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    Un peu de savoir-faire toulousain près du Soleil

    Décollage réussi ce lundi matin pour la sonde Solar Orbiter, partie en exploration pour au moins 7 ans, avec à son bord un instrument de pointe conçu et fabriqué dans la Ville Rose...
    SOLAR ORBITER 000
    La sonde de l’Agence spatiale européenne a été lancée avec succès à 5h03, heure française, depuis la base floridienne de Cap Canaveral, dans le cadre d’un partenariat avec la Nasa. Elle s’approchera jusqu’à 42 millions de kilomètres de notre étoile.

    En dépit d’un léger retard (elle devait initialement être lancée le 8 février), la sonde Solar Orbiter de l’ESA (l’agence spatiale européenne) est bien partie faire un tour au soleil ce lundi matin.

    Assemblé par Airbus Defence and Space à Stevenage, au Royaume-Uni, l’appareil voyagera deux ans avant d’atteindre l’orbite prévue, qui devrait le placer tous les 168 jours à quelque 42 millions de kilomètres du soleil, c’est-à-dire au-delà du périhélie de Mercure, à un peu moins du tiers de la distance séparant la Terre de l’astre.

    C’est bel et bien la première fois que l’on expédie une sonde capable d’observer directement le Soleil d’aussi près. Car si la Nasa a bien lancé en 2018 sa sonde Parker Solar Probe pour s’approcher à moins de 10 millions de kilomètres de notre étoile, l’engin ne pourra pas pointer directement ses instruments vers celle-ci.

    À la distance prévue, Solar Orbiter sera elle-même exposée à des températures supérieures à 500 degrés d’un côté, et d’environ -50 degrés de l’autre. Un joli grand écart. Mais à travers le bouclier thermique imaginé par Thales Alenia Space, percé de trous, on se livrera bien à une observation directe du soleil. La sonde devrait même fournir des images très précises des pôles de l’astre, encore assez méconnus.

    Vers une météo du système solaire…

    Ce projet d’1,5 milliard d’euros aura pour principal objectif l’étude du fonctionnement de l’héliosphère, zone d’influence de ces fameux « vents solaires » chargés de particules, une zone fluctuante en forme de bulle étirée (car déformée par le mouvement du soleil) et englobant notre système solaire. En d’autres termes, il s’agit bel et bien de se lancer dans une véritable « météo du système solaire ».

    Une météo largement dépendante des mystérieuses éruptions solaires à l’origine de tempêtes occasionnellement très violentes, et pouvant même avoir des effets sur notre environnement immédiat, au-delà de l’heureuse contemplation d’aurores polaires, fruits de la rencontre entre les particules desdits vents solaires et notre haute atmosphère.

    Sont régulièrement invoqués à ce sujet les tempêtes solaires de 1989 (qui avait engendré une gigantesque panne du réseau électrique d’Hydro-Québec) et de 1859 (avec des aurores d’une intensité inédite, aperçues par les équipages de marins jusque dans la mer des Caraïbes, ainsi que des perturbations des télégraphes électriques). Des phénomènes de cette ampleur pourraient aujourd’hui avoir un impact sérieux sur nos réseaux de télécommunications, nos radars et nos satellites.

    Pour mener à bien sa mission, Solar Orbiter embarquera 10 instruments de mesure in situ et de télédétection, soit une charge d’environ 200 kilos (pour une masse totale de moins de deux tonnes). Parmi ces instruments, on peut citer un coronographe (pour l’observation de la couronne solaire), un magnétomètre pour mesurer l’influence du champ magnétique de l’astre, un imageur ultraviolet pour obtenir des clichés des couches de l’atmosphère solaire, un télescope « Stix » qui fournira images et spectres des éruptions solaires en rayons X (et permettra donc, en théorie, d’étudier la composition de la matière dégagée lors de ces éruptions), ou encore le spectrographe « Spice », « qui permettra d’obtenir densité, température, vitesse et composition chimique du plasma de l’atmosphère solaire ».

    Un analyseur de vents solaires toulousain…

    Parmi les 10 instruments, 6 auront été conçus et fabriqués avec le concours du Cnes, du CNRS et/ou du CEA, tandis que 5 laboratoires français auront participé au projet. L’un des instruments a même été imaginé et réalisé à Toulouse, au sein de l’IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie, unité mixte de recherche associant Cnes, CNRS et l’Université Paul Sabatier). Il s’agit du « Solar Wind Plasma Analyzer » (SWA pour les intimes), outil livré à l’ESA en 2017 (sous le doux nom de « Proton/Alfa Sensor »). L’instrument aura pour fonction l’analyse de la composition chimique des vents solaires, par ailleurs l’un des principaux axes de travail de l’IRAP.

    Une fois arrivée à destination, la sonde étudiera le soleil sous toutes ses coutures pendant au moins 5 ans et au plus tard jusqu’en 2030. Le temps de croiser la planète Venus une petite dizaine de fois. Et, peut-être, d’observer une éruption majeure. Ce qui n’est peut-être pas si improbable : en 2012, une étude estimait à 12% les chances d’en connaître une dans la décennie à suivre…

    Plus d’informations sur le site internet – cliquez ici

    http://www.esa.int

    https://youtu.be/pxAN7agsd4Q

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