Au Pays Basque comme ailleurs, les paysages verdoyants et l’attachement aux cultures locales ne suffisent plus à masquer les symptômes d’un territoire sous pression. L’érosion côtière ronge nos plages centimètre par centimètre, les déchets plastiques s’accumulent au fil des marées, et les vagues touristiques saturent les écosystèmes aussi sûrement que les ronds-points. Dans les terres, les exploitations agricoles paysannes font face à des hausses de foncier et à des saisons déréglées, tandis que l’accès au logement devient un parcours du combattant pour les jeunes générations, prises entre spéculation et mono-activité touristique.
À cela s’ajoute un paradoxe : jamais les envies d’agir n’ont été aussi vives, mais rarement les outils d’action ont semblé aussi éloignés. Trop souvent, les initiatives locales poussent en silos, sans interconnexion. Or, à l’image de la nature qu’elles défendent, c’est par les racines et les réseaux que ces pousses peuvent s’épanouir.
Faire germer l’action, ensemble
Face à ces défis croisés, la Coalition Régénération Biodiversité Pays Basque a décidé de cultiver une réponse fertile et collective : Mission Régénération. Le festival, dont la première édition se tiendra le samedi 14 juin 2025 à Olatu, à Anglet, se veut une journée d’inspiration, de rencontres, d’outillage et de coopération.
Portée par une quinzaine de structures locales, associations, fondations, entreprises à impact ou coopératives, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la fondation D’IciTokiko, cette journée gratuite vise à semer un territoire plus résilient, écologique et solidaire.
La journée promet de cultiver l’intelligence collective et de faire pousser l’envie d’agir. Elle s’articulera autour de plusieurs temps forts. Pour commencer, six conférences pour interroger en profondeur les leviers de transformation : Comment régénérer nos jardins ? Notre Océan ? Notre démocratie locale ? Notre économie ? Notre éducation ? Loin des discours descendants, ces temps d’échange se veulent vivants, ancrés, et ouverts à la discussion.
Autour de ces conférences, un « village d’initiatives » prendra racine à Olatu. Une vingtaine de structures engagées viendront y planter leurs stands, leurs outils, leurs idées. Associations de défense de la biodiversité, coopératives locales, projets d’agroécologie ou de démocratie participative... Bref, chacun pourra y puiser des ressources concrètes et des contacts pour s’impliquer à son échelle.
Des ateliers pratiques pour petits et grands permettront aussi de mettre la main à la pâte. De la création d’oasis biodiversité à la lutte contre les espèces invasives, en passant par la découverte de la gouvernance partagée ou l’usage de la monnaie locale, il s’agira d’apprendre en pratiquant.
Et parce que la régénération passe aussi par l’émotion, le festival proposera une exposition artistique autour de l’Océan, comme une respiration poétique au cœur des engagements citoyens. L’idée étant de faire vibrer les consciences par l’image, pour mieux ancrer les engagements dans le sensible.
La journée sera également l’occasion d’inaugurer un tout nouveau lieu, à savoir l’Oasis Biodiversité d’Olatu. Pensée comme une démonstration vivante et pédagogique, cette oasis permettra de découvrir concrètement comment restaurer des espaces naturels, même en milieu urbain ou périurbain.
Un appel à coopérer, pas à consommer
À 18h30, un temps fort symbolique viendra refermer le cercle : une cérémonie de clôture inspirée des traditions des Peuples Premiers, animée par Maurice Rebeix. Écrivain, photographe, conférencier, il invitera les participants à se reconnecter à leur lien au vivant, à la terre, aux autres. Et pour finir la journée sur une note joyeuse et fédératrice : un concert, bien sûr, parce que militer n’a jamais empêché de danser.
Contrairement à un événement « clé en main », Mission Régénération est une invitation à la co-construction. La Coalition ne cherche pas des spectateurs, mais des acteurs. C’est pourquoi elle lance aussi un appel à bénévoles. Une formation est prévue, et les horaires s’adapteront aux disponibilités de chacun.
En somme, Mission Régénération n’est pas un festival de plus, c’est une manière nouvelle de faire territoire. De transformer les constats en actions, l’isolement en liens, l’impuissance en puissance d’agir. Et de rappeler que dans « régénération », il y a « génération », et donc transmission, fertilité, et avenir.
COUP DE POUCE
Et si cette régénération, ce n’était pas seulement un énième mot en « -ion », mais une action à la première personne ? Derrière les conférences inspirantes, les ateliers fertiles en idées et les stands débordant d’énergie citoyenne, le festival Mission Régénération ne tient que grâce à celles et ceux qui mettent la main à la pâte… ou plutôt au compost ! Pour faire germer cette belle journée du 14 juin à Olatu, la Coalition Régénération Biodiversité Pays Basque lance un appel aux bonnes volontés.
L'événement mérite vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? N'hésitez pas à partager cet article auprès de vos proches et sur les réseaux sociaux afin de générer un appel aux curieux, aux passionnés de nature, aux habitants du coin, aux rêveurs pragmatiques et aux convaincus de la transition. Que vous ayez trois mois devant vous ou seulement une journée, il y a une place pour vous dans l’écosystème bénévole : un coup de fil à passer, une chaise à déplacer, un sourire à distribuer. Accueil du public, logistique, accompagnement des animations… autant de petits gestes qui, mis ensemble, font avancer une grande cause.
Aucun diplôme en biodiversité n’est requis, juste l’envie de faire partie d’un mouvement collectif, bienveillant, joyeux et enraciné dans le concret. Cerise sur le gâteau : chaque bénévole est formé et accompagné par l’équipe d’Open Lande, dans une ambiance aussi chaleureuse. Donner un coup de main, c’est déjà régénérer le vivant, le lien, l’engagement.
Sébastien Soumagnas
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