Selon les autorités espagnoles, la progression du tourisme chez nos voisins est en forte hausse depuis plusieurs années, au point d’être en passe de devenir la première destination mondiale, devant la France qui a reçu 98 millions de visiteurs en 2023.
La péninsule ibérique enregistre la venue d’un nombre de plus en plus grand de personnes en provenance du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne Elle bénéficie également avec une fréquentation en hausse sensible hors des périodes de vacances, mais aussi d’une offre plus qualitative et plus diversifiée.
Les retombées économiques sont très consistantes avec 126 milliards d’euros de recettes, contre 108 milliards il y a un an. Le tourisme représente 14% du produit intérieur brut (PIB) du pays et génère 13% de la totalité des emplois.
Le risque du surtourisme…
Si cette manne fait le bonheur de nombreux acteurs locaux, ainsi que des collectivités territoriales, l’affluence déclenche des crispations fortes au sein de la population sur les sites les plus prisés.
Par exemple, l’ambiance est particulièrement tendue aux îles Canaries qui reçoivent 17 millions de visiteurs chaque année dernière. Dans cet archipel au large du nord-ouest de l’Afrique, des collectifs d’habitants ont déjà sonné la révolte en alertant sur un « développement suicide ».
A Barcelone et en Catalogne, à Málaga comme en Andalousie, aux Baléares… les manifestations se multiplient inquiétant les autorités locales. Les habitants dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels au profit des boutiques touristiques, mais aussi et surtout la flambée des loyers. Du coup, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures spectaculaires, comme Barcelone, qui compte ne pas renouveler les licences de 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.
À Saint Sébastien, la protestation monte contre les vagues de visiteurs qui déferlent et s’amplifient au fil des ans. La municipalité a pris des mesures pour tenter de protéger le centre-ville en limitant les possibilités d’hébergement, mais aussi en interdisant les groupes de plus de 25 touristes. La saturation menace et les habitants s’énervent...
En 2023, la Concha a reçu plus d’un million de visiteurs (+11% sur un an). Résultats, les ruelles de la vieille ville sont souvent saturées, les bar à tapas pris d’assaut au grand dam des habitués, les restaurants sont submergés, la plage est bondée, les parkings complets…
Dans cette Parte Vieja, décrétée « zone saturée », la municipalité a décidé d’interdire toute création d’hôtel et de meublé saisonnier. Une mesure qui a été, depuis, étendue à toute la commune.
Parmi les nouveautés, le verrouillage des visites guidées : les groupes ne doivent pas dépasser 25 personnes et elles ne sont plus autorisées après 23 heures. Le débat est lancé autour des nombreuses problématiques liées à la surfréquentation pendant les périodes de vacances et certains week-end. La flambée des prix de l’immobilier n’est pas la moindre. Mais, le tourisme n’est pas la seule activité responsable de la saturation.
L’attractivité de Saint-Sébastien attire aussi de nombreux retraités guipuzcoans qui ont choisi de s’y installer. De plus, l’important développement économique de toute la Communauté autonome et l’installation de grands groupes a sensiblement contribué à cet afflux de population.
La tension monte particulièrement à l’heure des pintxos dans les bars du vieux Saint-Sébastien. Certains établissements imposent désormais de remplir une fiche en cochant les tapas désirées, pour débiter davantage… De quoi agacer les Donostiar qui avaient l’habitude d’avoir seulement à pointer du doigt leur choix et de payer au nombre de cure-dents dans leur assiette.
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