Co-construit avec les élus, les acteurs institutionnels et associatifs et les habitants, ce projet de territoire est ancré dans la réalité des quartiers prioritaires et cibler les enjeux les plus prégnants. Ce nouveau programme repose sur trois piliers : un zonage actualisé, une participation citoyenne revivifiée, une contractualisation resserrée.
L’objectif de ce nouveau plan « Quartiers 2024-2030 » ? Des quartiers ouverts, vivants, sécurisés, offrant un cadre de vie épanouissant, propices aux rencontres, et qui favorisent l'émancipation individuelle et collective et l'accès à l'emploi et aux droits.
« Le travail partenarial engagé depuis plus de 20 ans avec la ville de Pau, l’agglomération Pau Béarn Pyrénées et le groupement d’intérêt public - développement social urbain (GIP-DSU) de l’agglomération de Pau, a permis de franchir une nouvelle étape pour répondre encore plus précisément aux attentes des habitants des quartiers prioritaires », présente Julien Charles, le préfet des Pyrénées-Atlantiques.
Pour donner vie à ce nouveau contrat de ville 2024-2030, les élus locaux sont allés à la rencontre des associations locales et des habitants de ces quartiers prioritaires. Le Groupement d’intérêt public développement social urbain (GIP-DSU) de l’Agglomération de Pau s’est ainsi appuyé sur une démarche participative ciblant les enfants, adolescents, adultes et séniors. Au total, entre mai et novembre 2023, 416 habitants d’Ousse des Bois, de Saragosse et dans les nouveaux périmètres Berlioz et Fouchet ont été consultés.
Des groupes de travail thématiques seront mis en place dans les prochains mois et co-pilotés par un chargé de mission du GIP-DSU. Ils réuniront des référents techniques des instances du droit commun, des acteurs associatifs et des représentants d’habitants et seront chargés de décliner les plans d’action thématiques et territoriaux et piloteront les appels à manifestations d’intérêt (AMI) associés aux plans d’action.
Une zone géographique amplifiée
À l’occasion de ce nouveau contrat de ville 2024-2030, les pouvoirs publics ont étendu le zonage, en prenant notamment en compte les données sociodémographiques INSEE, les problématiques sociales observées par les intervenants sociaux et éducatifs et le contexte urbain et le cadre de vie.
Ce nouveau découpage, passant de 36 à 80 hectares, reprend la totalité du quartier Saragosse, en intégrant deux nouvelles copropriétés, situées le long du Cours Lyautey, qui se sont particulièrement dégradées au cours de ces dix dernières années. À ce cœur de quartier sont associés en continuité deux sous-quartiers Camors-Kennedy et Fouchet. Ces secteurs font l’objet d’alertes répétées de la part des habitants, des établissements scolaires, des structures et professionnels sociaux et éducatifs.
Le collège public Clermont, qui est, depuis la rentrée 2021-2022, l’établissement scolaire le plus défavorisé de la ville et l’école primaire associée, l’école Bouillerce, font également partie de cette nouvelle cartographie.
Dans le quartier d'Ousse des Bois, l’intégralité du secteur initial est également maintenue. Pour plus de cohérence et de continuité, le nouveau zonage englobe désormais tous les équipements publics du cœur de quartier : l’école, le centre social, la médiathèque, le centre de loisirs, les locaux associatifs, les jardins partagés. Le nouveau secteur s’étend donc vers le secteur Berlioz jusqu’à la Cité de Pyrénées et la MJC Berlioz et vers le secteur du Laü jusqu’à la MJC du Laü et la coulée verte.
Cette proposition correspond davantage aux réalités sociales et démographiques observées à travers les indicateurs de l’INSEE, ainsi qu’aux demandes exprimées par les habitants et aux besoins repérés par les professionnels et partenaires en termes d’accompagnement social des familles, de soutien à la parentalité et d’accompagnement éducatif des enfants et adolescents.
