À une trentaine de kilomètres l’un de l’autre, les ports de Bayonne et de Pasaia partagent aujourd'hui plus qu’une façade maritime mais aussi une même vision de l’avenir. L’un regarde vers l’Atlantique, fort de son ancrage industriel et logistique ; l’autre, plus resserré dans sa ria, incarne l’agilité et la proximité. Entre eux, une frontière… mais aussi une opportunité, à savoir celle de jeter les amarres d’une coopération transfrontalière au service d’une logistique plus durable.
Le 10 octobre, une délégation de l’Autorité Portuaire de Gipuzkoa (APP) s’est rendue au Port de Bayonne pour renforcer les liens entre les deux infrastructures. Cette rencontre marque une étape décisive vers la signature, en novembre prochain, d’un Protocole d’accord Memorandum of Understanding (MoU). Ce document officialisera une alliance inscrite dans le Corridor Atlantique du Réseau transeuropéen de transport (RTE-T), avec pour cap la durabilité, l’innovation et la compétitivité commune.
Deux ports, les mêmes ambitions
« Avec le port de Pasaia, nous ouvrons une phase de collaboration stable et structurée au bénéfice de l'économie régionale et d'une logistique plus verte », a souligné Pascal Marty, président de la Société Portuaire du Port de Bayonne.
Une déclaration qui résume bien l’esprit de cette démarche : dépasser les logiques de concurrence pour construire un réseau portuaire complémentaire, capable d’optimiser les flux et de réduire l’impact environnemental du transport maritime.
Pasaia et Bayonne font tous deux partie du Corridor Atlantique, axe stratégique reliant les façades maritimes européennes et favorisant l’intermodalité entre la mer, le rail et la route. Leur coopération vise à mutualiser les savoir-faire, coordonner les trafics et soutenir la transition énergétique.
« La volonté de coopération est commune entre deux ports qui partagent les mêmes défis et valeurs : durabilité, innovation et service au territoire », a déclaré Izaskun Goñi, présidente de l’APP. Une vision partagée qui s’ancre dans un contexte mondial exigeant pour le secteur maritime, sommé d’évoluer vers des pratiques plus sobres et responsables.
Le Corridor Atlantique en ligne de mire
Les deux ports se connaissent bien puisqu'en juin dernier, les équipes bayonnaises avaient déjà visité les installations guipuzcoanes. Ces échanges croisés traduisent une volonté de long terme. En s’appuyant sur leur complémentarité géographique et fonctionnelle, Bayonne et Pasaia ambitionnent de créer un véritable arc logistique atlantique durable, reliant la Nouvelle-Aquitaine et l’Euskadi.
Bayonne, fort de ses 2,1 millions de tonnes de trafic annuel et de ses investissements massifs à venir, dispose d’un large bassin industriel et d’une ouverture maritime privilégiée. Pasaia, de son côté, s’appuie sur son agilité, ses liaisons ferroviaires efficaces et son rôle clé dans les chaînes logistiques sidérurgiques et automobiles de Gipuzkoa. Ensemble, ils peuvent mieux répartir les flux, fluidifier les échanges et promouvoir le transport maritime à courte distance, moins émetteur que la route.
Innovation et écologie à la barre
Le protocole d’accord en préparation devrait encourager des projets communs autour de la transition énergétique, de l’innovation logistique et de la formation portuaire. L’électrification des quais, la mutualisation des outils numériques de gestion, ou encore le développement de carburants alternatifs (GNL, hydrogène, biocarburants) figurent parmi les pistes évoquées.
Ces orientations s’inscrivent dans la continuité des stratégies européennes pour un transport maritime plus propre. En s’associant, Bayonne et Pasaia espèrent aussi peser davantage dans les appels à projets transfrontaliers, notamment ceux financés par l’Union européenne.
La signature du MoU, attendue en novembre, symbolisera la mise à l’eau officielle de cette coopération. Si l’alliance se concrétise, elle pourrait servir de modèle à d’autres infrastructures portuaires régionales.
À travers cette démarche, Bayonne et Pasaia rappellent qu’un port est un écosystème vivant, connecté, où se croisent économie, environnement et innovation. En unissant leurs forces, les deux ports basques tracent une nouvelle voie sur la carte maritime européenne, une voie où la durabilité sert désormais de boussole.
Sébastien Soumagnas
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire