Le courant est tout de suite passé entre Perle Bouge et Élie Benmergui, entre deux fortes personnalités, pratiquant le haut niveau, chacun dans son domaine, avec un mental de fer. Depuis 1972, et sa première licence, le patron de GPS a le sang Ciel & Blanc qui coule dans ses veines, c’est aussi le cas maintenant avec la reine du para-aviron. La Bretonne, basque d’adoption, nous en dit plus…
Un mot sur votre accident de moto ?
Perle Bouge – J’ai été renversée par une voiture qui a brûlé une priorité, en plein centre de Rennes. J’avais 19 ans et je me suis retrouvée en fauteuil roulant. Au lieu de me lamenter sur mon sort, grâce aussi à ma famille et à mes proches, j’ai trouvé la force de me battre pour vivre, presque comme tout le monde, malgré mon handicap. C’est le sport qui m’a permis de me surpasser et de devenir une vraie compétitrice, à tous points de vue.
Avec l’aviron ?
P. B. – Pas dans un premier temps. J’ai commencé par pratiquer le basket fauteuil pendant 9 ans, de 2001 à 2010. Mais, comme on n’a pas réussi à décrocher la qualification pour les Jeux paralympiques de Pékin en 2008, je me suis remise complètement en question. La découverte du para-aviron a été le fruit d’un concours de circonstances.
C’est-à-dire ?
P. B. – Je suis venue à Bayonne pour le travail. Le club m’a demandé de venir tester l’accessibilité des pontons et des bateaux. C’est ainsi que j’ai découvert cette discipline, c’était sympa de laisser le fauteuil sur le ponton et d’aller naviguer au fil de l’eau comme n’importe quelle personne. Le handicap ne se voit plus. J’ai aussi voulu me prouver à moi-même et aux autres que si l’on croit en ses rêves et que l’on s’en donne les moyens, il y a quelque chose à réaliser. A force d’y croire, j’y suis arrivée avec l’aviron et j’ai eu la chance de faire deux jeux paralympiques : une magnifique aventure humaine et sportive.
La Fédération dit de vous que vous êtes une chercheuse d’or qui ne lâche jamais rien, aussi exigeante avec les autres qu’avec vous-même...
P. B. – Croire en ses rêves et avoir une volonté farouche, c’est ce qui m’a permis d’aller chercher des titres, et notamment deux médailles en aviron aux Jeux paralympiques : l’argent à Londres en 2012 et le bronze à Rio en 2016. Malheureusement, la réussite n’a pas été au rendez-vous à Tokyo. Mais, je suis totalement mobilisée en vue des Jeux de Paris en 2024. Quand j’interviens dans des entreprises ou des écoles, j’insiste sur ces exigences essentielles et sur le travail, passage obligé pour aller au bout de ses rêves.
Qu’est-ce qui vous motive avec l’Aviron Bayonnais ?
P. B. – Au-delà de ma mission de départ, j’ai rencontré une formidable envie de prendre en compte les handicaps et de faire évoluer l’association. J’ai trouvé chez Emmanuel Ihidope, salarié du club, une ouverture exceptionnelle qui donnait beaucoup de sens à mon engagement. J’ai adhéré au projet qui, même s’il est complexe, porte une vraie ambition dans différentes disciplines. Pour pratiquer le para-aviron, ce n’est pas simple car le principal frein est le matériel. Il est spécifique et coûte cher. Mais d’autres disciplines peuvent évoluer. L’accueil, la formation, la valorisation humaine font partie des priorités établies par l’équipe dirigeante. Tous les vendredi matin, il y a un créneau handisport. Personnellement, j’accompagne aussi les pratiquants sur l’eau. J’aime ce projet parce qu’il est très humain.
Que vous apporte le para-aviron ?
P. B. – D’abord, c’est un sport de nature que j’apprécie particulièrement, dans une très belle aire de jeu. Il est à la fois physique et technique, intellectuel et collectif, et très puissant humainement. Il n’y a pas de frontières avec les autres, on croise tout le monde. Je m’entraîne toute l’année, environ 2 heures par jour, entre la pratique sur l’eau, la musculation, les échauffements et la récupération. Avec l’équipe de France, le rythme est très élevé, avec un programme lourd de préparation, puis les compétitions qui s’enchaînent à partir du mois de mai. Il faut être au top pendant de longs mois. Avec l’approche des Jeux de Paris, cette saison sera particulièrement chargée pour décrocher la qualification.
