Afin de soutenir la transition vers une industrie plus verte, il a mis en œuvre une stratégie ambitieuse reposant sur plusieurs piliers : la prospection et l’accompagnement d'investisseurs dans toutes les étapes de leur implantation ; la mise en avant des atouts du Bassin de Lacq ; et enfin, le développement de synergies entre les acteurs économiques locaux, les institutions et les organismes de recherche, afin de créer un écosystème propice à l'innovation et à la croissance.
Les douze derniers mois ont été riches en nouveautés et projets pour le GIP Chemparc. Élue il y a un an à la tête du groupement, Audrey Le-Bars a instauré une gouvernance collective avec les quatre principaux industriels du Bassin de Lacq : Arkéma, Toyal, Sobegi et TotalEnergies.
Cette nouvelle gouvernance, qui s’inscrit davantage dans l’esprit initial du groupement, vise à renforcer le rôle de Chemparc comme organisation fédérant les acteurs du bassin en garantissant une prise de décision collective et transparente.
« En plaçant la coopération au cœur de notre fonctionnement, nous sommes en mesure d’agir de manière plus efficace pour l’avenir de notre territoire et de notre région. Cette nouvelle gouvernance garde quand même ce côté très partenarial, avec des représentants de l’état, de la région, des collectivités territoriales, des salariés. Le Collège centre sur l’innovation et la recherche est aussi composé de l’UPPA. C’est un peu le Parlement du Bassin de Lacq », assure Audrey Le-Bars.
De nouveaux projets d’implantation
En juin dernier, Chemparc a été reconnu comme agence d’attractivité et de développement par le CNER, la fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation. Une avancée qui contribue à rendre le Bassin de Lacq plus visible au niveau national, européen et international.
Cette reconnaissance devrait promouvoir le territoire auprès des entreprises et faciliter les investissements et les implantations.
En 2025, le groupement d’industriels a aussi accueilli 16 délégations nationales et internationales sur le Bassin industriel de Lacq, contribuant ainsi à le faire rayonner.
Au total, ce sont pas moins de 2.6 milliards d’euros d’investissements potentiels qui devraient être injectés dans le Bassin de Lacq à l’horizon 2031, dont 600 millions d’euros décidés, engagés ou réalisés cette année.
Si les projets comme Carester, Elyse Energy et Nacre sont déjà bien connus du grand public, Chemparc a reçu 20 demandes d’implantation sur le Bassin de Lacq en 2025, dont trois devraient voir le jour sur le moyen ou long terme.
« On a constaté une évolution dans le spectre des demandes : auparavant, les demandes d’implantation concernaient plus des start-ups industrielles françaises. Aujourd’hui, nous sommes plus sur un échelon européen, voire international. Cela montre que nos actions de faire rayonner le Bassin de Lacq commence à porter ses fruits », souligne la PDG.
Le groupement béarnais gère également Chemstart’up, une plateforme technologique incluant un hôtel de jeunes entreprises pour la R&D en chimie, nouveaux matériaux et transition énergétique, facilitant ainsi l'émergence de projets innovants.
En 2026, il va lancer la cinquième extension de Chemstart’up, pour accueillir deux start-ups innovantes, telles que Biomim’gel (lire notre article). En se recentrant sur le domaine de la chimie, le groupement propose une installation clé en main, très appréciée par les porteurs de projets.
« Nous avons beaucoup de demandes dans le domaine de la chimie. Cette cinquième extension vise à répondre aux besoins de porteurs de projet. L’objectif est d’accueillir de jeunes start-up de la chimie sous forme de modules de recherche et de développement, ce qui est à l’origine de la création de cette structure », expose Audrey Le-Bars.
Deux nouveaux secteurs de prédilection
En plus de vingt ans, Chemparc est parvenu à transformer un bassin industriel tourné vers la pétrochimie en un pôle d'excellence de dimension internationale, notamment dans les domaines de la chimie, des nouveaux matériaux et de la transition énergétique.
