Comment a commencé cette saga ?
Jean Othax – J’ai fait la connaissance de Francis Miot, grâce à mon frère, Jean-Bernard, qui lui donnait un coup de main pour la commercialisation des produits. Puis, quand je suis devenu maire d’Uzos, j’ai eu l’occasion d’apprécier son talent et ses qualités humaines lors de l’implantation de son entreprise sur la commune. Mais, c’est au cours d’une de nos balades en vélo, en juillet 2005, que Francis Miot m’a fait une confidence qui m’a servi de déclic : il voulait prendre du recul et négociait une reprise par un groupe du Lot-et-Garonne. J’ai étudié le dossier, j’ai demandé de nombreux avis, et je me suis positionné pour prendre le relais.
[caption id="attachment_104483" align="alignleft" width="195"] Jean Othax[/caption]
Vos premières initiatives ?
J. O. – D’abord, j’ai proposé à Francis Miot de rester partenaire de l’entreprise et de garder quelques parts dans le capital de la société. C’était important pour transmettre au mieux son savoir-faire et celui de ses équipes, mais aussi pour apporter son énergie et son enthousiasme à la communication. L’un des premiers chantiers a été celui de la distribution de nos produits. Le réseau des boulangeries était en pleine transformation avec sa concentration dans les mains de quelques entrepreneurs, tandis qu’émergeait un grand nombre d’épiceries fines. Du coup, nous avons revu notre gamme et conçu des packages complets. Parallèlement, nous avons décidé de faire du développement à l’export une priorité. Les ventes à l’international représentent désormais 40% de notre chiffre d’affaires, contre 2% à l’époque.
Le secret du succès des produits Francis-Miot ?
J. O. – Il est clair que tout s’est construit sur le talent de Francis Miot. Il était le meilleur confiturier de France. D’où l’importance de garder et renforcer ce savoir-faire. Ce sont les mêmes équipes qui oeuvrent à la production, les mêmes qui officient au laboratoire. Parfois, cette qualité exceptionnelle était cachée par une communication très originale, mais c’est bien elle qui porte les succès. A chaque produit, il associait une histoire. Comme pour ses célèbres « Coucougnettes » associées au Vert Galant, le séducteur Henri IV. Nous avons décidé de pousser de plus en plus la qualité, et de l’afficher.
Sur quoi repose cette qualité ?
J. O. – Cela passe par la recherche constante des meilleurs ingrédients, dans la région en priorité ou en provenance d’autres territoires si nécessaire : les figues du Béarn, les pêches de Monein, les kiwis des Landes, les abricots du Roussillon, le citron de Menton, l’orange amère de Roquebrune… Nous entretenons des relations étroites avec les producteurs pour avoir des fruits cueillis à maturité, au meilleur moment. C’est ainsi que nous pouvons proposer les confitures les moins riches en sucre du marché, avec des gammes avec 65% et 75% de fruit, et désormais à 100% de fruit et donc 100% de sucres naturels. Nous faisons aussi très attention à la qualité des cultures et au traitement des fruits : s’il n’est pas mal traité, le fruit nous récompensera. Je connais bien la question puisque mes parents avaient une affaire de primeurs. En plus de la qualité des fruits, nous avons un processus de cuisson qui fait aussi la différence.
J. O. – Oui. Nous sommes en évidence dans les plus grands établissements, dont le célèbre palace Burj al-Arab à Dubaï ou encore le Louvre à Abu Dhabi. Nous sommes aussi référencés par de nombreuses adresses prestigieuses en Asie et aux Etats-Unis, et par des compagnies aériennes comme Emirates. En France, nous sommes chez Michel Guérard, mais aussi chez Noaille en Provence, à l’Hôtel du Palais à Biarritz, à la Grande Épicerie de Paris, aux Galeries Lafayette gourmet ou encore à EuroDisney. D’où l’importance de tirer toujours vers le haut la qualité de nos produits.
La créativité est aussi au rendez-vous
J. O. – Nous avons plus d’une centaine de parfums différents, avec des nouveautés en permanence, comme la confiture d’orange yuzu. Nous développons également des associations fruits/fleurs : la « Parisienne » au coquelicot de Nemours, la myrtille avec la violette, la pêche à la rose, le chutney de mangue avec du vinaigre blanc et du piment d’Espelette.
Vous proposez de nombreux autres produits…
J. O. – En effet, nous avons aussi une unité de production de confiserie et chocolat, la Féérie Gourmande. De nouvelles gammes ont été déclinées pour pouvoir entrer dans la partie « food » des restaurants et hôtels. Les « Coucougnettes » commencent à bien marcher à l’étranger, par exemple au niveau des bonbons d’accueil. Le chocolat se développe de manière importante avec une production artisanale de qualité : nos tablettes gourmandes sont fabriquées à partir d’une sélection très rigoureuse de matières premières. Nous avons aussi investi dans de nouvelles machines pour fabriquer de la pâte à tartiner.
Vous proposez aussi des pâtes de fruit ?
J. O. – Oui. Des pâtes de fruit classiques, mais aussi pour les sportifs qui ont l’avantage d’être moins sucrées. Nous avons également créé une gamme avec des parfums qui peuvent s'associer à toutes les familles de fromages. Les fruits sont mariés avec des herbes, des épices ou des fruits secs. Nous avons mis au point cette gamme avec Marie Quatrehomme, première femme Meilleur Ouvrier de France en 2000. Elle nous permet d’être présent à l’Elysée et dans plusieurs palaces parisiens.
Tout cela représente des investissements importants ?
J. O. – Très importants. A la rentrée, nous allons faire des travaux majeurs au niveau du labo. Il va être revisité. L’objectif est de doubler la production avec le même process. Au total, nous allons investir 500.000 euros en deux ans. Nous avons aussi fait évoluer nos magasins d’Uzos, de Pau, de Saint-Jean-de-Luz, et nous avons ouvert un quatrième site à Saint-Jean-Pied-de-Port. En 2021, nous avons le projet de refaire le musée. Un nouveau concept avec scénographie a été étudié en partenariat avec l’AaDT (Agence d’attractivité et Développement Touristiques du 64). Il est prévu du cinéma en 3D, des parcours sensoriels et des animations interactives… des innovations fortes pour marquer les touristes.
Vous êtes à la tête d’une solide équipe…
J. O. – Aujourd’hui, l’entreprise emploie 60 personnes dont un grand nombre a vécu l’aventure depuis le début. Cela crée des liens forts. Damien Traille, l’ancien international de rugby, nous a rejoint pour s’occuper des grands comptes. Il est également actionnaire et prépare la relève en apprenant le métier de directeur commercial. Je le connais depuis longtemps puisque je lui ai fait signer son premier contrat rugby. C’est un champion et cela se voit au niveau de sa puissance de travail et de ses qualités personnelles. Sur le plan familial, je peux compter sur mon neveu, Stéphane, mon frère, Jean-Bernard, et mon fils, Thomas, qui a également lancé sa propre entreprise, Packitoo. Maintenant, je vous donne rendez-vous très prochainement pour dévoiler une première mondiale.
Informations sur la Maison Francis-Miot – cliquez ici
Photos : Francis-Miot / Cyril Garrabos
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