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Aéronautique : le plan de sauvetage dévoilé

Ce mardi matin, Bruno Le Maire a annoncé un plan de soutien de plus de 15 milliards d’euros pour cette filière. Un tiers des emplois de la filière serait dans la balance...
Bonne nouvelle : Airbus va passer le cap des 600 avions
Outre les 7 milliards d’aides déjà accordées à Air France, ce plan va inclure un financement public de la R&D sur la transition énergétique, un fonds d’investissement pour PME et ETI ainsi que des commandes anticipées du ministère des Armées.

C’est officiel : on connaît désormais les grandes lignes du plan de soutien de l’État aux entreprises du secteur aéronautique, pour la plupart durement touchées par la crise actuelle.

L’activité d’Airbus et de Safran, nos grands donneurs d’ordres, aurait respectivement chuté de 40 et 50%. L’avionneur européen, qui compte 48.000 salariés en France, n’a enregistré aucune commande en mai. Il n’aurait livré que 24 appareils le mois dernier, contre plus de 80 en mai 2019. Pas moins de 66 commandes auraient été annulées depuis le début de l’année. Principale consolation : son carnet de commandes est toujours plein de 7.621 appareils.

« La crise sanitaire a mis un coup d’arrêt à la croissance du secteur aéronautique. Nous devons à tout prix éviter un décrochage de notre industrie face à la Chine et aux Etats-Unis », a expliqué ce mardi Bruno Le Maire, qui a annoncé 15 milliards d’euros d’aides. « Si nous n'étions pas intervenus tout de suite, c'est un tiers des emplois de la filière qui auraient disparu », s’est-il justifié.

On rappelle que cette filière-clé regroupe un total de 300.000 emplois directs et indirects dans l’Hexagone. En Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, c’est 159.000 emplois dans 1.200 entreprises.

Un fonds pour les PME et les ETI…

Cette enveloppe inclut les 7 milliards déjà accordés par l’État à Air France, sous la forme de prêts directs et de prêts garantis : elle permettra de finaliser la commande d’une centaine d’appareils Airbus (60 A220 et 38 A350). Au chapitre des nouvelles mesures, 1,5 milliard d’euros va d’abord être dédié sur 3 ans au financement de la R&D en matière de transition énergétique vers des avions moins polluants.

Objectif : « un avion neutre en carbone en 2035 ». Les donneurs d’ordres, déjà investis sur cette question, devraient ainsi pouvoir poursuivre et accentuer leurs efforts. Dans la filière, la seule R&D représenterait 35.000 emplois.

Derrière les grands groupes, c’est évidemment la situation des nombreuses PME et ETI du secteur qui inquiète. Airbus commanderait chaque année pour 12,5 milliards d’euros de biens et services à 10.000 industriels établis en France.

Avec l’avionneur et d’autres donneurs d’ordres (Safran, Dassault, Thales), l’État veut créer dès cet été un fonds spécial d’investissement de 500 millions d’euros pour ces nombreux sous-traitants fragilisés. Bpifrance devrait en apporter 200, et le futur gestionnaire du fonds 100. Le ministre de l’économie a indiqué qu’il espérait qu’un total d’un milliard d’euros soit à terme levé. Un autre fonds de 300 millions visera plus particulièrement à la digitalisation et à la robotisation desdites PME et ETI, là encore sur 3 ans.

Enfin, le ministère des Armées prévoit d’avancer 600 millions d’euros de commandes d’appareils, ce qui représenterait 5% de son budget d’équipements. Parmi ces commandes, on compte 3 Airbus A330 qui seront transformés en avions ravitailleurs, 8 hélicoptères Caracal, un avion léger de surveillance et de renseignement ainsi que des drones pour la Marine Nationale.

Le fonds Definvest, mis en place par le ministère des Armées et de Bpifrance il y a 3 ans pour soutenir les PME de la Défense, grimpera de 50 à 100 millions d’euros pour les 5 ans à venir. On ajoute que 200 millions d’euros de commandes d’aéronefs sont prévus pour la gendarmerie et la sécurité civile.

Après les 18 milliards d’euros dédiés à l’industrie du tourisme et les 8 milliards du secteur automobile, ce nouveau plan de sauvetage était évidemment attendu par les acteurs de la filière aéronautique. On espère qu’il leur permettra de traverser plus facilement cette zone de turbulences, en attendant de retrouver un coin de ciel bleu.

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