Aujourd’hui, le Bassin de Lacq ambitionne de devenir un avant-poste européen pour structurer une filière dédiée aux aimants permanents, avec l’implantation du projet Caremag, initié par l’entreprise Carester (lire notre article) et de Less Common Metals, une entreprise britannique qui projette d’investir 110 millions d’euros dans la création d’une usine de production de métaux et d’alliages de terres rares.
Chemparc a également décidé de miser sur les carburants bas carbone, avec la création d’une filière réunissant des acteurs tels que Vertex Bioénergie du Sud-Ouest, le projet Nacre et Elyse Energy. Cette collaboration vise à répondre aux enjeux cruciaux de la décarbonation à l’échelle européenne.
L’électrification, un enjeu majeur
Pour pouvoir répondre à l’implantation de projets très gourmands en électricité, à l’instar du programme BioTJet d’Elyse Energy (lire notre article), Chemparc collabore avec Enedis et RTE pour augmenter ses capacités d’électrification.
« Ces partenariats avec Enedis et RTE sont essentiels pour garantir une transition énergétique réussie. Ils reflètent notre engagement à soutenir le développement durable tout en répondant aux besoins de nos industries. Actuellement, le Bassin de Lacq est en priorité 3 sur le schéma décennal d’électrification de RTE, Chemparc fait tout pour passer en priorité 2, car au vu de notre activité, nous risquons d’avoir des soucis pour accueillir de nouveaux industriels, faute de capacité électrique suffisante », constate Audrey Le-Bars.
Ces partenariats visent à renforcer les infrastructures électriques, tout en anticipant le besoin des entreprises et en améliorant la capacité de distribution et de transport de l’électricité.
L’objectif est aussi de séduire de nouveaux investisseurs, grâce à une offre énergétique fiable et durable, et de promouvoir des projets innovants et durables en collaboration avec les acteurs de la recherche et du développement.
Le GIP estime que d’ici 5 à 10 ans, le Bassin de Lacq aura besoin de 500 mégawatts, soit l’équivalent de la production d’une petite centrale nucléaire). Pour répondre à ces besoins, RTE envisage notamment de renforcer son réseau électrique qui longe la façade atlantique.
Cette plus grande capacité électrique répond également à un objectif de décarbonation. Depuis l’année dernière, Chemparc est labellisé « Zones Industrielles Bas Carbone » (ZIBAC) (seulement 10 sites en France le sont), avec le soutien du programme France 2030.
La conception et le déploiement des réseaux électriques constituent l’épine dorsale de l’industrie bas carbone de demain : les réseaux renforcés, réseaux de chaleur, hubs de distribution d’hydrogène, carboducs pour capter et transporter le CO2 émis par les industriels.
Ce programme est accéléré pour favoriser la transition énergétique et la prospective de décarbonation à l’horizon 2030 et 2050. 18 partenaires sont engagés dans ce programme, qui représente un investissement de quatre millions d’euros.
La formation des talents de demain
Enfin, qui dit nouvelles implantations, dit nouveaux salariés et formation. « En 2031, nous estimons que ces différents projets conduiront à la création de 1.500 emplois directs et d’ici 2035, nous ambitionnons d’atteindre les 10.000 emplois industriels, surpassant ainsi les effectifs présents lors de l’âge d’or du Bassin de Lacq dans les années 1980 (entre 8.000 et 8.500 salariés », révèle Audrey Le-Bars.
Le GIP est membre du programme Territoire d’industrie Lacq-Pau-Tarbes, il est en charge depuis 2020 de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales. Il réalise régulièrement des enquêtes auprès des industriels pour connaître leurs besoins des trois prochaines années.
« On partage les résultats de nos enquêtes avec les lycées professionnels, les organismes comme le Pôle Formation de l’UIMM Adour Atlantique et même l’université. En partant de là, nous pouvons adapter les formations au plus proche des besoins. L’exemple le plus récent est la création à Lacq d’une formation de soudeur et tuyauteur industriel, qui a débuté en septembre dernier », note la PDG.
Noémie Besnard,






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