Certes, il y a lieu de se féliciter qu’elle ait été mise en place, puisque selon les dires de Gabriel Atal, « Ce dispositif aura permis sur toute l’année 2022 une économie moyenne pour l’automobiliste français de 120 euros, à laquelle s’ajoute une économie de 40 euros, avec la remise de Total. » Pour l’État, la facture s’avère douloureuse, puisqu’elle s’élève à 7,6 milliards, et même à 110 milliards si l’on ajoute l’amortissement des effets de la crise énergétique, entre 2021 et 2023. On doit reconnaître qu’il a joué son rôle, sans pour autant qu’ait été résolue la hausse continuelle du prix de l’essence. On sait que la TICPE (ex TIPP) constitue la quatrième recette de l’État, après la TVA, l’impôt sur le revenu et celui sur les sociétés et représente environ 80 % du prix du super... C’est peut-être de ce côté-là qu’on pourrait déclencher une véritable baisse.
De quoi demain sera donc fait, et à quelle nouvelle sauce allons-nous être dévorés ? Coinscient de la grogne potentielle, et redoutant un nouveau soulèvement type Gilets jaunes, Bercy planche sur un dispositif plus ciblé, à mettre en place en début d’année. Première hypothèse : l’émission d’un chèque, une solution peu satisfaisante, car nombreux sont les Français à se sentir exclus de ce système. La seconde tient un peu de l’usine à gaz, mais semble avoir été retenue par l’exécutif : la mise en place d’un dispositif appelé par Atal « gros rouleurs et gros bosseurs », ceux qui selon Clément Beaune, « ont une voiture et l’utilisent régulièrement. »
Soit entre 11 et 12 millions de personnes. Plus flou, tu meurs, quand on sait que 85 % des déplacements se font en voiture. Une aide de 1,6 milliard,soit 20 % de moins que l’été dernier pour le premier dispositif, qui serait soumise à conditions de revenus, « conditionnée à plusieurs critères : le fait de travailler, avoir une voiture, renseigné son numéro de carte grise, et être dans des catégories populaires ou de classe moyenne. » Soit un revenu fiscal de référence de 14 100 euros par part au maximum. Pour l’empocher, il faudra en faire vous-mêmes la demande et vous rendre sur un site Internet dédié dans lequel vous rentrerez vos infos personnelles. L’aide sera versée sous quelques jours sur votre compte bancaire. Simple comme bonjour, on vous dit.
Tout cela n’est encore qu’une vue de l’esprit, car les arbitrages sont en cours. En attendant, profitant une dernière fois de l’aubaine relative, les files d’attente se sont allongées ces derniers jours devant les stations-service, dont 21 % se sont retrouvées à sec pour au moins un type de carburant et 15 % carrément sans le moindre litre à délivrer.
Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt : les 2 euros au litre, c’est pour demain. Fatalitas ! comme on disait dans notre cher Chéri-Bibi, le roman de Gaston Leroux.
Dominique Padovani
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