La DDTM (Direction départementale des Territoires et de la Mer) reproche à celui-ci des manquements à la réglementation sur l'eau et les arbres. À un dialogue difficile a désormais succédé un procès entre les parties. Une procédure qui pourrait se terminer en incompréhensible gâchis.
Il suffit d’aller faire un tour sur sa page Facebook pour s’apercevoir que le Golf Club de Navarrenx, ouvert en 2017, a déjà sa petite base d’inconditionnels. L’an dernier, il a enregistré 3.000 entrées. Pour son nouveau directeur Mikaël Monjoie, le chiffre s’explique en partie par une année 2018 qui « n’a pas été très bonne pour les parcours de golf en général ». Mais même si la moyenne de fréquentation des différents parcours de la région se situe autour de 12 ou 13.000 entrées, le chiffre ne paraît finalement pas si médiocre pour une première année d’exploitation… dans des conditions notoirement compliquées.
Une ancienne propriété, un beau potentiel…
Actuellement, 8 personnes sont employées in situ : 5 jardiniers et 3 personnes à l’accueil. « Il en faudrait théoriquement une vingtaine, et déjà 4 ou 5 de plus rien que pour l’entretien », commente le dirigeant, en place depuis un mois. À cela s’ajoutent les entreprises extérieures régulièrement sollicitées, ainsi que l’impact que pourrait plus généralement avoir un développement de ce parc pour l’économie locale.
Car outre le golf, qui devrait bon gré mal gré se muer prochainement en 18 trous, pourraient s’envisager la réhabilitation d’un parcours d’accrobranche apparemment plébiscité par les familles, un sentier de balade pour les VTT, voire un point de restauration, des chambres d’hôtes ou une zone de paintball. « L’idée du gérant était de faire un peu de développement économique sur une terre à laquelle il est attaché, et sur une propriété laissée à l’abandon où ne demeurait plus qu’un gardien », explique Mikaël Monjoie avec un brin d’amertume.
Car tous ces projets sont actuellement freinés par une procédure judiciaire. La DDTM réclame aujourd’hui 175.000 euros à ce golf club, au titre d’entorses à la réglementation sur l'abattage des arbres et sur l'utilisation de l'eau. Du côté de la direction du club, on reconnaît que sur la forme, « certains dossiers ont un peu traîné » et que le dialogue avec l’Administration n’a pas été des plus sereins.
[caption id="attachment_103197" align="alignright" width="246"] Le trou N°10, après[/caption]
Sur le fond, le désaccord subsiste néanmoins, qui porte d’abord sur ce que l’Administration considère comme des défrichements directs, et que le club voit comme une « remise en état d’anciens terrains agricoles ». Ensuite, les débats vont porter sur les surfaces aménagées, qui au-delà des 25 hectares nécessitent un permis. Or le club considère qu’il n’a point excédé cette limite.
Scène kafkaïenne de la vie de province ?
Procédure oblige, on ne peut évidemment commenter ce dossier dans un sens ou dans l’autre. Mais l’on peut se borner à remarquer qu’il semble difficile de documenter la composition historique de ce domaine fait de cessions et d’échanges anciens, et par-là d’appuyer une argumentation sur des mesures de surfaces fort délicates à mener et à étayer.
Le nettoyage préalable aux aménagements effectués, « réalisé aux frais du gérant » et initié il y a 6 ans, aurait en tout cas pris 2 à 3 ans, suite auxquels un architecte a été sollicité pour imaginer le parcours. « Aujourd’hui, l’on y recroise des chevreuils ou des canes, ce qui n’était pas le cas auparavant, et tout le monde s’accorde à dire que l’endroit est magnifique », ajoute Mikaël Monjoie.
A priori, puisqu’on parle moins ici d’une tour de Babel fumante en béton armé que d’un jardin golfique dans lequel les propriétaires avaient « tout intérêt à préserver l’environnement », fait d’arbres centenaires et d’un beau château, on peut se demander ce qui a conduit les parties jusqu’à ce douloureux procès, plutôt que sur le chemin plus sage et pragmatique de la conciliation.
Car quels que soient les torts qui seront ou non retenus, on comprend mal comment ils ne pourraient pas être mieux réparés par un dialogue efficace et d’éventuelles mesures correctives que par une lourde amende. Pour le jeune dirigeant, en tout cas, « ce procès menace directement la pérennité de l’activité, car compte tenu des sommes réclamées, même une décision mitigée serait extrêmement pénalisante ».
Verdict prévu début juin, avec une procédure qui pourrait bien s’allonger encore…
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