Vendredi 14 novembre, le Village Landais Alzheimer (VLA) - Henri-Emmanuelli a réuni à Dax plus de 300 participants venus de France, d’Europe et des États-Unis, pour une première rencontre internationale placée sous le signe du partage de connaissances. Chercheurs, médecins, sociologues, juristes, proches aidants, infirmières ou intervenants sociaux ont ainsi mis en commun leurs pratiques et leurs interrogations, avec l’envie de faire progresser l’accompagnement des personnes touchées par des maladies neurodégénératives.
Parmi les participants, une cinquantaine venait de l’étranger, comme l'Espagne, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas ou encore les États-Unis. Un signe clair que le rayonnement du Village dépasse largement les frontières landaises. La dynamique déjà bien ancrée entre partenaires locaux et nationaux s’enrichit ainsi d’un réseau international qui voit dans le Village un terrain d’observation précieux.
Un Village déjà prescrit à l’international
Depuis son ouverture, le Village Landais Alzheimer occupe une place singulière dans le paysage médico-social. Conçu au croisement des pratiques d’accompagnement, de l’éthique et de la recherche, il a été pensé comme un lieu de vie, mais aussi comme un laboratoire à ciel ouvert pour documenter un autre modèle. Pour structurer cette dimension scientifique, un centre de ressources a été créé dès l’origine.
À compter de 2026, ce centre bénéficiera d’une organisation plus affirmée, permettant de proposer une gamme de services mieux identifiée aux chercheurs, établissements, territoires et professionnels. Il interviendra en appui de projets innovants, de démarches de formation et de missions d’ingénierie, tout en se faisant le porte-voix des enseignements tirés depuis l’ouverture du Village. Une manière de renforcer une expertise déjà largement reconnue.
En ouverture de la journée, la ministre déléguée chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, a rappelé « le soutien du gouvernement au Village Landais Alzheimer », insistant sur le caractère « unique en France et en Europe » de cette expérimentation, qu’elle juge « emblématique du mouvement de transformation de l'offre d'accompagnement ». La ministre a souligné que le modèle « s'inscrit pleinement dans les orientations de la nouvelle stratégie nationale sur les maladies neurodégénératives », offrant ainsi des perspectives solides quant à la pérennisation administrative et financière au-delà du 31 décembre 2026.
Ces propos font écho à l’intervention du président du Département, Xavier Fortinon, qui avait appelé à « sécuriser » l’avenir du Village à partir du 1er janvier 2027. L’État semble désormais ouvrir la voie à cette stabilisation.
Des résultats scientifiques qui donnent un vrai souffle
Parmi les atouts favorisant cette pérennisation figure le programme de recherche conduit par l’INSERM. Cette étude de grande ampleur analyse l’impact du modèle villageois sur la qualité de vie des résidents, leur participation sociale, leur santé et celle des aidants. Elle s’intéresse également à la qualité de vie au travail des professionnels.
Les premiers résultats, rendus publics en 2023, avaient déjà mis en avant de nombreux bénéfices. De nouvelles analyses présentées lors de la rencontre confirment ces tendances. Les données montrent notamment que les résidents du Village sont hospitalisés deux fois moins souvent que ceux d’EHPAD, et que leurs séjours durent en moyenne dix jours, contre quinze en EHPAD. Une différence loin d’être anodine, tant pour la santé des résidents que pour la maîtrise globale des parcours.
L’étude comporte également un volet médico-économique, encore en cours, évaluant le rapport coût-efficacité du modèle jusqu’en 2026. Les résultats déjà observés, notamment l’amélioration durable de la qualité de vie des aidants, alimentent les discussions autour d’un financement pérenne.
La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie souligne que « le VLA a vraiment beaucoup à apporter », confirmant un intérêt qui ne faiblit pas. La Direction générale de la cohésion sociale, en écho aux propos ministériels, voit dans le Village un acteur clé pour transformer l’offre d’accompagnement des personnes vivant avec des maladies neuro-évolutives.
Et pour aller plus loin, de nouvelles thématiques de recherche seront explorées : particularités de l’accompagnement de la fin de vie, étude fine des gains de qualité de vie pour les aidants, ou encore approfondissement des impacts sociaux du modèle villageois.
Afin de soutenir cette dynamique, la création d’un fonds de dotation est envisagée. Cette possibilité s’appuie sur les dons déjà reçus et sur l’intérêt croissant de fondations engagées dans la recherche et la prise en charge des maladies neuro-évolutives. Une façon de doter le Village d’un outil financier à la hauteur de ses ambitions scientifiques.
Un écosystème de vie pensé pour soigner autrement
S’étendant sur cinq hectares paysagers, le Village a été conçu comme un véritable quartier médico-social ouvert. On y trouve un centre de santé, une médiathèque, une supérette, une brasserie et même un salon de coiffure. Les quatre quartiers d’habitation, composés chacun de quatre maisons de 300 m², accueillent jusqu’à 120 résidents, seuls ou en couple. L’accompagnement repose sur trois objectifs cardinaux, à savoir maintenir l’autonomie fonctionnelle, préserver la qualité de vie et renforcer l’estime de soi.
Avec plus de 130 professionnels en équivalent temps plein et 80 bénévoles, le Village combine un haut niveau d’encadrement et une véritable vie sociale, permettant aux résidents de demeurer acteurs de leur quotidien. Le coût de fonctionnement annuel s’élève à 8 millions d’euros, financés notamment par des dotations de l’Agence régionale de santé et du Département des Landes.
Entre reconnaissance institutionnelle, résultats scientifiques probants et perspectives de recherche renforcées, le Village Landais Alzheimer consolide son statut encore expérimental, fixé jusqu’à fin 2026.
Sébastien Soumagnas
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