« Les armoires installées font partie du patrimoine de la société qui est propriétaire du réseau, et les clés appartiennent au gestionnaire de ce réseau. Mais elles sont disponibles pour les différents opérateurs, car si une personne décide de s’abonner chez Free, alors que son voisin passe de son côté chez Orange, il faudra faire intervenir deux opérateurs différents, qui travailleront dans la même armoire » explique Jean-Sébastien Massenez, directeur général de Gers Fibre.
L’erreur étant humaine, il se peut que l’un d’eux commette une bévue entraînant un incident qui peut impacter des réseaux de collecte, ou qu’une armoire mal refermée suscite des actes de malveillance. Il peut arriver aussi qu’un conducteur maladroit finisse sa course contre une armoire, laissant 350 clients hors-service le temps de remonter un par un tous les fils.
« Mais ce qui abîme surtout le réseau, c’est le turn-over et le changement d’opérateur. Dans le Gers, nous sommes faiblement concernés. Par contre, dans les grandes villes, les locataires changent souvent d’appartement, et arrivent avec un nouvel opérateur. Il y a donc des armoires sur Toulouse par exemple, qui vont être ouvertes entre 30 et 40 fois par jour ».
Si l’on réfléchit pour l’avenir à des armoires intelligentes qui mémoriseront les codes des intervenants, de façon à essayer de retracer des abus, des excès ou des dégâts qui auraient été causés, le problème pour Jean-Sébastien Massenez vient surtout du fait que les techniciens sont souvent mal formés, et mal payés.
« La principale fragilité, ce sont les techniciens envoyés par les opérateurs qui vendent des abonnements, et qui ne sont pas toujours qualifiés pour intervenir sur ces raccordements. Mais le contrat STOC qu’ils signent sur chaque Réseau d’Initiative Publique (RIP) les autorise à raccorder leurs clients avec leurs propres techniciens, souvent issus d’une cascade de sous-traitance, ou des auto-entrepreneurs. Pour l’instant, chacun considère qu’il a le droit d’envoyer qui il veut, et que cela ne nous concerne pas ».
Pour pallier cette fragilité qui pourrait vite devenir problématique si rien n’est fait, Gers Fibre a d’emblée proposé de recruter des personnes habitant le territoire, pour les former sur un plateau technique déjà existant au lycée public de Samatan.
« Nous maîtriserons ainsi la qualité du réseau, avec des techniciens Gers Fibre à qui nous garantirons un bon salaire, contrairement aux auto-entrepreneurs qui sont des travailleurs vaillants, qui font beaucoup d’heures, mais qui au final n’arrivent pas à dégager un vrai salaire. Nous serons sûrs alors que notre réseau sera épargné. C’est une bataille qui se règle au national, mais ce que nous demandons dans le département se fera probablement partout en France. Quand les propriétaires de réseau en auront assez d’avoir des frais de maintenance et de réparation, ils obtiendront le droit de faire ce travail, sur du matériel qui leur appartient ».
Marielle Fourcade
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