Jean-Marie Girier a détaillé ce mardi à la presse les grands dossiers d’actualité. Premier point à l’ordre du jour : le budget général, en baisse.
« La situation budgétaire impacte l’ensemble de nos politiques publiques : -7% pour la politique de la ville, -6% pour le droit des femmes, le fonds vert, sur certaines lignes, a baissé de 70%. Et les dotations aux collectivités, on sera sans doute à la fin de l’année a presque moins 50 %. L’aide alimentaire est aussi grandement impactée, en passant de 250.000 à 50.000 euros. En raison de la disparition de crédits exceptionnels gouvernementaux. Ce sont des impacts réels dans notre quotidien », explique le haut fonctionnaire, qui doit également réduire de 25 % les frais de fonctionnements de la préfecture.
Malgré une conjoncture peu favorable, le préfet des Pyrénées-Atlantiques garde son flegme et se concentre sur ses grandes priorités, à savoir le développement économique et de l’emploi.
Si le département maintient son taux de chômage en dessous des 6% (5.7%, contre 7.2% au niveau national) il n’en reste pas moins que 50.000 personnes sont en recherche d’emploi dans le 64.
Pour apporter des réponses concrètes, un nouveau comité pour l’emploi, principalement axé sur l’industrie, sera créé pour accompagner l’essor de la filière au niveau local.
« Il nous faut investir dans les filières. Le secteur industriel se trouve être une réponse très pertinente à l’emploi. Dans le cadre du plan France 2030, 260 millions d’euros ont été investis dans des entreprises du territoire. De plus, le bassin de Lacq poursuit son développement autour de projets structurants, à l’instar d’E-cho, dont l’enquête publique devrait avoir lieu en 2026, Nacre et l’usine Caremag de l’entreprise Carester, dont la première pierre a été posée il y a quelques mois. Ce sont des sources d’investissements et de création d’emploi (environ 1.800 emplois nets). D’autre part, l’installation de l’entreprise Less Common Metals devrait confirmer dans les prochains mois son installation sur le bassin industriel béarnais », souligne Jean-Marie Girier.
Le secteur du BTP, fortement impacté par la conjoncture économique et politique, a perdu 1.000 emplois en 2023 et autant l’année dernière. Selon le préfet, les services de l'État surveillent la situation pour détecter et aider les entreprises en difficulté.
Enfin, au regard du contexte géopolitique international, des initiatives ont été prises pour améliorer le secteur de la défense.
« Depuis deux ans, nous travaillons sur la montée en puissance de notre industrie de défense. Parmi nos 270 entreprises qui travaillent pour le ministère des Armées, certaines d’entre elles enregistrent une très forte croissance et doivent recruter 50 à 100 salariés supplémentaires dans les prochains mois. Ces entreprises doivent investir très vite dans la formation ou l’agrandissement de leur bâtiment. À nous de protéger leurs capitaux et de les sécuriser, c’est un enjeu prioritaire pour nous ».
La transition écologique, un enjeu prégnant
L’un des sujets qui occuperont le plus le préfet des Pyrénées-Atlantiques ces six prochains mois sera sans nul doute la transition écologique. Tout d’abord avec l’organisation des assises de l’eau, le 7 novembre prochain.
« La question de l’eau est hyper structurante et transversale dans l’ensemble du département. Nous avons connu deux périodes de sécheresse en quatre ans, l’enneigement est de moins en moins important au fil des ans, le débit du gave de Pau a baissé de près de 16% en 30 ans et il pourrait baisser de 40% dans les cinq prochaines décennies... ».
Ce rendez-vous devrait permettre de valoriser les bonnes pratiques, mais également de travailler sur la qualité de l’eau ou les risques d’inondation. À cette occasion, le préfet actera la première zone sous contrainte environnementale du département.
Les agriculteurs inclus dans ce contrat s’engageront à ne plus utiliser de produits phytosanitaires à proximité d’une zone de captage d’eau potable. « Toute une série d’actions sera bientôt mise en place », promet Jean-Marie Girier.
Toujours dans le chapitre de la transition écologique, un comité départemental de gestion de la biomasse a été créé. L’objectif est d’avancer sur cette question très clivante, en intégrant l’ensemble des parties prenantes (acteurs publics et privés, associations). Un point d’étape est prévu en décembre 2025 pour mettre en avant les progressions sur ce sujet.
Agriculture et élevage en difficulté
L’agriculture et l’élevage ont été mis à mal durant les derniers mois par les épisodes de grêle au printemps puis les fortes chaleurs et les maladies. Jean-Marie Girier confirme que l’indemnisation de solidarité nationale (ISN) pour les céréales sera déclenchée dans les semaines à venir. Le maïs non irrigué a été particulièrement touché : il produira 50 quintaux cette année, contre 150 en temps normal.
