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Conjoncture économique difficile pour les entreprises du Béarn

Même si le Béarn s’en tire dans l’ensemble plutôt mieux que d'autres territoires, les dirigeants restent prudents sur les perspectives économiques.
Les chefs d'entreprise connaîssent des difficultés économiques.Freepik
Pour son dernier baromètre économique réalisé par la CCI Pau Béarn et la Banque de France, 247 chefs d’entreprises ont été interrogés.

L’inquiétude est le principal sentiment évoqué concernant ce deuxième semestre (37%), vient ensuite la méfiance (27% des répondants) et enfin l’attentisme (20%). La part des sentiments négatifs est bien marquée.

« Le ralentissement de la croissance au niveau européen et national impacte le pouvoir d’achat des ménages. Il y a donc un fort niveau d’incertitude chez les entrepreneurs, particulièrement en France, à la fois en raison du contexte politique national et international », commente Frédéric Cabarrou, directeur départemental de la Banque de France.

En Béarn, la création d’entreprise est en hausse au premier semestre 2024 par rapport l’an passé (+7%), mais elle reste en dessous de la moyenne nationale, établie à 16%. Mais, en parallèle, les défaillances sont toujours plus nombreuses : l’étude révèle une hausse de +18% au 1er semestre 2024 par rapport à l’an passé en Béarn (152 entreprises), contre 22% en France.

Même si le taux de chômage affiche une légère hausse par rapport au 3e semestre 2023, le Béarn fait malgré tout partie des territoires avec le taux de chômage le plus bas : au 2e semestre 2024, 6% à Pau, 4.9% à Oloron, contre 6.6% en Nouvelle-Aquitaine. Au total, le Béarn comptabilise près de 26.766 demandeurs d’emplois, soit environ 700 de plus qu’au deuxième semestre 2023.

Voici ce qu’il faut retenir…

Frédéric Cabarrou, directeur départemental de la Banque de France, Audrey Sauret, directrice de l’Elan venue témoigner sur son club, et Dider Laporte, président de la CCI Pau Béarn,

Des indicateurs en baisse 

À la fin de l'année 2023, les chefs d’entreprises avaient confiance au futur, cependant, les prévisions économiques ne se sont pas concrétisées. Près de 9 chefs d’entreprises sur 10 disent avoir rencontré des difficultés : 35 % des répondants pointent du doigt l’inflation (contre 41 % au 1er semestre 2023). La baisse du carnet de commandes et le poids des charges sont également d’importantes sources d’inquiétudes pour les entrepreneurs.

D’ailleurs, selon l’étude de conjoncture économique, près 60 % des chefs d’entreprise béarnais demandent une baisse des charges fiscales et salariales, ainsi qu’une simplification des déclarations.

Logiquement, la baisse du carnet de commandes et la dégradation des marges, et donc de la trésorerie (33 % des chefs d’entreprises ont vu une baisse de leur trésorerie depuis janvier 2024), ont impacté le chiffre d’affaires des chefs d’entreprises. « Cette baisse de la trésorerie s’explique par l’allongement des délais de paiement, notamment dans le secteur de l’industrie », constate Mathilde Maurel, responsable d’études CCI Pau.

La détérioration de ces facteurs a joué sur la confiance qu’on les entrepreneurs en leur entreprise. Les patrons continuent d’avoir en majorité confiance à leur entreprise (72 % d’avis positifs au 1er semestre 2024, contre 80 % au deuxième semestre 2023), à défaut d’avoir confiance en l’économie française (39 % en 2024, contre 42 % au dernier semestre 2023). 

« Depuis 2019, la tendance est à la baisse dans cette catégorie. À l’époque, nous avions entre 78 et 83 % d’avis favorables. On reste cependant encore très légèrement supérieur à la confiance des chefs d’entreprise néo aquitains », précise Didier Laporte, le président de la CCI Pau Béarn.

La baisse de la confiance, de la trésorerie et des marges, ainsi que le rallongement des délais de paiement n’incitent pas les entreprises béarnaises à investir : seulement 23 % d’entre elles ont investi au cours du 1er semestre 2024, en majorité dans des projets de modernisation, renouvellement des équipements et installations, et 22 % des répondants envisagent d’investir dans leur entreprise dans les mois à venir. 

