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LA MINUTE POLITIQUEFrédérique Harivongs interpelle sur la nécessité du bouclier tarifaire pour les EHPAD

Dans un entretien accordé à PresseLib', la présidente du réseau des EHPAD du Pays basque a souhaité lancer un appel à l'aide au nom des 45 établissements qu'elle représente. Un secteur en détresse qui avance à vue dans un flou total...
Une personne âgée, de dos, assise sur un fauteuil.
Selon les dernières estimations, les coûts liés à l'énergie pourraient être multipliés par 4 sur une année complète. Une hausse qui se répercuterait à raison de 150 à 180 euros par mois pour les résidents, faisant grimper la note mensuelle des frais à près de 2000 euros...

Au Pays basque, afin d'unir les EHPAD et les foyers de logements pour personnes âgées, un réseau a été créé. On parle alors de 45 établissements (privés, associatifs et publics), soit très exactement 2 688 lits qui accueillent des personnes dont la moyenne d'âge se situe autour des 89 ans. C'est Frédérique Harivongs, directrice de la maison de retraite d'Arcangues, qui est présidente de ce réseau. Au nom de l'intégralité des établissements, elle tire la sonnette d'alarme concernant le bouclier tarifaire...

« Ce qu'il faut comprendre à priori, c'est que chaque mois le résident paye son hébergement. Pour les établissements associatifs  et publics, , les prix sont fixés par le Conseil Départemental, des aides sont apportées aux résidents ne pouvant s’acquitter partiellement ou entièrement du montant,  grâce à la solidarité départementale,  de façon plus générale, les résidents  bénéficient des APL, d'aides diverses, donc ils sont chez eux, ils sont locataires », affirme la directrice qui interpelle sur une première donnée. « Ce sont des personnes très âgées, souvent malades, avec une petite retraite voire pas de revenus. S'ils sont chez nous, c'est qu'ils n'ont pas d'autres choix. Mais cela représente déjà un coût important pour eux ». En effet, les résidents s'acquittent en moyenne de près de 1 800 euros de frais chaque mois.

Un coût qui, si le bouclier tarifaire n'est pas appliqué aux EHPAD, pourrait bien grimper aux alentours des 2 000 euros. « Avant, nous avions une consommation d’électricité annuelle de près de 60 000 euros. Actuellement, si rien n'est fait, il faudra compter 230 000 euros... C'est quasiment une multiplication par 4 des frais que ni les résidents, ni le Département pourront assumer ».

Le risque pour ces établissements, c'est tout bonnement la cessation de paiement, et donc, la mise de la clé sous la porte. « On ne sait pas où on va. On ne sait pas pourquoi nous ne serions pas éligibles au bouclier tarifaire. Il a été question qu'on le soit, mais nous n'avons reçu aucune directive, on avance à vue... »

Pour tenter de maintenir leurs activités, les établissements cherchent des solutions : la rénovation des bâtiments, pour renforcer l'isolation, la mise en place de chauffe-eau solaire, et/ou de panneaux photovoltaïques. « On peut aussi compter sur le Conseil Départemental qui est très à l'écoute et proactif en ce qui concerne l'économie locale. Par exemple, une enveloppe de 2 millions d'euros a été débloquée en faveur des établissements des secteurs de l'autonomie et de la petite enfance. Et heureusement qu'ils sont là et qu'ils nous aident comme ils le font ».

Une aide qui se fait attendre au niveau de l'État, puisqu'à part le bouclier tarifaire, rien n'est mis en place pour les EHPAD et foyers de logements. « Je ne comprends pas que l’on soit victime d'une telle crise alors que la France était un pays producteur d'électricité, et que nous exportions ! Je suis très en colère aussi envers les fournisseurs qui ne jouent pas le jeu et qui ne suivent pas la courbe des prix de l'énergie. Malgré une chute des prix, ils savent que cela va remonter, alors ils ne baissent pas leurs prix, et ça nous met au pied du mur », déplore Frédérique Harivongs.

« Je ne sais pas quelle issue aura toute cette histoire, et pour être franche, je ne vois pas de sortie très positive si tout le monde n'y met pas du sien. Nous allons fournir des efforts, nous n'avons pas le choix, mais vous comprenez que l'on ne peut pas chauffer nos locaux à 19°C, ce n'est pas possible pour des populations fragiles comme les nôtres. Il faut que l'État et les fournisseurs jouent le jeu aussi. Ce bouclier tarifaire est presque une question de vie ou de mort pour notre réseau et les établissements qui le composent... »

Timothé Linard

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