Situés entre ces deux quartiers prioritaires, les quartiers Laü et Berlioz sont deux emplacements stratégiques. Ces deux secteurs regroupent une population plus mixte socialement que les cœurs de quartier Saragosse et Ousse-des-Bois. Cependant, ils regroupent aussi des familles en situation de précarité économique, sociale et éducative présentant un risque important d’isolement et de repli, notamment pour les familles issues de l’immigration récente, particulièrement présentes sur ces secteurs et n’ayant pas nécessairement (ou pas encore) accès à la langue.
« Ainsi, ce sont ainsi 3.600 personnes supplémentaires qui pourront bénéficier des dispositifs spécifiques et des moyens financiers de la politique de la ville », souligne Julien Charles.
De nombreux défis à relever
Au fur et à mesure de la concertation avec les habitants et les acteurs associatifs locaux, sept axes de travail ont été élaborés : favoriser le bien-vivre, la qualité de vie et l’inclusion en valorisant l’image de ces quartiers, en luttant contre l’insécurité, l’incivilité et les discriminations ; apporter une sécurité économique et sociale aux habitants (accès à l’emploi et à la formation, à la santé, à l’éducation et tous autres blocages liés à l’insertion) et enfin, aider les habitants à s’émanciper dès le plus jeune âge, que ce soit à travers l’éducation, le soutien aux familles, la mobilité culturelle ou géographique, la lutte contre l’absentéisme…
Le contrat de ville devra aussi aider à conforter le vivre ensemble, les liens sociaux et l’occupation partagée des espaces publics dans l’acceptation de l’autre. L’accès aux droits, le renforcement des lieux de vie, mais aussi l’offre en équipements du quotidien et des services publics seront des axes de travail pour les années à venir.
L’enjeu sera aussi d’aller à la rencontre des nouveaux secteurs intégrés au quartier prioritaire (Fouchet, Camors et Kennedy) et de mobiliser les acteurs et associations pour accompagner ces nouveaux publics au plus près de leurs besoins et priorités.
Les quartiers Berlioz et Laü présentent eux aussi de nombreuses fragilités socio-économiques, mais aussi des atouts forts et des dynamiques associatives qui seront bénéfiques à l’ensemble du quartier.
Des identités différentes
Bien que Saragosse et Ousse-des-Bois partagent certaines caractéristiques, telles que des taux élevés de pauvreté et une prédominance de familles, des différences notables se manifestent dans le revenu des résidents, la dépendance aux minimas sociaux, le niveau de formation, et le taux de retard scolaire.
La particularité du quartier Saragosse est la surreprésentation des personnes isolées, qui en 2020 représentent 35 % des ménages (contre 14% à Ousse-des-Bois et 25% sur l’agglomération). La part des habitants de plus de 60 ans, en augmentation depuis 2015, y est également plus importante (36% de la population de Saragosse, 25% de la population d'Ousse-des-Bois et 29% à l’échelle de l’agglomération).
Le contrat « Engagements Quartiers 2030 » devra donc prendre en compte le vieillissement important et la présence de personnes de plus de 60 ans dans son plan d’action pour Saragosse, de même que la part particulièrement forte de familles avec enfants sur celui d’Ousse-des-Bois. Les familles monoparentales (représentées à parts égales dans les deux quartiers, 20%) devront faire également l’objet d’une attention particulière du fait de leur surreprésentation.
Le quartier Ousse-des-Bois se distingue quant à lui par sa jeunesse, son dynamisme et son importante vie associative. Avec 73% de familles parmi les ménages, Ousse des Bois est avant tout un quartier familial. Par rapport à Saragosse, il possède aussi une plus importante communauté étrangère (33% d’habitants de nationalité étrangère contre 17 % à Saragosse et 7% dans le reste de l’agglomération).
Le quartier Ousse-des-Bois est confronté à des défis économiques importants : le taux de pauvreté y est particulièrement élevé (59% en 2023) et l'accès à l'emploi demeure difficile (43% de chômeurs de longue durée), en particulier pour les femmes, qui affichent des taux d'activité très faibles et des emplois occupés précaires (seulement 25% des femmes entre 15 à 64 ans actives ont un emploi). Le faible niveau de formation (40% des habitants de 15 ans et plus sont sans diplôme) ajoute une tension supplémentaire à des conditions de vie déjà très précaires.
Noémie Besnard
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