Les Landes ne manquent pas de bois, mais elles ont surtout de la suite dans les idées. Du 22 au 24 octobre, Mont-de-Marsan a accueilli la 14ᵉ rencontre technique du Groupement de Recherche « Sciences du bois », un événement majeur réunissant plus de 200 chercheurs, enseignants, doctorants et industriels venus de toute la France, et même d’ailleurs. Objectif : faire le point sur les avancées scientifiques, partager les découvertes et bâtir les projets de demain autour d’un matériau qui n’a pas fini de faire parler de lui.
Dans ce contexte, le Département des Landes a rappelé à quel point la filière bois constitue un pilier de son identité et de son économie. Car ici, le pin maritime n’est pas seulement un symbole : il est aussi un moteur d’innovation, d’emploi et de durabilité.
Le Département, soutien solide comme un chêne
Le Conseil départemental ne se contente pas d’admirer ses forêts : il y investit, au sens propre. Premier engagement concret : le soutien à l’Institut Universitaire Technologique (IUT) de Mont-de-Marsan, rattaché à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA).
Chaque année, la collectivité accorde plus de 320 000 euros à l’établissement, dont 226 000 euros spécifiquement dédiés aux allocations de recherche. Ces fonds nourrissent la sève de la connaissance : jeunes chercheurs, ingénieurs et doctorants explorent, dans le département Sciences et Génie des Matériaux, les multiples facettes du bois et des matériaux biosourcés. Ce travail contribue directement à relier le monde académique aux besoins des entreprises, transformant la recherche en innovation, et les idées en débouchés concrets.
Dans les Landes, la science du bois ne reste pas sur papier : elle pousse sur le terrain.
Entre 2019 et 2023, le Département a planté une autre graine prometteuse : 500 000 euros investis pour soutenir la Chaire Bois, en partenariat avec l’UPPA et Xylomat, sur le site d’Agrolandes. Cette initiative a permis de structurer la recherche autour du bois et des composites biosourcés, tout en renforçant l’ancrage scientifique du territoire.
Grâce à cette chaire, des projets innovants ont vu le jour, à l’image de colles biosourcées fabriquées à partir d’amidon de maïs ou de kératine de plumes de canard. Une chimie verte, locale et audacieuse, qui illustre parfaitement la volonté landaise de valoriser ses ressources sans les épuiser.
Xylomat 2 : un nouveau tronc commun
Mais les Landes ne s’arrêtent pas là : la deuxième génération du projet Xylomat est déjà sur la planche à dessin. Prévu pour 2026, Xylomat 2 s’annonce comme un véritable pôle de recherche et d’innovation dédié au bois et aux matériaux biosourcés, implanté sur le technopôle Agrolandes, à proximité de l’Agrocampus.
D’un montant global de 5 millions d’euros, cofinancé par l’État, la Région et le Département, ce futur centre rassemblera enseignants-chercheurs, doctorants, étudiants et start-up autour d’un même objectif : faire pousser des solutions concrètes pour les industriels locaux. Le bâtiment abritera notamment la plateforme Xylomat d’UPPATECH, dotée d’équipements scientifiques de pointe pour caractériser, analyser et fabriquer de nouveaux produits bois et composites. En clair, un outil de transfert technologique pensé pour rapprocher les laboratoires et les scieries, les ingénieurs et les menuisiers, les chercheurs et les entreprises.
Le projet Xylomat 2 ne pousse pas en solitaire. Il s’inscrit dans un réseau déjà dense d’acteurs complémentaires : Agrolandes, Domolandes et leur GIP commun, véritables chevilles ouvrières du développement économique local. Pour Xavier Fortinon, président du Département des Landes, cette dynamique collective symbolise une stratégie claire : « Le GIP Agrolandes, créé avec le soutien du Département, incarne cette volonté d’innovation partagée permettant à la fois de coordonner les initiatives, de mutualiser les moyens et de créer des passerelles entre les mondes académique et économique. Grâce à cette structure, des projets collectifs d’innovation voient le jour entre entreprises, laboratoires et établissements d’enseignement supérieur. »
Et d’ajouter : « En soutenant la filière bois et la recherche appliquée, le Conseil départemental des Landes fait le choix stratégique du développement économique durable, fondé sur la science, la jeunesse et l’innovation. Nous faisons du savoir et de la recherche un levier concret de compétitivité pour nos entreprises et notre territoire. »
Le bois au cœur de la recherche
Les rencontres du GDR « Sciences du bois » illustrent la vitalité de cette filière en perpétuelle évolution. Sous l’égide du CNRS et de l’INRAE, ce réseau fédère 56 équipes de recherche à travers la France, unies par un même objectif : comprendre, valoriser et innover autour du matériau bois.
Durant trois jours, à Mont-de-Marsan, les échanges ont porté sur la physique, la chimie, la biologie et la mécanique du bois, mais aussi sur ses usages industriels et environnementaux. Près de 200 chercheurs français et une vingtaine de scientifiques internationaux ont croisé leurs regards, leurs microscopes et leurs idées pour que le bois continue d’inspirer les ingénieurs et d’alimenter les usines.
Dans un monde en quête de durabilité, le bois reste une matière à penser autant qu’à travailler. Et dans les Landes, où le massif de Gascogne couvre les trois quarts du territoire, il est surtout une ressource identitaire qu’on protège, qu’on valorise et qu’on fait grandir. De la recherche fondamentale aux applications industrielles, le Département des Landes s’impose comme l’un des moteurs de la filière bois française.
À Mont-de-Marsan, entre les mains des chercheurs, des ingénieurs et des étudiants, le bois devient plus qu’un matériau : un symbole d’équilibre entre innovation et nature.
Sébastien Soumagnas
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