A défaut d’être intelligent soi-même, on peut maintenant s’offrir, pour une somme plus ou moins modique, une maison intelligente. De l’aspirateur qui, bien programmé, ira chercher la poussière là où vous-même n’avez jamais eu le courage d’aller la dénicher, à la tondeuse à gazon écumant toute seule votre pelouse (saura-t-elle s’arrêter devant l’obstacle de votre corps alangui dans l’herbe ? Sinon…) en passant par le réfrigérateur installé en réseau avec votre supermarché pour reconstituer les stocks au fur et à mesure de la consommation, le rêve de se faire servir deviendrait réalité.
Plus besoin de calculette pour programmer le four, soustraire de l’heure de départ de cuisson, l’heure d’arrivée sachant que le rôti pèse un kilo, fait 15 centimètres de diamètre, que j’ai X années… Laisse tomber. Si mon four était intelligent, il se débrouillerait tout seul pour le faire cuire saignant, s’il te plaît. Evidemment, rien n’étant parfait en ce bas monde, on objectera que si le réfrigérateur se débrouille tout seul et commande ce que vous avez consommé, vous n’arriverez jamais à stopper votre consommation de glace au caramel au beurre salé, le Nutella ne se conservant pas au froid, échappe, grâce au Ciel à cette fatalité.
Plus grave, l’installation de petites caméras dans toute la maison qui, dans le meilleur des cas, permettent de surveiller la sieste de bébé, mais permettront aussi de vérifier que l’homme de votre vie n’est pas en train de faire des choses illicites avec une personne non agréée. Quant à cette merveille de réfrigérateur, sachez que chaque viennois au chocolat dévoré en douce s’affichera sur l’écran de commande avec l’heure du larcin, le nom de celui qui l’a commis… Et, à moins de remplacer tous les membres de la famille par des robots, tout ça devrait finalement nous pourrir relativement la vie.
Pasquine L’Islet
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