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Solférino, un héritage impérial au cœur des Landes

Située environ à mi-distance entre Mont-de-Marsan et Biscarrosse, cette commune a été fondée par Napoléon III au milieu du XIXe siècle. L'idée était d'en faire une cité idéale, pour y développer des projets innovants, aussi bien sur le plan social qu'agricole...
L'avenue centrale de Solférino.Photo : DR.
Aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de cette époque, si ce n'est l'avenue centrale de ce qui était le domaine impérial de Solférino, l'Église Sainte-Eugénie, et la ferme de Pouy. Un héritage que la commune souhaite revaloriser...
La Ferme de Pouy.
Photo : DR.

Dans les Landes, la marque de Napoléon III est on ne peut plus visible. En effet, bien qu'il ne soit pas à l'origine de l'idée, c'est sous son impulsion que la Forêt des Landes que l'on connaît aujourd'hui a été semée. Mais l'héritage de son règne peut également être trouvé ailleurs, comme par exemple dans le village de Solférino, au cœur du département. Un nom qui résonne l'impérialisme français, puisqu'il fait écho à la bataille éponyme de 1859, pendant laquelle le 34e régiment d'infanterie, installé à Mont-de-Marsan, s'était illustré. Un hommage volontaire de la part de l'Empereur, créateur de la cité.

En effet, c'est suite à une volonté personnelle de Napoléon III que la commune est fondée. En 1857, il achète avec ses propres deniers, près de 8 000 hectares d'un terrain inculte situé à cheval sur 7 communes : Commensacq, Escource, Labouheyre, Lüe, Morcenx, Sabres, et Onesse-et-Laharie. Une situation géographique réfléchie, puisque la future commune s'imbriquerait alors idéalement dans un projet de voie ferrée reliant Bordeaux et l'Espagne, déjà dans la tête de l'Empereur depuis quelques années.

L'église Sainte-Eugénie.
Photo : DR.

C'est en 1863 que le village de Solférino est ainsi créé. D'abord, dix maisons identiques sont construites, de part et d'autre d'une allée centrale au bout de laquelle on retrouve une église. Un plan parfaitement symétrique souhaité par Napoléon III. Au-delà de cet axe majeur, 28 autres demeures sont édifiées. Celles dans le centre-bourg sont destinées aux artisans, quand celles plus éloignées seront occupées par des ouvriers agricoles. Car l'idée de ce nouveau village était d'être un centre d'expérimentation pour de nouvelles méthodes agricoles.

Initialement, ce sont 14 fermes expérimentales qui devaient voir le jour. Seulement neuf sortent finalement de terre, dont la Ferme de Pouy, encore debout aujourd'hui, et classée monument historique depuis 2010. Dans les différentes exploitations, on y essayait des techniques d'agriculture, et on y cultivait également des produits importés en vue de les implanter localement : de la betterave de Finlande, du Quinoa du Pérou, et d'autres produits d'Asie, d'Afrique, etc.

Au-delà de cette dimension agricole, Solférino devait également revêtir le rôle d'une « cité idéale ». Napoléon III souhaitait y soutenir le progrès social, et faire de la prospérité un axe central de la vie de la commune. Par exemple, chaque habitant recevait en guise de cadeau de bienvenue, une avance de semences pour ses champs, ainsi que de l'engrais, des outils, et même des animaux. L’hébergement y était gratuit, à la condition d'un total de 75 jours de travail par an sur le domaine impérial. Et cerise sur le gâteau, au bout de 10 ans, les habitants pouvaient devenir usufruitiers de leurs demeures.

Malheureusement, le projet de Solférino prend un coup à la chute de l'Empire, en 1870, puis un second, qui lui sera quasi fatal, en 1873, à la mort de Napoléon III. Car bien qu'il n'était pas sur le site, et que ce dernier était géré par Henri Crouzet, ingénieur de renom, l'Empereur en était l'instigateur. Le domaine revient alors naturellement à l'Impératrice Eugénie. Puis à son décès, le lieu change de main, et passe entre celles de la famille Schneider, puis des familles Rosanbo et Dufort, toutes deux descendantes de la famille Schneider.

Mais alors que reste-t-il de tout ça aujourd'hui ? L'allée centrale et les maisons d'artisans sont toujours présentes, tout comme l'église Sainte-Eugénie, et la Ferme du Pouy. Le domaine est d'ailleurs classé site patrimonial remarquable depuis 2016. Mais c'est à peu près tout... La demeure de Napoléon fut transformée en musée à sa mort, mais il fut fermé dans les années 1990 pour des raisons de sécurité. Et c'est bien dommage, car Solférino est un joyau de la marque de l'Empereur dans les Landes, mais aussi plus largement de l'urbanisme de l'époque, puisque ce village est le domaine napoléonien le mieux conservé de l'Hexagone.

En ce sens, la commune souhaite revaloriser cette histoire. Depuis 2018, la famille Dufort a ainsi cédé à la commune des parcelles. Dans le courant de l'année, des travaux devraient être entrepris pour permettre au lieu d'être visitable par les touristes : voie douce le long de l'axe majeur du domaine, aire de stationnement, panneaux informatifs, etc. Un projet de 850 000 euros, porté par le Département des Landes, la DETR, l'Agence de l'eau, et la mairie. D'un autre côté, l'association Napoléon III et le XXIe siècle, créée en 2018, a l'objectif de préserver et restaurer des lieux de la commune. De quoi redonner ses lettres de noblesses à un petit village de 350 habitants, qui porte pourtant derrière lui un héritage unique en son genre...

Timothé Linard

Plus d'informations sur l'association Napoléon III et le XXIe siècle

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