Sébastien Carré a travaillé pendant 20 ans dans le secteur de l’aéronautique, avant d’arriver au Pays basque en tant que responsable logistique. Il fait aujourd’hui partie de la Confédération des petites et moyennes entreprises des Pyrénées-Atlantiques depuis cinq ans.
« Les questions sociétales ont pénétré le monde de l’entreprise, notamment avec l’arrivée de la RSE. Après avoir vu une pièce de théâtre sur les violences intrafamiliales en juin dernier, j’ai eu un déclic : le lieu de travail est parfois le seul espace sécurisé pour les victimes. Mais il est difficile de parler de ces choses-là à son patron. Il fallait donc un outil qui puisse rester anonyme, tout en permettant aux victimes de demander de l’aide », expose celui qui a collaboré avec une petite équipe de développeurs pour mener à bien son projet.
Nommée Luciole (une petite lumière qui surgit de nulle part, dans l’obscurité), cette application peut être installée sur les ordinateurs des salariés d’une entreprise, grâce à un abonnement de 600 euros par an. Les personnes victimes de violences intrafamiliales peuvent ensuite envoyer un message crypté sur un serveur sécurisé, utilisé uniquement par les associations compétentes référencées par la Préfecture de Bayonne.
Un message sécurisé pour se faire aider
Ce message (contenant uniquement le nom, le prénom et un numéro de téléphone) ne pourra être lu que par l’association qui a choisi de traiter le dossier. « C’est une application dite aveugle, personne ne peut retracer l’origine du message et elle bénéficie de la même sécurité que les données de santé. L’idée est de donner des moyens supplémentaires et complémentaires aux associations », souligne Sébastien Carré.
En plus des entreprises, Luciole peut être installé dans d’autres espaces, tels que les mairies, les clubs sportifs, des associations diverses… Sébastien Carré souhaite également créer un label, afin de valoriser et de mettre en avant les entreprises qui utilisent Luciole.
Les bénéfices seront gérés par une fondation spécialement créée pour l’occasion. Elle en reversera une partie aux associations d’aide aux victimes de violences et à Action Logement, pour la rénovation ou la création de logements d’urgence.
En 2021, 157 500 personnes ont été victimes de violences en France, soit une hausse de 14 %. La même année, les autorités ont recensé 113 féminicides.
Noémie Besnard
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