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    Edito

    Brexit et anti-systèmes, tout sauf une surprise !
    L’Europe était suspendue au vote du peuple britannique. Et le Royaume-Uni a tranché cette nuit en votant à 52% pour sa sortie de l'Union européenne. Comme nous en parlions hier, c'est tout sauf une surprise. Contrairement à ce que tente de faire croire la classe politique. Et...

    Dans une ambiance particulièrement lourde et parfois violente, ce scrutin a fait trembler la classe politique, et pas seulement outre-Manche. D’abord, parce qu’une armée d’experts a brandi la menace d’un crash économique en cas de victoire des pros-Brexit (sortie de l’Union européenne). Ca reste à prouver...

    Ensuite, parce que ce vote apporte une illustration supplémentaire de la montée en puissance du ras-le-bol anti-systèmes, qui bouleverse le paysage politique sur tous les continents.

    Au Royaume-Uni, le peuple a donc rejeté le "système" européen, cet espèce d'énorme machine administrative qui échappe au pouvoir des élus et qui montre l'impuissance de la classe politique traditionnelle. Ce qui est arrivé au Royaume-Uni était inéluctable à court-terme, comme l'annoncent toutes les révolutions qui sont en marche sur notre planète.

    Le week-end dernier, c’est le mouvement 5 Etoiles qui a fait sensation en s’emparant de villes majeures en Italie. Deux jeunes femmes, Virginia Raggi à Rome (37 ans) et Chiara Appendino à Turin (32 ans) ont balayé les partis politiques traditionnels, dits de gouvernement. Elles portent les couleurs du rassemblement lancé par le comique Beppe Grillo, clairement anti-élites et anti-européen, ainsi que plutôt anti-immigrés.

    Cette révolution italienne se rajoute au climat sulfureux qui entoure la campagne présidentielle aux Etats-Unis avec l’improbable milliardaire Donald Trump. Mais aussi à la percée fulgurante du parti Podemos en Espagne, fondé en 2014. Il s’est déjà emparé du pouvoir dans les grandes métropoles (Madrid, Barcelone…) et frappe à la porte du gouvernement. Verdict ce week-end avec les élections législatives.

    En Islande, c’est le Parti Pirate qui pointe en tête des intentons de vote pour les prochaines législatives avec un score impressionnant de 43%. Cette jeune formation contestataire (trois ans d’existence) a été créé par une militante de WikiLeaks pour promouvoir une modernisation de la législation entourant Internet. Et voici que les Islandais seraient prêts à lui confier les clés du pays. Invraisemblable, et pourtant…

    Le problème est que plus les partis conventionnels tentent de faire peur, plus les peuples votent pour les anti-systèmes. C’est d’ailleurs plutôt logique et cela illustre que les citoyens sont exaspérés par ceux qui les gouvernent depuis des années.

    Pour revenir au Brexit, plusieurs secteurs importants du Grand Sud-Ouest sont inquiets de cette émancipation européenne. A commencer par la filière viticole pour laquelle le Royaume-Uni représente le deuxième marché (en volume) après la Chine. Une dévaluation de la livre sterling entraînera une hausse sensible des prix du vin français, avec des conséquences directes sur les exportations outre-Manche.

    De son côté Airbus qui emploie 15.000 personnes au Royaume-Uni s’est fendu d’un avertissement officiel. L’avionneur toulousain a carrément menacé de réduire ses investissements futurs au niveau des sites britanniques. Une telle prise de position ne pouvait qu'avoir un effet inverse à celui recherché. Les anti-systèmes s’en sont réjouit.

    Les urnes ont donc rendu leur verdict au Royaume-Uni, et contrairement à ce que l'on essaye de nous faire croire, il ne faut pas trop s'inquiéter pour les Britanniques. Tout simplement parce qu'ils ont une force essentielle aujourd'hui, la capacité d'entreprendre et de s'adapter. Si tant de jeunes Français s'installent à Londres, c'est parce qu'ils y trouvent un environnement favorable à l'esprit d'entreprise et de création. Et ce n'est pas le Brexit qui changera cet atout fondamental.

    Car la crise qui nous touche depuis de nombreuses années, n'est pas une crise financière ou économique. C'est avant tout une crise d'adaptation à un monde qui évolue très vite avec l'univers Internet. Les comportements changent au galop, les modèles aussi. Cette crise d'adaptation, le monde de l'entreprise l'a parfaitement appréhendée, alors que le monde politique traditionnel ne veut pas la regarder telle qu'elle est.

    C'est ce qui explique la révolution politique qui est en marche partout sous la pression des peuples. Des peuples qui veulent être gouvernés par des femmes et des hommes neufs. Ce Brexit va bien au-delà d'une remise en cause de l'institution européenne, il faut en avoir conscience.

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