De nombreux élus et entrepreneurs sont attendus au théâtre Michel-Portal de Bayonne, ce 12 février, à l’invitation de la Communauté Pays Basque ? Ces 3e Rencontres ont donc choisi pour thème : « Transfrontalier : la voie/x des territoires », de quoi coller avec l’actualité. L’objectif est d’évoquer les enjeux et perspectives qu’ouvre le développement des relations transfrontalières. Au-delà des réflexions stratégiques, la journée voudra entrer dans le concret.
Pour plus d’Europe ?
Une première table ronde réunira les exécutifs des grandes institutions engagées dans l’enjeu transfrontalier, Jean-René Etchegaray, Imanol Pradales, Eider Mendoza, Alain Rousset, Jean- Jacques Lasserre, sur le thème : « Plus de décentralisation pour plus d’Europe ». Quel rôle que peuvent jouer les territoires transfrontaliers : sont-ils une réponse aux interrogations actuelles des citoyens ? Faut-il renforcer leurs moyens d’action pour être au plus près des besoins des habitants ?
Pour Alain Lamassoure, ancien ministre des Affaires européennes, « le sujet amène deux réflexions. La première est de savoir comment l’Union européenne pourrait mieux prendre en compte les territoires transfrontaliers, alors qu’aucune assemblée ne les représente et qu’il peut y avoir conflit de compétences entre l’Union, les États et les régions ».
La deuxième réflexion porte sur leur statut. « Si l’on veut qu’ils soient des lieux d’action commune, de pouvoir et éventuellement d’identité spécifique, il faut leur donner des moyens juridiques. Tant qu’on ne franchira pas cette étape, les relations transfrontalières resteront sur la base des coopérations et sur la capacité à financer quelques projets ».
Cette journée mettra à l’honneur Miren Arzalluz. Sa récente nomination à la tête du Musée Guggenheim à Bilbao vient couronner un parcours européen exemplaire et un retour au Pays Basque, sa terre natale. Conservatrice et historienne de l’art, elle est diplômée de l’Université́ de Deusto, puis de la London School of Economics et du Courtauld Institute of Art de Londres. De 2006 à 2016, elle a dirigé le musée Cristobal Balenciaga à Getaria. Puis, elle est devenue directrice du Palais Galliera en 2018 à Paris, où elle a œuvré pour rendre accessible au plus grand nombre l’histoire de la mode. Les coopérations européennes et internationales n’ont eu de cesse de jalonner son parcours.
Pour une montagne vivante ?
« Plusieurs de nos territoires partagent leur bassin de vie par-delà une frontière invisible, essentiellement autour du pastoralisme. C’est le cas pour nous avec le pays de Xareta, comme aux Aldudes avec le Kintoa. C’est notre vie quotidienne », rappelle Battit Laborde, maire de Sare et conseiller délégué à la montagne basque.
Ainsi, « Gure Mendia a permis de sensibiliser l’État au fait qu’on pouvait adopter des règlements communs avec la Navarre. Nous portons des initiatives partagées sur cet espace commun, où l’on s’alimente de l’expérience des uns et des autres. Les liens et relations tissés avec nos homologues navarrais sont essentiels pour faire naître des projets ».
La deuxième table-ronde se penchera sur une question majeure : quels outils de coopération transfrontalière mettre en œuvre pour une montagne vivante ? Elle s’appuiera sur des expériences locales de l’Ariège aux Vosges, comme sur celles déjà initiées localement, à l’instar du groupe de travail Gure Mendia pour une gestion partagée du massif de la Rhune.
Sans oublier les Fêtes…
Les relations humaines sont aussi au cœur des manifestations les plus emblématiques de la culture basque : les grandes fêtes qui, de Bayonne à Pampelune, de Bilbao à Vitoria-Gasteiz, réunissent des dizaines de milliers de personnes traversant les frontières. Ces moments de rassemblement collectifs sont confrontés aujourd’hui à des évolutions sociétales qui, sans les remettre en question, sont à considérer.
Dès lors, quel modèle imaginer pour nos fêtes ? Les maires de Bayonne, Bilbao, Pampelune et Vitoria-Gasteiz en débattront lors de la troisième table ronde, éclairée du regard de Philippe Steiner, sociologue, professeur émérite de sociologie à Sorbonne Université.
Pour l’auteur de « Faire la fête : sociologie de la joie », passionnante étude des Fêtes de Bayonne, « la fête au Pays basque est un lieu qui permet de vivifier et de montrer la vitalité de la culture locale. C’est aussi un moment d’appropriation de l’espace public qui permet à des groupes sociaux de mettre en avant collectivement une identité ».
Pour le sociologue, la dimension économique ne doit pas être oubliée. « Dans un contexte de finances publiques locales contraint, l’équilibre économique est essentiel au maintien de la dynamique festive, qui est le point de convergence de diverses considérations économiques. »
Plus d’informations sur le site de la Communauté Pays Basque
Vers une monnaie locale transfrontalière…
Depuis 12 ans, l’eusko s’est imposé comme la monnaie locale du Pays Basque nord, qui vise à renforcer l’économie locale, soutenir les circuits courts, et encourager l’utilisation de la langue basque. L’association Euskal Moneta travaille désormais à la création d’une monnaie locale transfrontalière, à l’échelle de l’ensemble du Pays Basque, incluant les territoires de Hegoalde (Pays Basque sud).
Ce projet veut contribuer à « répondre aux enjeux spécifiques d’un territoire transfrontalier : renforcer les liens économiques entre le nord et le sud, faciliter les échanges locaux, et promouvoir une économie plus résiliente et durable ».
Désormais, ce développement est coordonné par Luix Intxauspe Arozamena. « Un travail de terrain a été entamé sur les communes de Baztan en Navarre et du côté d’Oarsoaldea en Gipuzkoa. En Iparralde, un questionnaire est toujours disponible pour enrichir la réflexion collective et vérifier l’intérêt pour une telle démarche ».
Le projet en Hegoalde a pris le nom de « Gizartearen Moneta » (la monnaie du peuple, de la société).
Pour rappel, la monnaie basque qui a créé sa carte, Euskokart et lancé son application de paiement, Euskopay, est la 1ère monnaie locale d’Europe par l’importance de son réseau (4000 utilisateurs particuliers, 1400 professionnels, 38 communes adhérentes) et le volume des transactions (6,5 millions d’eusko en 2024). Aujourd’hui, 4 millions d’eusko sont en circulation. De plus, 390.000 eusko ont été distribués à 70 associations, via le Don 3% eusko.
Informations sur le site internet d’Euskal Moneta.
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