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URGENCEIl faut sauver le sport amateur français !

Depuis la rentrée, les clubs ont perdu 4,5 millions de licenciés en plus d’être dans une situation très difficile avec les multiples annulations d’animations et de compétitions…
BIARRITZ SPORT SANTE 3
Le durcissement récent des mesures sanitaires et le couvre-feu pénalisent durement des clubs amateurs qui espéraient pourtant se relancer après le confinement. L’incompréhension domine.

Après la fermeture temporaire des gymnases et des salles de sport décidée le mois dernier, la récente annonce d’un couvre-feu et de nouvelles restrictions dans les départements en alerte ressemble à un coup de massue de plus pour les clubs sportifs amateurs, directement touchés par le durcissement des règles sanitaires. Seuls le sport professionnel ou en milieu scolaire, ainsi que la pratique des mineurs, bénéficient d’une exception.

Dans les Hautes-Pyrénées, la Préfecture a ainsi acté la suspension, à partir de ce lundi, de la pratique, des entraînements, des matchs amicaux et des compétitions de sports collectifs en amateur, et ce en plein air comme en salle. « Ne sont pas concernés les sportifs professionnels et de haut niveau et les formations initiales et continues, sous réserve du strict respect des protocoles sanitaires. Pour les mineurs, seuls les entraînements et la pratique hors compétition seront possibles (sans accès aux vestiaires) », a-t-elle précisé. La coupe de Bigorre de Basket a d’ores et déjà été annulée pour libérer des créneaux à la reprise des championnats.

Des mesures très critiquées…

Avant toutes ces nouvelles annonces, de nombreuses structures étaient déjà montées au créneau pour se plaindre de la situation. La FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail) s’était déjà dite très inquiète « des conséquences des décisions du gouvernement de fermer à partir du 28 septembre et pendant deux semaines l’accès aux gymnases et piscines couvertes dans les zones d’alerte renforcée et maximale ».

Elle déplorait une décision non concertée en forme de « déni du rôle exceptionnel joué par les clubs et le mouvement sportif pour créer les conditions d’une reprise de l’activité sportive pour le plus grand nombre, dans le respect des protocoles sanitaires ». Et ajoutait au passage que gymnases et piscines ne constituaient pas des lieux de contamination avérés.

Les mauvaises nouvelles de septembre sont tombées à un moment critique, puisque les clubs sportifs amateurs auraient perdu plus d’un quart de leurs licenciés entre les rentrées 2019 et 2020. Ces derniers ne seraient plus que 12 millions, contre 16,5 millions il y a un an.

Des rentrées d’argent en moins, alors que la situation financière des clubs est aussi compliquée par l’absence de public et donc de recettes liées aux matchs et aux manifestations sportives (entrées, buvettes, etc.). Une difficulté à laquelle le couvre-feu, en réduisant encore les possibilités de pratiquer ou d’organiser des rencontres, ne va rien arranger.

Chez nous, c’est évidemment dans le petit monde de l’ovalie qu’on entend le plus les dents grincer, entre rencontres reportées, revenus en chute libre et mesures sanitaires jugées absurdes. En tête des griefs, il y a cette obligation jugée étrange de fermer vestiaires et douches. On aura d’ailleurs remarqué l’amusant pied de nez des réservistes du Toulouse Electrogaz Club, qui se sont lavés en plein air à l’issue de leur match contre le Rugby Club Saint-Jory Bruguières (le dimanche 18). Interrogé par La Dépêche, le président du TEC, Philippe Bapt, s’est étonné de ce qu’après 80 minutes de contacts rapprochés et de regroupements sur le pré, on interdise la douche au vestiaire à cause d’un risque de contamination… Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Du côté de la FFR, Bernard Laporte et Serge Simon ont eux aussi pointé du doigt l’absurdité de la situation, rendue encore plus délicate par le couvre-feu. On peut s’attendre à des annonces de l’instance rugbystique dès ce mardi soir, à commencer par celle, fort probable, d’une suspension générale des championnats amateurs. Car la situation devient quelque peu cocasse : de nombreux matchs ont déjà été reportés, notamment à cause de suspicions et de cas de covid. Ce week-end, avec le couvre-feu, seul un tiers des matchs de Fédérale 2 ont pu se jouer, soit 16 des 48 rencontres prévues. Le jeu ne devrait continuer qu’à partir de la Fédérale 1…

L’industrie des loisirs sportifs également touchée…

On ajoutera que la semaine dernière, a été adopté un amendement déjà polémique du gouvernement au projet de loi de financement de la sécurité sociale : la disposition prévoit de considérer les aides des entreprises à la pratique sportive de leurs salariés comme un avantage en nature, ce qui impliquera davantage de prélèvements sociaux et pourrait les décourager.

Un amendement qui n’est pas du goût du CNOSF (Comité national olympique et sportif français), lequel le juge « fortement préjudiciable à l’accès et à la pratique du sport en France ». Le coup de gueule a déjà été relayé par plusieurs grands médias du sport.

Plus généralement, l’inquiétude plane sur les entreprises proposant des loisirs sportifs, parmi lesquelles on peut citer les salles de sport ou les complexes de foot indoor, basket, escalade, padel ou autres. Car le sport amateur, c’est aussi cela…

Or l’Union Sport & Cycle a exprimé fin septembre « la colère des entreprises du secteur face à des mesures sanitaires disproportionnées pour la filière sport et alerte le gouvernement sur leurs conséquences économiques et sociales », rappelant que « la filière du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité active emploie 80.000 personnes en France et représente 14 milliards de chiffre d’affaires cumulé ». Autour de 10.000 emplois seraient directement menacés d’ici la fin de l’année.

« Le secteur économique du sport réunit des entreprises qui font le sport français au quotidien. Oublier ces acteurs au profit d’une politique publique recroquevillée sur les acteurs associatifs serait une erreur. La défaillance des entreprises du sport aurait des conséquences directes sur la filière dans son ensemble, le financement des acteurs et la pratique des activités ludiques, physiques et sportives », expliquait l’organisation professionnelle, qui fédère aujourd’hui 1.400 entreprises, 500 marques et 3.000 points de vente. Invitée à une réunion d’urgence présidée par Bruno Le Maire (en présence des ministres du travail et du sport), la structure avait réclamé des mesures « fortes et immédiates ».

On l’aura compris : après avoir pas mal toussé ces derniers jours, le vaste monde du sport amateur risque de beaucoup pester hors des terrains dans les semaines qui viennent.

À l’heure du « sport santé », cela fera au moins travailler le coffre…

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