Chaque année, l’Unesco et la Fondation L’Oréal attribuent 5 prix « Jeunes Talents internationaux » (un par continent) à des chercheuses du monde entier. Mais leur programme « For Women in Science », qui vise à faire reconnaître et à encourager les vocations scientifiques féminines, se décline aussi en 54 prix et dotations nationaux et régionaux couvrant un total de 118 pays. Chaque année, les jurys reçoivent plus de 9.000 candidatures et récompensent 260 jeunes femmes.
En France, 35 chercheuses se voient chaque année attribuer un prix et une dotation, de 15.000 euros pour les doctorantes et de 20.000 euros pour les post-doctorantes. Cette année, elles étaient 686 à concourir, pour seulement 23 doctorantes et 12 post-doctorantes récompensées. Outre leur prix et leur dotation, ces chercheuses, retenues par un jury indépendant composé de chercheurs de l’Académie des Sciences, bénéficieront d’une formation en management et leadership.
Encourager la féminisation de la recherche…
En cette année un peu particulière, Alexandra Palt, directrice générale de la Fondation L’Oréal, n’a pas manqué de remarquer qu’environ « 90% des articles de recherche sur la COVID-19 sont rédigés par des hommes ». Autant dire qu’il y a encore du chemin à faire pour féminiser les métiers de la recherche.
La pandémie ne semble d’ailleurs pas avoir facilité les choses : « Les chercheuses ont été globalement impactées dans leur productivité, en particulier celles en début de carrière et celles avec un jeune enfant à leur charge », avec une diminution « de près de 20% » du temps qu’elles ont pu consacrer à leurs travaux. Et au-delà du contexte sanitaire, on ne compterait en France que 36% de femmes en doctorat, 26% en école d’ingénieurs et 26% dans la recherche. Et puis, plus symbolique encore mais tout aussi révélateur : il n’y aurait à ce jour que 3% de femmes parmi les scientifiques récompensés d’un Prix Nobel.
Cette année, on aura noté la présence, parmi les lauréates en France, de deux doctorantes attachées au Pays basque, l’une dans la catégorie « physique-chimie » et l’autre dans la catégorie « ingénierie, mathématiques et informatique » : la Bayonnaise Sarah Lamaison et la Mancunienne Ida Tucker, qui a grandi à Hélette.
Sarah Lamaison, « profondément attachée à l’océan et à l’environnement », entretient le rêve d’une « planète propre, dont les prochaines générations pourront aussi observer les merveilles ». Elle a étudié l’économie et la chimie à l’École polytechnique, est titulaire d’un master de l’université de Cambridge et poursuit actuellement « un doctorat entre le Collège de France et Stanford dans le domaine de la photosynthèse artificielle ». Rien que ça…
La brillante chercheuse développe des technologies permettant de transformer le CO2 en substances aujourd’hui produites à partir de pétrole. « Ces technologies ouvrent la voie d’une émancipation vis-à-vis des ressources fossiles par la création d’un cycle carbone durable où le CO2 peut être recyclé à l’infini », explique L’Oréal.
Du « green fuel » à la cryptographie…
Les recherches de Sarah Lamaison ont donné lieu à deux dépôts de brevets. Elle s’est par ailleurs lancée dans une déclinaison entrepreneuriale de ses recherches avec « The Green Fuel Company », projet lauréat du concours d’innovation i-lab 2020 et dont le développement pourrait passer par le Pays basque. Apparemment mordue de surf, elle fait aussi partie de l’équipe fondatrice de l’association « Du Pays basque aux grandes écoles ».
[caption id="attachment_128120" align="alignright" width="240"] Ida Tucker[/caption]
Quant à la Britannique Ida Tucker, restée en Pays basque jusqu’à l’obtention de son baccalauréat, elle est passée par l’université de Bordeaux, puis par l’école normale supérieure de Lyon. « C’est en master, lors d’un stage dans un laboratoire de recherche à Montpellier, qu’elle se découvre une réelle passion pour la recherche en cryptographie, cette discipline qui offre un parfait équilibre entre mathématiques et informatique », détaille L’Oréal dans sa présentation des lauréates.
Ida Tucker s’intéresse à l’anonymisation des données confidentielles des utilisateurs de systèmes informatiques. Elle imagine « des systèmes cryptographiques à la fois versatiles et efficaces, c’est-à-dire alliant sophistication et sécurité ».
On notera pour finir que les deux brillantes doctorantes révèlent avoir été vivement encouragées dans leur vocation par des enseignantes rencontrées au fil de leur parcours. CQFD. On adresse bien sûr toutes nos félicitations à ces brillantes lauréates… parce qu’elles le valent bien, et plutôt deux fois qu’une !
A noter aussi que deux Toulousaines font partie de ces jeunes femmes récompensées : Coline Monchanin et Laure-Anne Poissonnier.
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