Crédit photo Section PaloiseSi le sport professionnel a une capacité impressionnante, c'est sa faculté à toujours innover pour constamment chercher la performance optimale. Cela peut se faire grâce à de nouvelles médecines, de nouveaux outils, de nouvelles techniques, etc. Mais cela peut aussi se faire à partir d'éléments déjà existants et connus, auquel nous n'avions tout simplement pas pensé... Par exemple, allez, au hasard, aviez-vous déjà pensé à mélanger du judo et du rugby... ?
« Je n'ai rien inventé, c'est une pratique qui existe déjà notamment chez les anglo-saxons, mais c'est très rare », commence Pierre Begon, qui s'est lancé dans cette aventure après une première vie sportive dans le judo justement. « Après ma carrière, je me suis reconverti en tant que professeur d'EPS. J'ai notamment travaillé au Lycée Mermoz de Montpellier, où on m'a proposé de faire une intervention sur le judo auprès de la section rugby du lycée ». Le lien était fait entre le sport qui avait vu briller Pierre Begon, et celui de son enfance.
On peut travailler la mobilité, la capacité à tomber, à se relever…
« Je suis rapidement rentré au Centre de Formation du MHR, et très vite la bascule a été faite avec le groupe professionnel ». Une évolution possible par la présence du coach anglo-saxon de l'époque. Aujourd'hui, Pierre Begon travaille avec trois clubs professionnels dans les trois premières divisions nationales : la Section Paloise (Top 14), le SU Agen (Pro D2) et le Valence Romans (Nationale). « C'était l'objectif de travailler avec une équipe par division. Comme ça il n'y a aucun conflit d'intérêts, et le travail demandé est différent pour chaque club ».
Car l'avantage du Tatami Rugby, c'est qu'il est complètement adaptable. « On peut travailler en duo ou en groupe, on peut travailler la mobilité, la capacité à tomber, à se relever, l'appréhension au contact, etc. C'est très vaste, c'est pour cela que je suis constamment en relation avec le staff pour connaître leurs réels besoins et penser une séance adaptée ».
Ces séances sont aussi une autre façon d'aborder la préparation physique et les exercices. « Les joueurs changent d'environnement. Ils ne sont pas sur un terrain, ils voient de nouvelles têtes, et sont donc moins dans la routine. Ils sont donc plus alertes, plus concentrés, et on arrive à de meilleurs résultats ». Des résultats qui se voient ensuite lors des phases de jeu sur le terrain, dans les rucks, lors de plaquages, etc.
« À l'avenir, j'aimerais pouvoir développer cette pratique plus tôt dans la formation. Car de bons gestes et de bonnes habitudes sont plus faciles à prendre lorsque l'on est jeune plutôt que lorsque l'on a déjà d'autres habitudes ». Sollicité par des confrères préparateurs physique, Pierre Begon ne s'interdit pas non plus de développer le Tatami Rugby du côté des éducateurs, mais dans un futur plus lointain. « Je préfère d'abord terminer de développer mon activité, et d'arriver à un résultat qui me convient. Cette idée sera mise en œuvre dès que ce sera possible, mais ce n'est pour le moment pas le cas », conclut-il.
Adopté par de plus en plus d'entraîneurs de tous les niveaux, et même chez les internationaux, il n'y a aucun doute que le Tatami Rugby est l'une des innovations sportives dont on parlait en début d'article. Alors maintenant, quand vous irez au stade voir vos héros sur le terrain, vous aurez une petite pensée pour Pierre Begon, sa ceinture noire, et ses séances atypiques de rugby sur des tatamis...
Timothé Linard
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