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La bataille du rail s'intensifie autour de la grande vitesse

Les maires de Bordeaux, Bayonne et Irùn demandent une modernisation de la ligne actuelle au Pays Basque, quand la Région et les Landes s’impatientent face aux contradictions.
La bataille du rail se poursuit autour de la grande vitesse
Le projet Via Irùun
Pierre Hurmic, maire écologiste de Bordeaux, Jean-René Etchegaray, maire centriste de Bayonne, et José-Antonio Santano, maire d’Irún, ont publié un communiqué commun.

Le premier est l’un des plus farouches opposants au prolongement de la ligne à grande vitesse vers l’Espagne. Le second à la tête de l’agglomération basque reste prudent entre les pour et les contre. Le troisième est pressé par l’accélération des projets chez nos voisins du Sud, avec la nécessité d’une ouverture digne de ce nom vers Bordeaux, Toulouse et Paris.
 
Passant outre leurs visions et leurs objectifs divergents (compliqué !), les trois élus demandent une nouvelle étude concernant la modernisation rapide de la voie actuelle, qui permettrait aux trains de rouler plus vite au Pays Basque (à 220 km/h ?). La portion ferroviaire basque se retrouve prise en sandwich entre les lignes à grande vitesse espagnoles qui arriveront à la frontière dès 2027, via Vitoria et de Bilbao, et la LGV française actuellement bloquée à Bordeaux, en attendant une avancée (hypothétique) jusqu’à Dax.
 
Il faut savoir qu’aujourd’hui, entre Dax et Bayonne, les trains ne peuvent pas dépasser 140 km/h, et qu’entre Bayonne et Hendaye la vitesse tombe à 90 km/h.

Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, s’est étonné de cette communication. Il rappelle que la modernisation de la voie actuelle et la création d’une nouvelle ligne pour la grande vitesse, non seulement ne sont pas incompatibles, mais que les deux sont complémentaires et incontournables. Particulièrement, si le projet de RER urbain entre Saint-Sébastien et Bayonne voit le jour et se développe.
 
Une simple modernisation de la ligne actuelle devrait arriver très vite à une totale saturation, avec l’augmentation spectaculaire des différents trafics : grande vitesse, TER, RER, frêt, etc.
 
En effet, au-delà de la vitesse des trains, le gros défi est bien celui de cette saturation. D’autant plus si l’on veut favoriser le fret ferroviaire, alors que déjà, chaque jour, 10.000 poids lourds franchissent chaque jour la frontière à Biriatou. Il faut savoir aussi que l’inévitable augmentation des trains en circulation, va provoquer des nuisances considérables pour les très nombreux riverains de la ligne actuelle, notamment entre Biarritz et Hendaye.

La future gare d'Irùn

Au Nord, les Landes attendent avec impatience le déblocage de la LGV au Sud de Bordeaux, avec deux gares en perspective à Mont-de-Marsan et à Dax. Il ne faut pas oublier que l’enjeu de la LGV ne se limite pas au fait d’aller plus vite de Paris à Madrid, en passant par chez nous. Il est aussi de favoriser des liaisons rapides (moins d’une heure) entre les différentes agglomérations du bassin de l’Adour et les métropoles de Bordeaux et Toulouse. Ce maillage, s’il voit le jour, représentera une avancée considérable.
 
Au Sud, l’Espagne a pris beaucoup d’avance au niveau des trains à grande vitesse, et regarde incrédule les complexités françaises. Nos voisins ibériques poursuivent leurs investissements XXL jusqu’à la frontière. Ils ont ainsi décidé de consacrer un budget de 70 millions d’euros pour construire un bâtiment ultra-moderne, afin de recevoir comme il se doit les passagers des trains à grande vitesse, a priori ceux qui dépensent le plus.
 
Le projet est baptisé « Vía Irún ». Il permettra aussi d’améliorer les autres liaisons avec le Pays basque Nord et Bayonne, ainsi qu’avec le reste de l’Espagne et le Portugal.
 
Le bâtiment présentera un véritable pont au-dessus des dix voies et comprendra différents niveaux en fonction du trafic régional, national et international. Autour, tout sera réaménagé pour développer l’accès aux autres types de transports ; des bus aux voitures, en passant par les vélos… Pour le maire d’Irún, José Antonio Santano, c’est une véritable révolution qui est lancée.
 
Si l’on résume : Saint-Sébastien et Irùn poussent les Français à accélérer pour mettre leur lignes à niveau et recevoir un trafic en forte hausse ; les Landais s’exaspèrent de voir la LGV Bordeaux-Dax rester en panne en Gironde ; entre les deux, au Pays Basque, les positions sont multiples.

Très compliqué !

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