L'écologie a toujours été un sujet important pour Jean Delatour Ventura, un Parisien aux racines basques par ses grands-parents. Diplômé en ingénierie des bioressources à Montréal, il décide de revenir en France après une expérience professionnelle insatisfaisante.
« C'était un travail de bureau et ça ne me plaisait pas vraiment. En parallèle, nous avons acheté une vieille bâtisse à Masparraute, pour un projet familial. J'ai trouvé que c'était l'occasion rêvée pour tenter une nouvelle expérience, plus proche de mes envies et de mes valeurs », commence-t-il.
Jean Delatour Ventura trouve un métier à visée alimentaire, en tant que livreur de pain. « Je n'étais en contact avec quasiment que des éleveurs. En discutant avec eux, la problématique de la laine est très souvent revenue ». L'entrepreneur se penche sur la question, fait des recherches, beaucoup de rencontres… il imagine alors le concept de Tokilia.
« Je récupère la laine que produisent les éleveurs. Au lieu que cette dernière soit brûlée ou enfouie, je la traite et lui offre une seconde vie ». La laine sert alors de rembourrage pour des coussins, des poufs, des banquettes, des matelas, etc.
Une forte dimension locale
La majorité de la laine récupérée par Jean Delatour Ventura est issue de manex (prononcé manèch), une race de brebis basques, élevées par des fermiers basques. « C'est important pour moi de faire les choses comme je les entends. Reposer sur un modèle économique local, en utilisant des matières que je trouve autour de chez moi, c'est m'inscrire totalement dans une économie circulaire », explique celui qui s'équipe aussi en tissu et en fermetures éclair provenant de recycleries.
À part le lavage de la laine, effectué en Espagne, toutes les autres étapes de production sont réalisées dans un périmètre proche de son atelier à Masparraute. « Je travaille aussi avec deux couturières à domicile, toutes les deux basée à moins de 12km. Je donne vraiment la priorité au local ».
Une dimension qui devrait être fortement amplifiée dans les années à venir, tant les projets de l'entrepreneur sont ambitieux. « Depuis la création, je suis à environ 5 tonnes de laine en suint valorisées. L'objectif c'est d'arriver à 500 tonnes par an d'ici 2027 ». Des chiffres qui paraissent immenses, mais qui sont loin d'être inatteignables.
« Chaque année, on estime la production de laine dans les Pyrénées-Atlantiques à 1.200 tonnes. Comme quoi, il y a la quantité nécessaire ! Et plus généralement en France, ce sont 14.000 tonnes qui sont produites chaque année, dont seulement 4% sont valorisées ».
Une bonne dose d'espoir pour Jean Delatour Ventura, qui compte bien développer son concept. « Le modèle doit être affiné pour pouvoir être reproduit. Plus il y aura de laine valorisée, plus nous aurons un impact positif sur les territoires ».
« Le succès passe aussi par la juste rémunération des éleveurs ». Ainsi, dès cette année, Tokilia achètera la laine à 50% du prix de la tonte, soit 60 centimes par bête. « Cela apporte de la valeur au produit, pour qu'il ne soit pas traité comme un déchet. C’est un revenu complémentaire pour le producteur », conclut-il. Une autre démarche bénéfique pour l'économie circulaire...
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