Depuis quinze ans, Notox trace sa propre ligne sur la carte mondiale du surf. Une trajectoire engagée, née à Anglet, loin de la logique industrielle classique. Là où l’industrie du surf s’est longtemps contentée de matériaux polluants, de procédés nocifs et d’une opacité chronique, l’entreprise basque a choisi d’entrer à contre-courant. Fibre de lin, liège, résines biosourcées, carbone upcyclé : chez Notox, la planche se fabrique comme on cultive un jardin marin. Avec soin, patience et respect.
Fondée en 2009, la marque est devenue la première en France à adapter durablement des matériaux naturels à la performance des planches de surf. Au fil du temps, elle a perfectionné ses procédés, enrichi son savoir-faire et gagné la confiance de partenaires prestigieux, comme Airbus, Dior, Lacoste, Tod’s, venus chercher chez elle cette capacité à concilier innovation, esthétique et responsabilité environnementale.
« Nous sommes à un moment charnière », résume le cofondateur et CEO, Pierre Pomiers. Un moment où l’entreprise, pionnière de la glisse durable, se retrouve face à un marché en pleine expansion, estimé à plus de 102 milliards de dollars à l’horizon 2033. Un marché où les consciences écologiques montent, plus vite parfois que les vagues sur les spots du Pays Basque.
450 000 € pour garder le cap d’un surf propre
Pour accélérer cette transition du secteur, Notox vient de boucler une levée de fonds globale de 450 000 €. Une opération hybride, mêlant 100 000 € issus de la plateforme participative WeDoGood et 350 000 € en capital-investissement. De quoi permettre à l’entreprise de renforcer son ancrage local, tout en se donnant les moyens d’une véritable expansion internationale.
« Cette levée de fonds va permettre d’assurer la pérennité de notre atelier au Pays Basque, tout en rendant nos planches éco-conçues accessibles à une nouvelle génération de surfeurs », explique Pierre Pomiers. L’enjeu est clair : préserver l’atelier d’Anglet, continuer à y produire des modèles premium d’une grande exigence, mais aussi proposer une gamme plus abordable, capable de toucher le grand public.
Car la marque le sait : pour changer l’industrie, il faut démocratiser les alternatives durables. Et cela passe par une production complémentaire en Asie, pensée pour réduire les chutes de matière, optimiser les coûts et élargir la diffusion.
La levée de fonds soutient en effet deux axes majeurs, dont le premier s’appelle Korko. Produite à Taïwan, cette gamme accessible vise à permettre à davantage de surfeurs de glisser sur des planches éco-conçues. Le procédé de moulage sans déchet, allié à une réduction significative du poids, donne à ces modèles un coût plus maîtrisé et une performance environnementale notable. Une Analyse de Cycle de Vie menée par Think+ en 2025 a ainsi démontré une baisse de 23 % de l’impact environnemental global des planches Korko par rapport à celles produites à Anglet.
Malgré le transport maritime, les émissions de CO₂ diminuent de près de 17 %, grâce à un processus de fabrication plus sobre. À l’heure où l’industrie du surf cherche à réduire sa dépendance au plastique, ces résultats deviennent un argument clé pour convaincre un marché soucieux de cohérence écologique.
Notox Premium : la haute couture de la glisse durable
À Anglet, dans l’atelier historique, se poursuit le travail d’artisanat haut de gamme qui fait la renommée de la marque. Notox Premium incarne cette vitrine locale, entièrement fabriquée à la main. Chaque modèle est pensé comme une pièce durable et personnalisée, destinée aux surfeurs en quête d’identité autant que de performance.
Ici, la fibre de lin rencontre le liège, le carbone récupéré et transformé, les résines biosourcées soigneusement sélectionnées. Le tout donne naissance à des planches à l’âme singulière, conçues pour durer et absorber différemment les vibrations. Une glisse plus douce, plus stable, plus responsable.
L’objectif des cinq prochaines années est ambitieux : doubler le chiffre d’affaires pour atteindre les 2 millions d’euros annuels, sans renoncer à cet ancrage territorial ni aux valeurs qui façonnent l’entreprise depuis ses débuts.
Car le constat de départ est sans appel : l’univers du surf, pourtant attaché à la nature, a longtemps fait fausse route. Pollution massive, déchets toxiques, risque sanitaire pour les shapers, matériaux issus de la pétrochimie, transparence limitée : l’image romantique du surfeur en communion avec l’océan faisait parfois oublier l’impact réel des équipements.
Notox se positionne comme l’une des rares alternatives industrielles cohérentes. Matériaux naturels et upcyclés, innovations régulières, réflexion sur l’ensemble du cycle de vie des produits : la marque a fait de l’éthique un moteur d’innovation. « Chez Notox, nous avons à cœur de réconcilier surf et nature », rappelle Pierre Pomiers. « Chaque investissement compte, et constitue un pas vers une industrie plus responsable. Ensemble, ouvrons une nouvelle ère pour le surf. »
COUP DE POUCE
En participant à la levée de fonds de Notox, chacun peut aider une entreprise basque pionnière à accélérer sa transition vers des planches plus propres, plus responsables et plus accessibles. La campagne participative, lancée le 7 novembre sur WeDoGood, ouvre la porte à des investissements dès 100 €, via un financement en partage de revenus. Le rendement estimé (x1,6 sur cinq ans) attire déjà un public convaincu par l’impact positif de la marque.
Notox mérite vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? N'hésitez pas à répandre la nouvelle autour de vous car aujourd’hui, l'entre prise est à la croisée des chemins, c'est-à-dire fidèle à ses racines basques, déterminée à préserver un artisanat local, mais également prête à prendre la grande vague de l’international. À travers cette levée de fonds, l’entreprise confirme qu’elle veut faire bouger l’industrie du surf de l’intérieur, en posant chaque jour de nouveaux jalons vers une glisse plus respectueuse.
Dans un secteur encore largement dominé par la pétrochimie, la marque entend prouver qu’un autre modèle est possible, à savoir performant, durable, cohérent. Et que la révolution du surf ne se fera pas seulement dans les vagues, mais aussi dans les ateliers, les matières et les choix industriels.
Sébastien Soumagnas






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