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En Béarn, le Cercle Bleu mobilise pour le don d’organes

Georges Cristini, depuis 30 ans, remue ciel et terre pour porter cette cause souvent oubliée. Cet ancien enseignant a créé une association pour amplifier son combat.
En Béarn, le Cercle Bleu mobilise pour le don d’organes
A 84 ans, il a dédié sa vie à l’importance d’avoir le choix. Cette valeur l’a toujours guidé dans sa façon d’enseigner les sciences naturelles au collège de Monein.

Dans le cadre de sa profession, il a été amené à sensibiliser les jeunes aux questions de la sécurité routière et à la prévention des dangers de la route. Il s’est investi de plus en plus dans les missions d’informations et a créé en 1976 l’antenne départementale de l’Association pour le don d’organes et de tissus (Adot).

Plus tard, Georges Cristini a eu l’occasion de rencontrer Christiaan Neethling Barnard, un chirurgien cardiaque sud-africain, devenu célèbre en réalisant la première transplantation de coeur en 1967. Ensemble, ils créent l’Organisation mondiale d’information du don d’organe et de tissu (Omidot), pour donner le choix au citoyen d’accepter ou de refuser ce type d’intervention.

Le Cercle Bleu encourage ainsi les Français à enregistrer leur choix personnel concernant le don d’organes, quel qu’il soit, en toute responsabilité. « Alors que les associations militaient exclusivement en faveur du don d’organe, nous avons décidé d’inciter à exprimer clairement son propre choix. C’est un sujet qui peut faire peur, mais notre but est que chacun puisse décider, sans peur, ni contrainte », explique Georges Cristini. En 1991, l’association est renommée Cercle Bleu.

« Vous avez le choix d’accepter, de refuser ou de laisser le corps médical décider à votre place » - Georges Cristini

L’association a mis en oeuvre une approche délibérément "neutre" qui place le non et l'abstention à l'égard du prélèvement au même niveau que le oui, considérant qu'ils ont tous les trois une même valeur et qu'ils doivent être pris en compte avec un même respect.

Dans le cas d’un refus, l’association prend acte et l'envoie sur le "Registre national du refus" de l'Agence de biomédecine. Si vous êtes donneur, le fichier Cercle Bleu facilite l’application de la loi du consentement présumé. Vous recevrez alors deux autocollants et une carte de positionnement qui informe sur votre décision d’autoriser le prélèvement. Enfin, en cas d’abstention, vous déléguez au corps médical le soin de décider pour vous.

Pour rendre visible son combat, l’enseignant moneinchon à la retraite a mis en place une opération inédite en France : le Cercle bleu a créé le premier panneau à connotation civique. Plus de 300 communes dans le grand Sud-Ouest ont décidé d’en implanter un ou plusieurs afin d’inviter les automobilistes à se positionner contre ou pour le prélèvement d'organes et à enregistrer leur choix.

Pour le fondateur de Cercle Bleu, « c’est un bon moyen de rentrer dans la vie des gens et de mettre en avant cette question dans le débat public. J’espère que dans les prochaines années, ce panneau va intégrer le code de la route. Cela permettra de sensibiliser la jeunesse ».

Le premier registre dans le monde sur la fin de vie

L’association acquiert peu à peu une crédibilité nationale grâce à l’appui du gouvernement sur ce domaine. Aujourd’hui en France, la transplantation d’organes repose sur quatre grands principes : choix, décision, anonymat, gratuité. Les dernières évolutions législatives ont clarifié le statut du donneur.

Dans le cadre du Comité international de bioéthique de l’Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), Georges Cristini est sollicité comme expert bénévole en communication sur la bioéthique. 

Par ses différentes actions, le Cercle Bleu contribue à l’implication du public en abordant le thème délicat de la fin de vie. En mars 2022, il interviendra au cours de la 14e Conférence mondiale de la bioéthique à Porto pour présenter le premier registre sur la fin de vie à l’échelle mondiale.

« Après le cas de Vincent Lambert [NDLR : une affaire médico-politico-judiciaire française sur l'acharnement thérapeutique], le Cercle Bleu s’est également positionné sur la fin de vie. C’est incroyable de se dire que cette petite association, créée à Monein il y a trente ans, prend une telle ampleur », conclut son fondateur.

Les greffes en France

En 2017, 6 105 greffes ont été réalisées à partir de donneurs décédés, mais aussi de donneurs vivants. Dans le même temps, 16.413 personnes étaient encore inscrites en liste d’attente.

Malgré les efforts constants pour promouvoir le prélèvement et la greffe, cette activité se caractérise toujours par une situation de pénurie : 552 patients sont décédés en 2016, faute d’avoir pu être greffés.

Par ailleurs, près de 3.000 autorisations de prélèvement sur donneur vivant ont été délivrées en 2016, la plupart pour le prélèvement d’un rein (extraits du rapport de synthèse du CCNE – juin 2018)

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