Toute personne originaire du Sud-Ouest, en visite à Paris (comprendre « qui monte à la capitale » !) a un jour vécu cette scène, en entrant dans une boulangerie : « Bonjour, je voudrais une chocolatine, s’il vous plaît… », éclat de rire du ou de la préposée aux viennoiseries dans le meilleur des cas, regard noir et dédain immédiat pour les autres : « ah, z’êtes du Sud, vous, le voilà votre pain au chocolat ».
Pourtant l’étymologie a tranché (de pain… au chocolat ou pas) depuis longtemps, reconnaissant le terme comme étant gascon, ou chocolatina, construit sur le mot chocolat, et qui suivi du suffixe gascon en in/ine signifie petit, bon et doux. Mais rien à faire, pendant des siècles, la bataille fit rage, jusqu’à représenter une étrange guerre sudiste-nordiste sur le territoire français.
On peut même trouver un site Internet spécialement dédié à la grande dispute : chocolatineoupainauchocolat.fr. Tandis que Facebook dispose de son Comité de défense de la chocolatine – cliquez ici.
En janvier 2017, cinq lycéens de Montauban écrivirent ainsi au Président François Hollande et à l’Académie française, pour solliciter une reconnaissance tout officielle du mot « chocolatine ». Ils ont ensuite été rejoints dans leur requête par une dizaine de députés français Les Républicains (menés par Aurélien Pradié, député… du Lot) qui a déposé un amendement à l’Assemblée Nationale visant à faire reconnaître certains produits locaux à travers leur appellation populaire, et parmi eux la chocolatine.
Une info qui prend des allures de « fake » et qui est pourtant ce qu’il y a de plus sérieux. Joe Dassin n’a plus qu’à revoir sa copie. « Tous les matins, il achetait sa chocolatine, ay ay ay ya… » On attend avec impatience l’autre grand débat sur le crayon de papier, crayon à papier, crayon gris ou crayon de bois. Hein, t’as bonne mine, après ça !!! Sans parler de la poche, du pochon, du sachet, ou du cornet ?! Tandis que point la crise de jalousie du pain aux raisins, enfin l’escargot, ou l’alsacienne ou la Shnëcke.
La France, le pays des débats fondamentaux, ouf !
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