l’industrie en mettant en avant la démarche de circuits courts et de qualité des isolants plutôt que celle du profit. Nous sommes dans la construction d’un modèle économique vertueux, performant, écono-logique qui favorise l’emploi et le recyclage territorial. »

Il revient avec nous sur les difficultés d’aujourd’hui et les espoirs de demain, avec une « volonté d’action positive plus forte que le doute »

PresseLib’ : Le textile biosourcé, c’est l’avenir ? Pourquoi, selon vous ?

Thierry Toniutti (T.T.) : Excellente question… L’avenir est au recyclage, à la valorisation en circuits courts, au faible impact carbone de nos matériaux de construction ou produits secondaires de la confection. Lorsque nous voyons les montées en température de cet été, le développement des incendies, le risque de pénurie sur les énergies pour partie lié au drame de l’Ukraine, il est de notre responsabilité citoyenne d’agir.

Est-ce facile de recycler des textiles usagés, mélangés, avec des boutons, des ourlets... La réponse est négative.

Il faut, tout débord, réaliser un cahier des charges avec des analyses chimiques… Quel peut être l’usage de tel textile en fonction de sa composition, de sa couleur, de sa qualité… À partir de ce cahier des charges, il faut assurer une sélection et un tri et passer par la case « Recherche et Développement » afin de valider les caractéristiques du textile en question. Nous investissons plus de 10% de notre chiffre d’affaires en recherche afin de développer les solutions responsables de demain.

En France, en 2021, c’est 100.000 tonnes de textiles usagés qui sont jetées ou enfouies. Pourquoi ? Parce que la solution toute faite de valorisation n’existe pas et nous sommes en train de la créer. Oui, pour nous et nos partenaires (Oxbow, Kokolo, Actifrip, etc.), c’est l’avenir car nous retrouvons des qualités de matériaux très performants, par exemple avec notre isolant « Filéco », nous baissons les températures de 5 degrés l’été dans l’habitat, et cela grâce à notre procédé d’effilochage innovant, tout en proposant des prix bas et des économies d’énergies élevées.

PresseLib’ : Au moment de la pandémie, vous avez souffert avec l’arrêt du déploiement de votre nouvelle ligne industrielle dédiée au défibrage et effilochage. Ça a redémarré depuis ?

T.T. : Comme beaucoup d’entreprises, la Covid nous a fait stopper net notre production car nous livrons les négoces de matériaux qui ont dû fermer. Nous appellerons cela un « arrêt buffet » dans le jargon du rugby. Nous avons la chance d’avoir des Banques et des « Politiques » qui soutiennent notre action. Bien sûr, nous ne parlons pas de cadeau mais de souplesse… Le PGE lancé par l’État a été indispensable pour passer le cap et continuer nos investissements qui ont largement dépassé le montant de départ de 2 millions d’euros de machines et R&D. Mais c’était obligatoire pour continuer à évoluer.

Nous avons redémarré depuis, tout en subissant l’arrêt des soutiens financiers de l’État pour l’isolation des combles perdus (arrêt des certificats d’économies d’énergie).

Nous avons une Politique « bicéphale » en France. Les dirigeants nous expliquent que nos objectifs de réduction énergétiques ne sont pas atteints... qu’il va falloir réduire notre facture, notre température, et les différents Ministères stoppent le soutien financier à la rénovation énergétique pour les plus précaires, au niveau de l’isolation des combles. Le message adressé aux industriels est « investissez pour l’avenir » mais « débrouillez-vous » pour chercher les solutions de commercialisation sur vos matériaux isolants biosourcés très performants qui soient à la fois peu énergivore. Il est essentiel que, dans tous les bâtiments publics, à construire ou rénover, le choix se porte vers des matériaux recyclés biosourcés pour favoriser notre économie et réduire nos consommations énergétiques.

J’en profite pour faire passer un message de « Bon Sens » : Il est possible de réduire la facture énergétique, d’améliorer le confort de notre habitat et de faire gagner du pouvoir d’achat aux habitants tout en privilégiant l’économie circulaire. C’est ce que nous défendons tous les jours chez Ouateco avec nos partenaires applicateurs, distributeurs, clients…

PresseLib’ : Cette crise a-t-elle selon vous accéléré la transition vers une économie circulaire et de proximité ?

T.T. : Oui, c’est certain ! Cette transition est durable, positive et va nous permettre, à nous tous, de reprendre soin de notre planète. Il est urgent d’agir. Nous avons la chance d’avoir croisé la route de « Nexity » qui a lancé la production de nombreux bâtiments dans le Sud-Ouest avec notre isolant « Filéco ». C’est important que les majors du secteur s’emparent de ce sujet, au même titre que le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment Français) et Nobatek avec qui nous avons mis en place un suivi des performances de nos matériaux en situation réelle. Le « conso acteur » a pris conscience qu’il fallait faire évoluer nos modes de consommation en consommant « local » et de « qualité). C’est la démarche que nous défendons chez Ouateco. 

PresseLib’ : Comment la situation actuelle vous impacte-t-elle ?

T.T. : Nos matières à recycler, comme le papier journal ou papier bureautique, ont subi des hausses de plus de 50% en 1 an car les cours de ces marchés sont mondiaux, et une partie de nos papiers Français se retrouve recyclée en Asie après du transport en bateau, alors que notre économie nationale a besoin de ces matières pour fonctionner. De fait, nous devons réimporter des papiers propres à recycler… En 13 ans, nous n’avions jamais augmenté le prix de nos isolants en ouate de cellulose, qui, pour information, sont les plus bas du marché européen. Nous avons dû répercuter une partie de nos hausses et avons pris la décision de ne pas augmenter l’isolant en coton et textiles « Filéco » afin de laisser le temps aux entreprises et artisans de proposer le matériau sans devoir revoir les conditions des devis. Nous sommes résolument optimistes car notre volonté d’action positive est plus forte que le doute.

PresseLib’ : L’avenir pour Ouatéco ?

T.T. : Notre avenir se conjugue avec le projet de créer une nouvelle usine pour produire des panneaux et rouleaux isolants biosourcés, 100% Nouvelle Aquitaine, et le recrutement de nouvelles compétences au niveau de l’entreprise, qui vont pouvoir booster le développement tout en conservant l’esprit qui nous anime. Nous sommes en train de nous « staffer » afin de pouvoir grandir et développer nos solutions de production d’isolants biosourcés recyclés, dans le Sud-Ouest et exporter cette solution sur d’autres régions.

Également, nous travaillons sur des solutions de recyclage des textiles usagés vers la création de fils recyclés et de confection, tels que les bonnets, les tissus… Beaucoup de travail en perspective !

PresseLib’ : La question que nous avons oublié de vous poser et à laquelle vous teniez cependant absolument à répondre ?

T.T. : Où puis-je trouver vos produits et vos applicateurs ?

Sur notre site internet , vous avez un lien, en bas de page, vers nos partenaires applicateurs et distributeurs. Ils peuvent répondre à l’ensemble de vos questions et devis, en construction ou rénovation. Ces entreprises ont un vrai « savoir-faire » et peuvent vous conseiller pour obtenir un résultat durable et efficace.

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi