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Rencontre avec… Jean-Louis Rodrigues, président d’EuroSIMA

La planète glisse veut surfer sur l’émergence de nouveaux besoins et l’évolution des comportements. L’avenir est dans l’alliance nature, bien-être, sports…
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EuroSIMA est une association professionnelle pas comme les autres, toute en créativité et tournée vers l’innovation. Avec ses 180 entreprises adhérentes, employant 4.000 personnes et réalisant 1,8 milliard de chiffre d’affaires, elle représente une filière majeure ici.

Jean-Louis Rodrigues, après un parcours exceptionnel, dans ce secteur a choisi d’apporter en 2019 toute son expérience et son talent à l’œuvre commune, EuroSIMA.

Fils de commerçant biarrot, il a débuté sa carrière chez Go Sport puis chez Reebok avant de revenir dans le Sud-Ouest pour prendre la direction des ventes puis du retail chez Quiksilver Europe. En 2001, Jean-Louis Rodrigues prend la direction générale de la marque O’Neill pour l’Europe du Sud. Sept ans plus tard, il rejoint Billabong, puis devient directeur général du groupe GSM Europe en 2013 (Billabong, Element, RVCA, Von Zipper, Xcel).

En 2017, avec le rachat de Billabong par le géant mondial Boardriders (Quiksilver, Roxy, DC…), Jean-Louis Rodrigues devient directeur général wholesale Europe Moyen Orient du groupe. Elu président d’EuroSIMA en 2019, il s’investit depuis pleinement dans ses fonctions auprès de l’association européenne des industriels des Action Sports.

Quelles ont été les priorités d’EuroSIMA depuis le début de la crise sanitaire ?

Jean-Louis Rodrigues - Dès le premier confinement, nous avons mis en place un groupe d’alerte et de soutien sur l’Europe, avec notre présence en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse… Avec des adhérents très divers, allant du grand groupe international à la petite startup locale, nous avons développé une palette d’interventions à tous les niveaux : conseils sur l’évolution des process, sur le plan financier et les aides, sur l’organisation du télétravail… Les situations étaient très différentes. Par exemple, certaines entreprises étaient en pleine période de réception des matériels et accessoires pour la période printemps-été.

D’autres interventions ?

J-L. R. – Oui. J’en citerai trois différentes qui illustrent bien l’étendue de nos actions. D’abord, il faut souligner la qualité de la collaboration avec les autorités locales et particulièrement avec la Préfecture. Nous faisons un état des lieux hebdomadaire qui permet d’être particulièrement réactif. Ensuite, on peut rappeler la mise en route très rapide de la fabrication de masques, principalement chez un de nos adhérents à Peyrehorade. Les 47.000 unités produites ont couvert les besoins de la filière. Enfin, je veux citer notre intervention pour obtenir la réouverture des plages au printemps dernier. L’enjeu était de bien faire comprendre à quel point nous étions un écosystème qui ne pouvait pas fonctionner sans la pratique du surf ; mais aussi de faire mesurer l’absurdité d’interdire l’accès à ces vastes espaces naturels.

Vous vous êtes rapprochés de l’Union Sport & Cycle…

J-L. R. – Autant, l’importance de notre filière est très largement prise en compte en Nouvelle-Aquitaine, autant nous avions du mal à nous faire entendre dans les instances nationales et les ministères. D’où la collaboration avec l’USC, qui est la première organisation professionnelle du secteur du sport et des loisirs. C’est une alliance stratégique pour peser davantage sur le plan national, mais aussi pour réunir nos savoir-faire et nos expertises. Notre première action commune pour obtenir la réouverture des plages a montré la voie.

Vous pensez aller plus loin avec l’USC ?

J-L. R. – Dans cette coopération, EuroSIMA garde bien entendu son ADN. Nous avons signé une première convention test sur deux ans en affinant des priorités. Parallèlement, je participe à la commission sports de nature et sports de glisse, ainsi qu’à la commission stratégique de l’USC avec des perspectives de chantiers communs d’envergure. Par exemple, l’organisation d’une chaîne vertueuse commençant avec la récupération des produits et matériels, puis leur déstructuration et leur traitement, avant une remise en circulation. Nous nous projetons sur ce que la filière pourra faire dans les 20 prochaines années, en travaillant également avec les principaux acteurs de la distribution.

Comment voyez-vous les prochains mois ?

J-L. R. – Nous voulons rester confiants. En 2020, nous avons fait une très belle saison d’été, avec des ventes records pour certaines enseignes. Les magasins liés à la pratique du sport ont fait de très beaux scores, se retrouvant parfois en rupture de stock. Inversement, les enseignes généralistes liées au textile, implantées principalement dans les métropoles ont davantage souffert. Les fêtes de fin d’année se sont bien passées avec l’explosion du e-commerce. D’où l’importance pour les entreprises d’accélérer la maîtrise et la pratique du commerce en ligne.

Vous êtes une filière jeune et inventive. L’avenir vous appartient…

J-L. R. – C’est effectivement une chance à saisir, dans cette période d’indispensable remise en cause. Nous avons effectivement dans nos rangs des talents, jeunes et enthousiastes, qui font preuve d’une grande créativité. Ils ont une capacité d’entraînement qui peut et qui doit bénéficier à tout le secteur. D’autant plus que nous avons aussi une grande opportunité à saisir en nous trouvant au carrefour de la nature, du bien-être et du sport. A nous de coller à l’évolution des attentes des gens, aux changements de comportements. A nous d’anticiper avec des approches innovantes pour amplifier le mouvement.

Quel est votre positionnement en termes de responsabilité sociétale, de RSE ?

J-L. R. – Au-delà des points déjà évoqués, nous travaillons à la relance de la fabrication ici et dans l’hexagone, avec le développement des produits organiques et en utilisant les atouts du « made in France ». Nous collaborons aussi avec la communauté de communes MACS autour de la création d’une pépinière et d’un hôtel d’entreprises sur la zone Pédebert à Hossegor ; l’objectif est de favoriser l’éclosion de startups et d’attirer de nouvelles entreprises sur les 2/3 prochaines années. Nous travaillons aussi avec Handisurf et l’Union nationale des entreprises adaptées avec la volonté de faire émerger des initiatives inclusives. Il y a clairement des passerelles à renforcer entre les institutions et le monde économique pour générer des impacts multiples et positifs sur le territoire.

Vous êtes aussi un acteur de la sécurité sur le littoral…

J-L. R. – Nous avons déjà mené de nombreuses actions sur le plan sécuritaire, en collaboration avec les maîtres-nageurs. Les surfeurs interviennent régulièrement pour éviter des accidents et des noyades ; là où ils sont présents, la sécurité est plus forte. Nous avons prévu de nous investir de plus en plus dans l’information des visiteurs et des touristes pour mieux leur faire connaître les dangers liés à l’océan, et surtout mieux comprendre les précautions élémentaires à prendre.

EuroSIMA est une association atypique ?

J-L. R. – Depuis le début. Déjà parce que ce collectif s’est construit à partir de sports très individualistes. Avec beaucoup de pragmatisme et d’adaptabilité. Le regroupement de petits surf-shops a été rejoint par des géants de la glisse, et cette transformation s’est faite dans le respect de chacun. L’association est à l’image de ce territoire historique où les sièges européens des plus grandes marques côtoient un foisonnement de jeunes pousses hyper créatives. Quelque part, c’est la culture de l’innovation qui est le facteur fédérateur et notre organisation s’inscrit totalement dans ce positionnement. Comme en témoigne notre appel à projet qui veut mettre en évidence des initiatives innovantes et éco-responsables.

Les JO à Tahiti : la frustration est grande ?

J-L. R. – C’est vraiment dommage. EuroSIMA s’était positionné avec Biarritz et Hossegor. Nous avions coché toutes les cases pour l’emporter. J’avoue que nous n’avons pas compris la logique de la décision qui va se traduire par le transport de 2.000 personnes en avion jusqu’à Tahiti, sur un site qui manque de capacité d’accueil avec une vague en pleine mer… Ici, les retombées auraient été majeures pour le territoire mais aussi pour toute la filière.

Et qu’en est-il du Pro France ?

J-L. R. – La WSL a décidé de changer de format et de dates. Finalement, elle va créer une compétition intermédiaire : le Challenge Series, qui aura le mérite de permettre d’intégrer beaucoup mieux des surfeurs locaux. C’est une évolution qui peut être très positive. Nous avons commencé par valider que les sponsors principaux, Quiksilver et Roxy, suivraient. Ensuite, la réputation mondiale de la vague d’Hossegor à l’automne nous rendent optimistes quant à la capacité d’attirer les stars de la discipline.

Votre point de vue sur les parcs à vagues ?

J-L. R. – Chaque projet est spécifique et représente un cas de figure particulier. Ce type de dossier est complexe, avec une sensibilité très forte par rapport à l’environnement. Il est clair qu’il faut aussi apporter des réponses solides au niveau de l’eau, de l’énergie, de l’emploi… Chaque site doit avoir une raison d’être majeure. Par exemple, apporter cette pratique de la glisse dans des grandes métropoles où les gens n’ont pas accès facilement à la mer. Ou encore, se donner une vocation pour éduquer les enfants, pour les former et les sensibiliser à la sécurité. Les technologies progressent vite et ouvrent de nouvelles perspectives.

Votre conclusion ?

J-L. R. – J’insiste sur ce que j’ai déjà souligné. L’univers de la glisse est face à une formidable opportunité. C’est un secteur jeune, inspiré et boosté par de nombreux jeunes particulièrement créatifs : il a l’avenir pour lui. Notre filière, qui se veut résolument responsable, a encore plus de sens aujourd’hui avec les valeurs qu’elle porte : entre nature, bien-être et sport.

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