D’autres engagements ?
P. B. – Oui. D’abord, je travaille comme cadre d’État, à la Direction de région académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports (DRAJES) Nouvelle Aquitaine, avec une mission auprès de la Fédération handisport. Ma volonté est de contribuer à faire bouger les lignes. Je participe aussi à la Commission des athlètes des JO de Paris 2024. C’est particulièrement enrichissant avec de nombreux échanges, au moins tous les trois mois, sur différents sujets. Il y a autant de femmes que d’hommes, des personnes valides et d’autres en situation d’handicap. Chacun apporte son expérience, son regard.
Et localement ?
P. B. – Etant ambassadrice sport santé bien-être pour la Nouvelle-Aquitaine, j’interviens pour inciter à bouger pour entretenir son capital santé, pour mieux vieillir… C’est aussi bon pour la tête. Bien entendu, je m’investis sur d’autres sujets comme l’accessibilité et pour contribuer à changer le regard sur le handicap. Ayant le goût de transmettre et d’échanger, j’aime participer à des rencontres avec les jeunes, comme au collège d’Ustaritz. J’essaye de leur faire partager ma passion, de les faire rêver et de les pousser à croire en leurs rêves. C’est aussi une occasion de convaincre qu’il faut travailler, que c’est le travail qui paye, qu’il faut accepter les échecs pour toujours avancer.
Votre regard sur les femmes et le sport ?
P. B. – Je n’aime pas que le sport soit trop genré. Tout le monde fait du sport, tout le monde a sa place, le sport est universel. De même, les journées du handicap m’agacent, comme d’autres journées trop spécifiques. Bien entendu, il y a des différences physiques, mais d’autres qualités peuvent également faire la différence. De nombreuses disciplines peuvent se pratiquer en mixité. Par exemple, l’aviron où on peut comparer et mesurer ce qu’on apporte ensemble.
Quel partenariat avec Glass Partners Solutions ?
P. B. – C’est chouette la manière dont Élie Benmergui et son équipe s’intéressent à l’humain. Le contact a été tout de suite très fort, avec un projet particulièrement motivant. Le partenariat est centré sur l’accompagnement, on se retrouve complètement dans les mêmes valeurs, avec une dimension locale très puissante. De tels partenariats ont aussi le mérite d’enlever une charge mentale à l’athlète accompagné, il est moins soumis à certaines contraintes du quotidien, il a moins le souci de la fin du mois. Avec les partenaires, j’aime privilégier l’humain pour tout ce que l’on peut s’apporter mutuellement. La médaille est pour tous, pour l’État, les partenaires publics et privés, les bénévoles, la famille… Rassembler les énergies est une vraie force.
COUPS DE POUCE
Pour encourager la belle aventure de Perle Bouge, vous pouvez apporter votre soutien à l’Aviron Bayonnais afin de développer l’activité handisport, soit en tant que bénévole, soit en apportant une contribution financière.
Contacter l’Aviron Bayonnais omnisport, section aviron, par téléphone 05 59 63 33 15
Vous pouvez aussi devenir partenaire de Perle Bouge pour l’accompagner dans sa conquête de médaille pour les Jeux paralympique de Paris 2024. Vous pouvez aussi, tout simplement, lui envoyer des messages d’encouragement.
Contactez Perle Bouge par mail
Glass Partners Solutions aux côtés de Perle Bouge
Elie Benmergui, président du groupe basque, a décidé d’être l’un des partenaires majeurs de l’athlète handisport, licenciée à l’Aviron Bayonnais.
Le chef d’entreprise veut ainsi l’aider dans sa quête de l’or olympique sur l'épreuve d'aviron à l'occasion des Jeux Paralympiques qui se dérouleront à Paris du 28 août au 8 septembre 2024. « C’était quelque chose d’évident pour moi que d’accompagner Perle, une athlète du territoire et licenciée à l’Aviron Bayonnais », explique Elie Benmergui. « Bayonne est important dans ma vie, depuis que nous sommes arrivés en France avec mes parents. J’ai pris ma première licence à l’Aviron Bayonnais en 1972 et c’est essentiel d’aider les sportifs du club quand on peut le faire ».
« Ce partenariat a également du sens dans le cadre de notre politique RSE. Notre groupe répond présent sur le mécénat local avec Perle évidemment, mais aussi l’association Olagarroa sport adapté, les filles de l’AS Bayonne rugby, l’US Mouguerre. »
Information sur Glass Partners Solutions
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire