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ICI, ON PRODUIT LA VIEResak : le design naît du recyclé

À Anglet, l’association Resak prouve qu’un déchet n’est pas une fin, mais un début. Une aventure collective et engagée, portée par l’idée que produire localement, c’est produire la vie.
L'équipe de Resak, avec à gauche, Lili Costes, la co-fondatrice
Resak DR
Cette association s’inscrit pleinement dans le mouvement inédit que PresseLib’ Pays Basque initie : « ICI, on produit la vie », pour mettre en avant chaque mercredi les femmes et les hommes qui produisent ICI et qui produisent ainsi de la vie ICI.
Kokatu, la toute dernière gamme de produits élaborés par Resak
Resak DR

Née en 2019 de l’initiative de six habitants du Pays basque décidés à agir face à la pollution plastique, elle donne aujourd’hui une seconde vie à ces matériaux en les transformant en mobilier design. « Tout a commencé avec un simple constat : nos plages et nos territoires étouffaient sous le plastique », se souvient Lila Costes, cofondatrice et directrice de Resak.

L’histoire démarre entre voisins et amis, réunis par la même préoccupation environnementale. Inspirés par le mouvement Precious Plastic, ces six citoyens décident d’agir, ici, sur leur propre territoire. De cette énergie collective naît Resak, association dédiée à la revalorisation des plastiques et à la sensibilisation du grand public. « Dès le départ, on a voulu prouver qu’on pouvait agir localement sur un problème global, avec des outils accessibles et une logique de partage », résume Lila.

L’atelier s’équipe alors de machines low-tech capables de broyer, fondre et presser les déchets plastiques pour les transformer en plaques de matière 100 % recyclées et recyclables.

Éduquer pour mieux produire autrement

Aujourd’hui installée à Arkinova, pôle d’innovation basque à Anglet, l’équipe compte deux salariés à temps plein et un alternant, épaulés par une communauté de bénévoles. Mais l’impact dépasse les murs de l’atelier : près de 7 tonnes de plastique ont déjà été détournées de l’enfouissement. « Ce que nous essayons d'expliquer, c'est que l'enjeu plastique, il se joue partout et surtout en amont, parce qu'une fois qu'il est sur nos littoraux ou dans l'océan, c'est un peu trop tard pour agir. Donc nous essayons de travailler vraiment à la source. », explique Lila Costes.

Tables, panneaux décoratifs, comptoirs ou objets sur mesure : les créations de Resak séduisent aussi bien les collectivités que les artisans, les cafés et les écoles du territoire. « Notre but, c’est de rendre justement les déchets dont personne ne voulait, les rendre beaux et design »

Car pour Resak, la transformation ne se joue pas seulement à l’atelier. L’association a déjà sensibilisé plus de 12 000 personnes à travers des ateliers, des interventions scolaires et des animations sur les marchés en partenariat avec Bil Ta Garbi. « Le recyclage, ce n’est pas une solution magique, c’est une étape. Pour réduire la pollution plastique, il faut d'abord réduire et ensuite recycler ce que l'on a pas pu réduire. », insiste Lila.

Cette dimension pédagogique est au cœur du projet. Resak collabore avec l’ESTIA, le lycée Cantau, Isa BTP et d’autres établissements du territoire pour former les jeunes aux enjeux de l’économie circulaire. « Le but, c'est aussi d'apporter de l'emploi et de prendre part à l'éducation en local. »

Un modèle d’économie circulaire territoriale

Resak réalise tous types de mobilier
Resak DR

Chez Resak, la beauté n’est pas un détail : elle est un moteur de changement. « Le design est essentiel : en disant « en fait, je suis beau, mais je suis fait en déchets », le design peut aussi faire oublier ce côté-là et donner juste le plaisir d'avoir un objet beau à la maison mais éthique. »

C’est dans cet esprit que l’association a récemment présenté Kokatu, un objet design et fonctionnel conçu à partir de plastique recyclé et de bois de réemploi. Acheter une boîte Kokatu permet de détourner près de deux kilos de plastique de l’enfouissement, faisant de chaque acquisition un geste concret pour l’environnement.

L’objectif : prouver que l’économie circulaire peut rimer avec désirabilité et créativité, et pas seulement avec contrainte. Resak collabore avec des partenaires institutionnels et privés pour renforcer son ancrage territorial : Suez, Bil Ta Garbi, mais aussi de nombreuses collectivités locales et entreprises. « Notre rôle c'est d'être complémentaire à ce qui existe déjà. On a Bil ta Garbi qui travaille sur la partie des ordures ménagères, on a des industriels comme Suez, des acteurs sur le territoire sur des déchets de masse, des industriels et il y a une fenêtre de tir entre les deux où une partie des gisements passe un peu à la trappe parce qu'ils ne rentrent pas dans les cases des process habituels »

Cette logique de coopération illustre une autre manière de penser la production : plus horizontale, plus humaine, plus ancrée. « Le Pays basque a cette force : notre but étant d'être complémentaire à un syndicat mixte ou aux industriels et de travailler avec eux puis de dire là où vous n'arrivez pas à aller, comment on peut essayer d'y aller ou comment on peut s'entraider. »

Chaque produit réalisé par Resak est obtenu grâce aux granules de plastiques récupérés

De l'emploi durable

Resak n’a pas de mal à susciter des vocations. « On reçoit beaucoup de candidatures, raconte Lila. Les gens veulent rejoindre des projets porteurs de sens. Ce qui est difficile, c’est de consolider le modèle économique. Notre priorité, c’est de vendre nos produits pour pérenniser les emplois existants et en créer d’autres. »

Car produire la vie, c’est aussi cela : créer de l’emploi durable, local, cohérent avec les valeurs du territoire. « Aujourd’hui, Resak, c’est deux emplois permanents, un alternant, et tout un écosystème qui gravite autour », souligne-t-elle. L’association montre ainsi qu’un projet écologique peut être aussi une aventure économique, sociale et humaine.

Pour Lila Costes, le nom de la rubrique « Ici, on produit la vie » résonne particulièrement. « C’est exactement ce qu’on essaie de faire, dit-elle. Produire autrement, ici, au Pays basque. Réduire la pollution, sensibiliser, créer de l’emploi. Relier écologie et social, parce que l’un ne va pas sans l’autre. »


Sébastien Soumagnas

Un défi majeur à relever ensemble…

Plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui produisent au Pays Basque montrent la voie. On pense souvent à quelques fleurons industriels, à des grands groupes, mais une multitude de femmes et d’hommes font partie de l’aventure production, avec des structures de toutes tailles. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Tous méritent d’être encouragés.
 
A travers cette rubrique « ICI, on produit la vie », PresseLib’ veut animer une communauté, en favorisant des solidarités, en encourageant la partage d’expériences, en incitant aux transmissions, en faisant bouger les lignes, en faisant émerger des solutions nouvelles… Bref, en créant une dynamique inédite.

Participez !

Ce nouveau rendez-vous est celui d’une communauté, engagée pour défendre et valoriser les emplois de production.

Rejoignez le mouvement ! 

Vous êtes un acteur de la production locale ? Faîtes-vous connaître en envoyant un message à redaction@presselib.com

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