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    Je dis ça je dis rien...

    Cours accéléré de béarnais, zou !
    Welcome to Bearn Country. Bienvenidos a nuestra tierra biarnesa Bon alors, les petits nouveaux, là-bas, les anglais très glaids, les espagnols très gnols, et tous les autres, faut qu'on vous explique deux-trois trucs afin que vous réussissiez votre intégration dans le coin-coin.

    Par exemple, pour dire bonjour comme pour au-revoir, c'est le même mot. Et ne croyez pas qu'il s'agisse d'un adieu. Oui, même si on dit "adieu" ou "adiou" ou "adiu". C'est comme ça et puis c'est tout.

    Si on vous traite de "astiaou", c'est pas vraiment un compliment. Donc fissa, vous filez vous laver parce que vous êtes dégoûtants. Pire, on peut être en train de parler de votre âme. Un "astiaou", c'est très connoté pas sympa. Capito ? (non, c'est pas du patois, suivez un peu !).

    Ce qui en terre béarnaise, sera toujours mieux vu que d'être un ou une "feignasse" (le masculin étant "un feignàs") ! Ou un "barjot", un fou. T'es barjot ou quoi ? À ne pas confondre avec un "pec" ou une "pègue" qui sont plus bêtes que barjots. Qui n'ont pas la lumière à tous les étages, en somme.

    Le très célèbre "boudu" s'interprétera différemment selon l'expression qui l'accompagne : "boudu, que calou" est presque admiratif, "ouf, fait chaud", ou plus littéralement "bon Dieu, quelle chaleur", tandis que "boudu con" sera plus vulgaire. À ne pas confondre avec "boudu, aquesté coun", qui est beaucoup moins positif sur le fond.

    Ici, sachez-le, on aime faire la fête, alors les expressions ne manquent pas. Il y a la "bringue", qui est même devenu un verbe : je bringue, tu bringues, il bringue et souvent nous bringuons ! Hélas, la bringue dégénère souvent en "castagne", ou en bagarre oui, après avoir trop... "pinté" ! (un autre verbe d'ailleurs : je pinte, tu pinte, il pinte, avec toujours la même volonté du nous primordial : nous pintons !).

    Après la fameuse castagne (châtaigne), on aura soit un "pet" (prononcer pète avec l'accent du sud), et tant qu'il n'est pas au casque, tout va bien, ou plus grave une "hilhdepute de bugne" (on ne traduit pas, à cause des enfants nombreux lecteurs de cette rubrique, mais vous aurez compris), ou une forcément très méchante "tèque" (peut aussi symboliser une cuite absolue : qu'éy hart pétat, lou tipe - pardon, je maîtrise mal l'orthographe, mais vous m'aurez comprise).

    La voiture aura peut-être pris une "pigne", un pet plus accentué, quoi. Mais le tout sera de ne pas récolter une "douille", ou un PV pour autant. Parce qu'alors, le bilan de la soirée sera "fatch", nul, bidon.

    Juste avant de vous énerver, avec un geste de la main en signe d'apaisement, vous lancerez un "oh, un peu moins, s'il te plaît", ce qui ne correspond pas au dosage du pastis, mais au ton à employer ! Qui peut s'apparenter au plus radical "Oh" corse (prononcer Ho-o-ùùù, en pensant s'appeler Jeando ou Tutticelli, ça aide).

    Côté fleuri, il nous arrive de nous louper, et de faire une grosse "cagade" (ces dames font souvent de grosses cagades en cuisine). Très logiquement, le jour où une gastro nous attaque, on a une méchante "cagasse" ! Vous pouvez aussi n'en avoir rien à "caguer", si tout cela vous dépasse. Ou lâcher une "loufe", équivalent argotique de la caisse, ce qui n'est pas très poli...

    Ici, il ne fait pas chaud, il fait "calou" certes, mais surtout un gros "cagnard" (ou "cagnàs", pour certains originaux, qui vire en "cagnasse" pour ceux qui ont vraiment l'accent).

    Un "cèpe", c'est certes un champignons, mais aussi un couillon : "dis pas de conneries, grand cèpe, va !" Quand on se les aime, ils ou elles deviennent alors des "pitchouns" ou des "pitchounes", des petits. Et on leur fait toujours un "poutou" (le muxu des basques) avant d'aller "ronquer".

    Il est INTERDIT de demander un "pain au chocolat" à la boulangère, sous peine d'être traité de "parisien, tête de chien", ou de "bordelais" (le pire de tout, le 33, le doryphore, tout ça). Donc c'est une "chocolatine". Ou un croissant si vous ne vous souvenez pas de comment on dit, et pour éviter l'insulte.

    Autre particularisme local, nous ne disons pas "sac en plastique" qui se prononce avec l'accent pointu, mais "poche". Tout est poche en terre occitane, qu'on se le dise.

    Mon frère avait inventé le délicieux verbe "piponcher" que je continue d'utiliser en hommage à lui, mais en fait sa traduction littérale béarnaise est plutôt "dailler". Très utilisé. "Ça me daille". Ou "tu me dailles". Tandis que "ça daille" signifie que tout cela est embêtant, pour rester polis, ou emmerbétant dans le mot génial que l'on doit au tout aussi génial Boris Vian. Les rugbymans l'utiliseront pour parler d'un tacle ("je me suis fait dailler, quelque chose de bien").

    L'étonnement est symbolisé par un "dia" tout ce qu'il y a de plus retentissant alors. Mais si vous êtes plus énervé, préférez un "mila diou", prononcé milédioùuuuuuuu, en traînant longtemps sur la fin du mot (utile pour préciser le degré d'énervement). Ou le toujours classique mais efficace "oh con" (pas forcément béarnais, d'ailleurs). Il sera utilisé peut-être si vous venez de vous faire "emboucaner", soit embrouiller, par quelqu'un. Dia comment il m'a emboucané ce... fada ! Encore que fada soit davantage réservé aux "estrangès" de Marseille.

    Si c'était "gavé" de monde, c'est qu'il y avait foule. Du coup, on aura fait tomber le "jaune" (le pastis) qui aura aidé à faire descendre le "mastoc" de mémé (ou étouffe-chrétien, si vous préférez). Méfiance si mémé la généreuse vous en collé un "platras" ou un "plasstrass" car vous aurez du mal à tout finir.

    Vous n'y comprenez que "tchi" ? C'est pas grave, "zou", on reverra ça plus tard.

    Enfin bon, jou qu'et disi asso, noun disi pas arré... ou un truc du genre...

    Gracianne Hastoy

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