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    Quand CovidTracker fait bouger les lignes vers la transparence

    Depuis son développement en avril 2020, l’outil indépendant de suivi de la pandémie fait son chemin. Il vient de pousser le gouvernement à publier ses données sur la vaccination...
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    Créée par Guillaume Rozier, jeune ingénieur en informatique diplômé de Télécom Nancy, la plateforme de suivi de l’épidémie (et désormais des vaccinations) fait de plus en plus de bruit et plaide pour la transparence.

    Ces derniers mois, le grand public et les spécialistes n’ont juré que par le site développé bénévolement par Guillaume Rozier, jeune data scientist savoyard de 25 ans, diplômé de Télécom Nancy (avec une spécialisation en big data et en analyse de données biomédicales) et de l’Institut Mines-Télécom Business School. Développée et lancée pendant le premier confinement, la plateforme aurait enregistré une moyenne de 700.000 visiteurs uniques par mois en novembre et décembre.

    Pour Guillaume Rozier, passionné de statistiques, tout est parti d’un premier graphique publié sur Twitter et montrant le décalage d’une dizaine de jours entre les situations épidémiques italienne et française, puis par la reformulation et publication des données concernant (entre autres) les tests réalisés, les admissions à l’hôpital et en réanimation ou encore les taux d’incidence.

    Depuis, CovidTracker s’est invité et imposé dans les débats, bénéficiant d’une couverture médiatique digne d’un grand groupe (Le Parisien, France Info, BFM TV, LCI, Ouest France, France Culture, etc.). Ses données sont régulièrement évoquées par les spécialistes et consultées par le grand public. « Je n'ai jamais eu l'ambition de créer un site internet, ni imaginé que ce serait suivi par des dizaines de milliers de personnes. Je l'ai fait pour répondre à un besoin », expliquait tout récemment le jeune homme à nos confrères des Échos.

    Un « data scientist » écouté en haut lieu…

    Depuis le printemps, les données brutes sur le covid sont publiées de manière transparente sur le site data.gouv.fr. Mais les initiatives indépendantes comme CovidTracker sont capitales pour les mettre en perspective de la façon la plus objective possible. « On pourrait par exemple mettre l'accent sur le fait que le nombre de personnes vaccinées a doublé entre le 6 et le 7 janvier, plutôt que de préciser que seuls 12.500 Français ont été vaccinés sur la période », illustrait ainsi Le Point dans un article publié ce lundi. Ce lundi justement, vers 20 heures, 138.351 personnes avaient reçu une première dose de vaccin.

    Car oui : après les débats de 2020 sur les chiffres relatifs aux décès ou au nombre de personnes testées, c’est désormais autour de la campagne de vaccination que se concentrent les discussions. Et CovidTracker a accouché à la fin du mois dernier d’un outil « VaccinTracker » qui fait déjà causer et dont le créateur est plus que jamais entendu en haut lieu.

    Ainsi, ce lundi 11 janvier, Guillaume Rozier s’est fendu d’un solennel message sur Twitter :

    « Lors du lancement de VaccinTracker, le 27 décembre, aucune donnée officielle de vaccination n’était disponible, souligne-t-il. Nous avons alors commencé à chercher, collecter et sommer les données publiées notamment dans la presse locale. Le Ministère de la Santé a contacté CovidTracker le 30 décembre afin de lui fournir des données officielles, plus exhaustives et à jour. Depuis, nous recevons régulièrement un nouveau chiffre du nombre de vaccinés de sa part, et nous le remercions pour cela. Cependant, cette situation n’est pas conforme à nos principes d’Open Data. VaccinTracker ne sera désormais mis à jour qu’à partir de données publiques officielles, dès que celles-ci seront disponibles ».

    Pour des données complètes et transparentes…

    Traduction : notre jeune ingénieur, loin de faire bande à part avec son site, plaide pour un accès totalement libre aux données sur les vaccinations initiées fin décembre. Et le gouvernement ne s’est pas fait prier pour satisfaire à sa demande, puisqu’il a réagi dès ce mardi 12 en annonçant la publication régulière desdites données.

    Le jeune ingénieur, mesuré dans ses propos et structuré dans sa démarche, a eu l’intelligence d’éviter d’entrer dans les polémiques et salue poliment les avancées obtenues : « Je ne me plains pas. On a des données relativement complètes, avec l’essentiel, de manière transparente, fiable, quotidienne : les tests, le nombre de cas par tranche d’âge, par département, par région », souligne-t-il dans les colonnes de Numerama, tout en précisant qu’il n’a « jamais réussi à obtenir la part de tests antigéniques et la part de tests PCR dans le taux de positivité, par exemple, alors que cette information existe, et que les deux dépistages n’ont pas la même fiabilité ».

    De l’art de la pondération, mais sans rien lâcher sur le fond.

    En résumé, les « trackers » de Guillaume Rozier nous rassurent sur l’engagement citoyen en faveur d’une information objective sur la pandémie. Et c’est évidemment tout à l’honneur du jeune ingénieur, qui a réalisé tout cela sur son temps libre, et qui méritait bien d’être un peu courtisé en vue de décrocher son premier CDI. « J'ai eu le luxe de choisir, s'enthousiasme-t-il. Je n'ai postulé nulle part alors qu'il y a un an, j'ai galéré pour avoir un stage », a-t-il ainsi confié aux Échos. Comme quoi, une bonne initiative vaut parfois mieux qu’un long CV…

    Plus d’informations sur le site internet, cliquez ici

     

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