Mais Didier Laporte se veut rassurant : « globalement, à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, nous ne nous en sortons pas trop mal : les chefs d’entreprises prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires alors que dans le reste de la région, il est à la baisse ».

L'industrie est l'un des secteurs qui s'en sortent le mieux en Béarn.
Freepik

Certains secteurs plus impactés que d’autres

Certains secteurs d’activité sont plus concernés que d’autres : par exemple, les industriels sont globalement plus confiants en l’avenir que le secteur du BTP et celui des CHR. Ainsi, 26 % des industriels béarnais affichent un chiffre d’affaires positif, contre -11 % en Nouvelle-Aquitaine.

Les industriels béarnais ont une bonne visibilité sur la production à venir, avec des carnets de commandes en hausse. Ce qui a permis d’assurer une bonne stabilité du chiffre d’affaires (54 % des répondants disent avoir un chiffre d’affaires stable). Sur les indicateurs financiers, les délais de paiement se sont allongés, ce qui semble avoir impacté la trésorerie (qui s’est bien détériorée). À noter également que les industriels ont un peu plus investi que d’autres secteurs (29 %) au premier semestre 2024.

Pour le BTP, les résultats sont plus négatifs. Depuis plusieurs années, les acteurs économiques observent un fléchissement de l’activité dans ce secteur où la Tendance baissière s’est accentuée depuis l’année dernière. De plus en plus de chefs d’entreprises déclarent avoir un chiffre d’affaires en baisse, une trésorerie particulièrement dégradée, des délais de paiement en hausse au 1er semestre 2024 et des marges plus restreintes, tout comme une baisse des effectifs. Les prévisions sont pessimistes pour la fin d’année 2024.

Les commerçants avaient été très optimistes en début d’année 2024, mais les résultats effectifs sont moins bons que prévu. Finalement on constate une certaine stabilité de l’activité, tant au niveau de la fréquentation client et du chiffre d’affaires.

En revanche, le Baromètre économique de la CCI Pau Béarn fait état d’une dégradation des indicateurs financiers (33 % des entrepreneurs déclarent une baisse de trésorerie) et donc, les commerçants restreignent leurs marges. Le commerce est le secteur le plus touché par l’inflation : 48 % des commerçants béarnais déclarent l’inflation comme la principale difficulté de leur entreprise (contre 31 % des patrons en Béarn) et les ventes sont insuffisantes pour compenser le manque à gagner et redresser la trésorerie.

Le chiffre d’affaires a eu tendance à se dégrader dans les services. En effet, les entreprises qui raisonnent en « commande » ont eu un carnet moins rempli (40 % de dégradation), et s’attendent encore à ce qu’il baisse en fin d’année. En parallèle, les entreprises qui reçoivent des clients se sont stabilisées. Au global, le secteur a dégagé moins de marges, et la trésorerie est plus tendue. Les prévisions pour la fin d’année restent prudentes, avec l’espoir de retrouver plus de clients.

Enfin, les acteurs du tourisme affichent une certaine stabilité de leur fréquentation, malgré un contexte quelque peu incertain, entre une météo défavorable, les Jeux olympiques, des fêtes patronales décalées… La fréquentation est en hausse sur la période hivernale, mais cette évolution doit être nuancée, du fait de la mauvaise année qu’a représenté 2023.

On observe aussi une hausse de fréquentation en juin, grâce notamment à une météo plus favorable. Sur la période estivale, la fréquentation est en hausse de +2 % par rapport à l’an passé. En revanche, les professionnels du secteur constatent une baisse du prix du panier moyen. L’Agence départementale du tourisme (ADT 64) a chiffré cette baisse à une perte de 15 millions d’euros de retombées économiques pour le Béarn.

Heureusement, la poursuite de la baisse de l’inflation devrait accroître le pouvoir d’achat et impulser une reprise plus forte de la consommation des ménages en 2025.

Noémie Besnard

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