« Le matin, elles attendent l’ouverture des poulaillers avec impatience, pour aller gambader dans les grands parcs agro-forestiers, à la recherche de vers de terre, d’herbe, de luzerne, de maïs que l’on sème sur leur parcours. C’est une espèce rustique très vive, très attachante. Comme l’élevage est assez long - au minimum 150 jours et 200 pour les chapons -, elles s’habituent à nous » s’amuse Laura Beust, qui, à 24 ans, a choisi de s’installer sur la propriété familiale en septembre dernier, aux côtés de son père.
Pour lui, c’est une évidence de sauver cette race locale
« Il s’est toujours impliqué dans la sauvegarde du patrimoine gersois, alors pour lui, c’est une évidence de sauver cette race locale. Comme je travaillais avec lui les week-ends et pour les fêtes de fin d’année, il m’a un peu contaminée » poursuit l’ancienne étudiante en école d’ingénieur en biologie, très impliquée dans la création du couvoir de Trie-sur-Baïse. « Elle a le bon goût du poulet d’avant, et une viande qui tient à l’os. Les jeunes volailles sont toutes castrées, afin de produire ce gras intramusculaire qui va donner cette saveur naturellement persillée ».
Pourtant, à l’image de son voisin de ferme, le Porc Noir de Bigorre, la belle cocotte gasconne a bien failli disparaître à tout jamais, rayée des élevages en raison de sa croissance jugée trop lente par le productivisme à tout prix des années 50. Heureusement, une bande d’irréductibles Gaulois se mobilise trente ans plus tard, pour retrouver et sauver le peu qu’il restait de cette race, dont l’origine remonte au 19e siècle.
« J’ai trouvé anormal de croiser des poules gasconnes, et de n’en avoir jamais vu dans ma jeunesse. Mais quand on est Gascon et paysan, on a les racines longues. Je me suis donc lancé dans l’élevage en 2001 », raconte Jean-Paul Beuste, président de la SICA depuis novembre 2015.
« Nous sommes aujourd’hui 22 éleveurs, dont six se consacrent à la reproduction, sur une zone située à cheval sur le Gers et les Hautes-Pyrénées. Nous sommes adhérents Ha-Py Saveurs depuis le mois d’août, cela nous permet de nous faire connaître un peu plus. La demande d’AOP est en cours ; des étudiants font des recherches sur l’historique de cette poule pour démontrer le lien qui l’unit au terroir ».
Une autre nouveauté va beaucoup faire parler de notre belle championne du sprint, avec l’ouverture d’un magasin à Toulouse, dont l’inauguration aura lieu le 8 septembre prochain à partir de 18 heures.
« J’ai gardé le principe de la coopérative “Carrément Gers” qui s’était installée au Marché d’intérêt national en 2019, en rassemblant des paysans gersois qui produisent de la qualité, mais manquent de temps, d’énergie ou d’argent pour créer un système de distribution. On y trouvera de la poule Noire d’Astarac Bigorre, du porc Noir, de l’agneau, du canard, des fromages, de la charcuterie, etc. Nous voulons garantir la traçabilité et la qualité à des prix abordables, même si le loyer est très élevé. Notre but est d’arriver à faire comme dans l’ancien temps, lorsqu’on vendait les produits de la ferme pour acheter ce qui manquait : le sel, le poivre, le café, etc. Ce que l’on veut, c’est gagner notre vie ».
Nous allons bâtir, avec ce magasin, ce que personne ne fait en France ou en Europe
Situé au 16 rue Fermat, dans le quartier Saint Etienne, des animations y seront organisées les vendredis et samedis, en présence d’un éleveur qui pourra répondre à toutes les questions.
« Nous allons bâtir, avec ce magasin, ce que personne ne fait en France ou en Europe : nous partons de notre grain, nos moissons et nos stocks pour nourrir nos animaux, nous avons notre propre couvoir et abattoir, et nous venons proposer nos produits ici, au plus près des clients. C’est une aventure, mais il faut faire évoluer le métier. Sans Laura, je ne l’aurais sans doute pas fait… ».
Voir le site internet "La noire d'Astarac Bigorre"
Marielle FOURCADE
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