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Du gingembre made in Landes aux Fermes Larrère

C'est la troisième année consécutive que ce collectif d'exploitations familiales produit du gingembre depuis Labouheyre. Une culture plutôt rare, puisque les producteurs en France se comptent sur les doigts d'une main...
Une plantation de gingembre sous serre.Photo : Fermes Larrère.
Les Fermes Larrère n'en sont pas à leur première production atypique. En effet, au-delà de la carotte qui est leur produit phare, et d'autres légumes comme le poireau, les navets, ou le choudou, les agriculteurs ont notamment développé la culture de la patate douce...

Depuis l'installation de la première exploitation en 1981, les Fermes Larrère ont toujours eu à cœur d'innover. « C'est dans notre ADN ! On a toujours été persuadé qu'on pouvait faire pousser plein de choses dans les Landes », explique Patrick Larrère. « Le sol des Landes était très acide auparavant à cause de la présence de pins. Mais il suffit d'aider le sol, de bien le nourrir, et cela crée un rééquilibrage. C'est comme ça qu'on peut développer certaines cultures originales ». Certaines s'avèrent réussies, et d'autres échouent. « C'est d'ailleurs plus souvent le cas ! », plaisante-t-il. Mais à chaque fois, l'idée est de tester.

C'est d'ailleurs dans cette démarche qu'à Labouheyre, il y a 3 ans, les Fermes Larrères ont souhaité planter du gingembre. « Il y a une douzaine d'années, nous nous sommes diversifiés dans les énergies renouvelables. Cela nous a permis de multiplier les bâtiments pour bénéficier d'infrastructures 100% financées par le solaire, et nous avions notamment une grande serre. Il était impensable pour nous de le rien y mettre à l'intérieur, mais la conception de la structure créait une perte de luminosité. Donc nous avons cherché une solution, une culture qui pouvait s'adapter à cela ». Après plusieurs essais, c'est le gingembre qui s'est avéré être ladite solution.

Une production très rare en France, puisqu'ils ne sont que quelques uns, « deux ou trois à peine », assure Patrick Larrère. Ainsi, la majorité du gingembre consommé sur notre territoire est importé, et souvent de très loin : Chine, Pérou, Brésil. « Il faut savoir que pour l'import, le gingembre est séché avant de traverser la planète. Nous, notre gingembre est frais. Il n'a donc pas les mêmes qualités que le gingembre étranger, il n'a pas du tout le même goût, il est beaucoup plus aromatique. Ce sont deux produits très différents ».

Une différence d'ailleurs appuyée par une méthode de production bio et éthique. « Les plans viennent du Pérou. Nous avons été très vigilants à ce sujet pour que ce soit des plans éthiques. Nous ne voulions pas du gingembre de Chine, et encore mois du Brésil où il est issu de la déforestation ». De plus, la production de ce gingembre landais est bio : pas de chauffage artificiel, pas d'intrants chimiques, récolte à la main, utilisation d’engrais organiques eux aussi bio, etc.

Photo : Fermes Larrère.

Cela fait donc trois ans que les Fermes Larrère cultivent ce gingembre qui est vendu par l'intermédiaire de réseaux de distribution, dans des grandes surfaces et autres commerces locaux, mais aussi en direct avec des partenaires qui vont directement intégrer le gingembre dans leurs produits. « Cela reste une culture assez confidentielle puisque l'on produit un peu moins de 10 tonnes à l'année. C'est très loin des quantités dont on a l'habitude pour nos autres produits ! Mais cela se commercialise très bien, on a des brasseries qui viennent nous voir, la restauration est un client également. Choisir notre gingembre est un choix fort puisque le coût de production en France est bien plus élevé que le gingembre importé. Cela se répercute donc sur le prix... ».

Pour autant les professionnels ne boudent pas le produit, qui s'est d'ailleurs vu décerner la note de 4,7/5 au tout récent concours des Gourmets de France. « Ça fait plaisir de trouver du gingembre délicat et beau. Il a beaucoup de saveurs. On a vraiment le côté aromatique très développé », se réjouissait Alain Dutournier lors de l'événement.

Aujourd'hui riches de 12 exploitations complémentaires, toutes tenues par un membre de la famille (ce qui représente deux générations et près de 220 emplois), les Fermes Larrère veulent continuer à expérimenter des cultures. « Malheureusement, le constat est que la planète se réchauffe et que l'agriculture va devoir muter. Soit on reste passif, soit on cherche à s'adapter. Nous, nous avons fait le choix de continuer de tenter des choses, car notre rôle est et restera de nourrir les Hommes, quoi qu'il advienne ! », conclut Patrick Larrère, qui souhaite rester discret sur les projets en cours...

Timothé Linard

Plus d'informations sur les Fermes Larrère

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