Au dérèglement climatique s’ajoutent les problématiques sanitaires. Dans les Pyrénées-Atlantiques, 26 cas de tuberculose bovine ont été recensés (soit un tiers des cas sur l’ensemble du pays).
« Il existait des blocages au sujet de l’abatage total des élevages lorsqu’un cas est confirmé. Nous avons donc construit un nouveau protocole permettant de cibler avec plus de précision les bêtes malades. Nous sommes également pleinement engagés dans la lutte contre les chenilles Cirphis, qui mettent à mal l’autonomie fourragère des agriculteurs, en accordant une dérogation pour l’utilisation du Coragen », note Jean-Marie Girier.
Une nouvelle réunion est déjà programmée pour le 10 septembre en présence des parties concernées et une nouvelle campagne de tests sera organisée la même semaine. Transmissible à l’homme, cette maladie est à éradiquer en priorité assure Jean-Marie Girier.
Le plan de lutte contre la fièvre catarrhale ovine dans les Pyrénées-Atlantiques est aussi en cours : 500.000 vaccinations ont été réalisées pour environ 900.000 doses achetées par le département.
Enfin, la question de la prédation du loup est aussi un sujet prégnant dans le département. Le 9 septembre, un haut fonctionnaire en charge de l’élaboration du nouveau plan Loup (prévu pour début 2026) rencontrera les éleveurs afin de développer une approche différente de la prédation du loup.
Logement : une évolution des zones en tension
Chaque année, 24.000 demandes de logement social sont déposées, pour seulement 2.700 attributions. Si en Béarn, il faut patienter 14 mois pour obtenir un logement social, c’est quasiment le double au Pays basque (27 mois) !
Dans les prochains mois, Pau et sept autres communes de l’agglomération paloise passeront de la zone B2 à B1, avec un impact sur le locatif intermédiaire.
« Globalement, on travaille avec les collectivités pour faire feu de tout bois, avec les outils à notre disposition. Mi-octobre, je vais prendre un nouvel arrêté d’encadrement des loyers, applicable au 25 novembre 2025. En 2024, 27 programmes immobiliers ont été débloqués, soit environ 1.200 logements. D’un côté il faut produire et de l’autre il faut fluidifier les parcours. Une task force logement est en passe d’être créée. On va aussi bientôt présenter le Fonds vert Bâtisseur, des crédits pour inciter les maires à déposer plus rapidement des permis de construire. Ce sera aussi bénéfique aux acteurs du BTP du département, qui représente aujourd’hui 13% de l’emploi dans le 64 ».
Moins de vols, mais plus d’accidents
Sur le plan de la délinquance, les vols et les cambriolages sont en baisse de 5 %. Le haut fonctionnaire s’inquiète cependant d’une forte augmentation des violences intrafamiliales (+17 % depuis le début de l'année 2025) et notamment des violences sexuelles. Il promet de mettre en place des actions concrètes pour inverser cette tendance.
En matière de sécurité routière, on observe également une hausse de 16 % du nombre d'accidents, mais une diminution de 25 % du nombre de décès en 2025.
Mais l’actualité brulante de cette rentrée est l’application, pour la première fois, de la nouvelle loi contre le trafic de drogue. Jean-Marie Girier vient en effet de signer un décret interdisant à un individu de se présenter à un point de vente de stupéfiants dans le quartier de Saragosse à Pau.
« Au-delà de la justice, plusieurs outils s’offrent à nous : on peut expulser le condamné de son logement social ou interdire aux individus de paraître sur un secteur donné », précise-t-il. Enfin, sur fond de montée en puissance d’un risque de conflit armé de haute intensité, des événements autour de la réserve militaire seront organisés durant le mois de novembre. « Le contexte géopolitique nous oblige à travailler sur la défense et notre résilience et à développer nos dispositifs de sécurité. Nous travaillerons également sur la valorisation de la réserve et l’augmentation de ses effectifs », assure Jean-Marie Girier.
Noémie Besnard
Qu’en est-il de l’OSP entre les aéroports de Pau et Tarbes ? « Le dossier avance » répond le préfet des Pyrénées-Atlantiques.
L’aéroport Pau-Pyrénées a récemment annoncé la reconduction de la ligne Pau-Paris Orly par la compagnie Amelia, au moins jusqu'au printemps 2026. Mais Jean-Marie Girier l’assure : « le dossier avance, un consensus a été trouvé sur les questions les plus épineuses et il ne reste plus que quelques points. L’ensemble des parties prenantes ont été mobilisées durant tout l’été, et au plus haut niveau, afin de trouver le meilleur modèle possible pour Tarbes et Pau. Nous sommes en train de finaliser les discussions et nous espérons pouvoir déposer une demande d’OSP d’ici fin novembre ».
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