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Publié le Mis à jour le

1500 COUPS DE POUCETokilia veut remettre en service une nappeuse pour la laine

L'entreprise qui valorise les laines basques cherche aussi des entreprises locales susceptibles d'intégrer cette matière première dans leurs produits.
Collecte de la laine
Jean Delatour Ventura recycle les laines basques
Jean Delatour Ventura, directeur de l'entreprise est indéniablement tourné vers l'écologie, tant dans le recyclage de la laine à l'infini que dans sa volonté de mettre en avant les circuits courts.
Différents types de produits pouvant intégrer la laine provenant des tontes
Tokilia DR

Si vous arpentez les routes de notre cher Pays basque régulièrement, vous n'avez pas pu passer à côté des brebis qui paissent paisiblement sur les flancs verts de nos montagnes. Et pour vous donner un ordre d'idée, elles ne sont pas moins de 550 000 sur le territoire. Et là, deux pensées vous viennent subitement à l'esprit : cela fait beaucoup de lait ou encore de laine !

En effet, la plus grande majorité du cheptel est élevée pour le lait. Mais quid de la laine ? Et c'est là que le bas blesse puisque sur 1 200 tonnes de laines Manex produites par an, plus de 900 sont purement et simplement brûlées, les déchetteries n'acceptant pas cette matière. Jean Delatour Ventura, fondateur de la société Tokilia entre en scène à l'été 2020 afin d'exploiter cette laine tondue plutôt que de la perdre, amenant ainsi à une démarche écologique et locale.

Tokilia résolument responsable

Si depuis sa création l'entreprise a valorisé un peu plus de 5 tonnes, l'objectif de Jean à l'horizon 2027 est d'atteindre 500 tonnes par an. Cela peut paraître énorme mais cela représente à peine la moitié de la laine récoltée en une année. Afin de mener à bien son objectif et de réinventer la filière laine au Pays basque, l'entrepreneur installé à Masparraute, entre Sauveterre de Béarn et Hasparren récupère le produit des tontes chez les éleveurs.

« Tokilia valorise les laines basques en les collectant à la tonte dans les fermes pour les transformer en produits finis et semi-finis ainsi que laine en vrac. Pour le moment, nous visons une utilisation de la laine comme rembourrage pour substituer les matières synthétiques et donc éviter à la fois que la laine soit brûlée et à la fois d'utiliser du pétrole pour produire du polyester, du polyuréthane et du polystyrène. »

Cette laine qui recense bien des qualités est ainsi réutilisée à l'état brut ou bien transformée pour l’habillement, la décoration, la literie ou encore le mobilier. La société fournit actuellement des entreprises de décoration d'intérieur en housses intérieures de coussins, poufs et assises de toutes tailles et continuera dans cette direction.

Mais l'axe que Jean souhaite développer concerne la laine en vrac. « Ce matériau a des propriétés techniques intéressantes de durabilité, résistance thermique, acoustique, au feu, elle est antistatique, hypoallergénique, naturelle et renouvelable. Son avantage majeur est qu'elle est circulaire : en fin de cycle, il suffit de la carder de nouveau pour qu'elle retrouve son gonflant et débute un nouveau cycle. »

COUP DE POUCE

Vous pouvez aider Tokilia à trouver des entreprises dans des domaines d'applications variés pour développer des produits intégrant les laines basques. « En parallèle, nous cherchons à remettre en service une nappeuse qui n'a pas servi depuis des années pour nous permettre de produire des nappes de laine et ainsi ouvrir encore plus de portes quant à ses domaines d'application. Nous cherchons donc une personne ou structure capable de nous aider dans ce projet mécanique.»

Privilégier le circuit court

Du côté écologique, la réutilisation de cette laine participe activement à la protection de l'environnement à plusieurs titres. Jean Delatour précise qu' « en prenant un peu de hauteur, tous nos efforts convergent vers cette mission : laisser la planète en meilleur état que nous l'avons trouvée. Du choix des tissus, à la vie de l'entreprise, tout est pensé pour minimiser notre impact. Nous ne faisons aucun compromis. »

Tokilia ne se contente pas de concevoir des coussins dont le rembourrage est constitué de laine de brebis. « notre volonté est de travailler le plus localement possible : nous cardons la laine et rembourrons les produits sur place, nous travaillons avec des couturières des alentours (10km) et allons chercher la majorité de nos tissus et pièces de mercerie dans des recyclerieslocales (AIMA, Emmaüs), et parisienne (La Réserve des Arts). »

La laine collectée par Tokilia est 100% naturelle, ignifuge, 100% renouvelable, thermorégulatrice, purificatrice de l'air, 100% biodégradable, résiliente et résistante, bref une panoplie d'avantages pour le consommateur ainsi que pour l'environnement. « Tokilia se situe en toute logique dans l’univers de l’entrepreneuriat social et solidaire avec pour ambition de concilier activité économique et bénéfice pour la société et l’environnement. »

COUP DE POUCE

Afin de ne plus laisser perdre la laine provenant des tontes, les éleveurs qui ne savent que faire de leur laine peuvent contacter Tokilia plutôt que de les brûler. Et à ce titre, l'entreprise de Jean mérite des coups de pouce de notre part. Comment ? N’hésitez pas à relayer cet article auprès de vos contacts et via vos réseaux sociaux, afin de sensibiliser mais aussi de responsabiliser tout un chacun au gaspillage de certaines matières premières. N'oubliez pas que ce sont presque 1 000 tonnes de laine qui partent en fumée chaque année !

Concernant l'accompagnement de la CCI, « il s'agit surtout d’événements où nous nous retrouvons pour faire avancer la filière. En parallèle, Léa Clédon et Pierre-Michel Etcheverry m'orientent vers des entreprises susceptibles d'être intéressées à utiliser de la laine. »

Sébastien Soumagnas

Commentaires (1)


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Catherine Schroeder
il y a 11 mois -
L'entreprise Traille, Muriel Morot a remporté un prix d'innovation l'an dernier à la technopole Izarbel de Bidart pour son projet d'upcycling de la laine des brebis qui, sinon, partait à la poubelle. https://www.traille.co

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