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Entreprises adaptées : une réforme et de nouveaux horizons

Alors que vient d’être donné à Pau le coup d’envoi de l’Inclusive Tour, Jean-Marie Marx, haut-commissaire aux compétences et à l’inclusion par l’emploi, répond à nos questions…
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Ce jeudi au Palais Beaumont de Pau, Cyril Gayssot, président de l’Union nationale des entreprises adaptées, entouré de tous les partenaires nationaux, et en présence de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a donné le coup d’envoi de l’Inclusive Tour.

Il va parcourir la France avec l’objectif de permettre aux entreprises adaptées d’entrer dans une nouvelle dimension pour relever un défi, fou mais réalisable : créer 40.000 nouveaux emplois. Voir nos précédents articles (liens ci-dessous).

PresseLib’ a demandé à Jean-Marie Marx de nous en dire plus sur la réforme des entreprises adaptées, les expérimentations prévues par la loi du 5 septembre 2018 et la nécessaire sensibilisation des entreprises conventionnelles.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les objectifs de la récente réforme des entreprises adaptées ?

Jean-Marie Marx - L’idée générale de cette réforme est de favoriser l’inclusion des personnes handicapées dans l’économie ordinaire. C’était le sens de l’accord-cadre pour le développement de l’accueil des personnes handicapées, signé l’an dernier avec l’Unea, l’APF et l'Unapei. Nous souhaitions tisser des passerelles entre entreprises adaptées et classiques, notamment via un dispositif de CDD Tremplin permettant un accès progressif à l’emploi ordinaire (130 entreprises adaptées ont déjà été retenues pour cette expérimentation, dont 9 en Nouvelle Aquitaine, NDLR), le tout en lien avec Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Au-delà du principe d’inclusion dans l’économie ordinaire, ce nouveau rôle de tremplin des EA doit leur permettre de favoriser l’emploi dans l’absolu, en compensant des départs plus nombreux par l’intégration de nouveaux entrants…

J-M. M. - C’est évidemment la logique. Les entreprises adaptées doivent apparaître plus clairement comme une solution alternative pour les entreprises classiques, en particulier celles connaissant des difficultés de recrutement. Cela élargira petit à petit le spectre des nouvelles embauches à des personnes à priori plus difficiles à placer. Afin de mieux faire connaître cette solution que représentent les entreprises adaptées, des opérations comme l’Inclusive Tour sont nécessaires et viennent en appui de la réforme. Nous sommes conscients que cette réforme implique un changement culturel important pour les entreprises adaptées, qui enregistreront des taux de renouvellement de leur personnel nettement supérieurs à ce qu’ils étaient jusqu’ici (autour de 3 ou 4%), et qui doivent bien sûr être aidées dans leur mission d’accueil et d’intégration d’un nombre plus important de travailleurs handicapés. Dans l’absolu, l’objectif est de doubler le nombre de salariés en situation de handicap d’ici fin 2022, c’est-à-dire d’atteindre 40.000 recrutements sous 3 à 4 ans.

On devine qu’un tel objectif impose un important travail de communication et de sensibilisation auprès des entreprises dites « ordinaires », qu’il faut convertir à la démarche…

J-M. M. - Beaucoup d’entreprises ne sont pas encore au fait du détail de la réforme ou des solutions que peuvent aujourd’hui leur apporter les entreprises adaptées, qui couvrent un très large éventail de prestations. Des actions d’information sont donc effectivement nécessaires. Nous essayons de mobiliser les entreprises sur ce sujet de l’inclusion. De ce point de vue, il était intéressant de commencer cet Inclusive Tour dans le département des Pyrénées Atlantiques, qui compte un certain nombre d’entreprises particulièrement sensibles à ces questions, notamment celles réunies au sein d’un club « Les entreprises s’engagent » (porté par des entreprises comme la SAS Jean Goyty, Epta France, Safran Helicopter Engines et Euralis).

Quelles sont les autres pistes pour améliorer le taux d’emploi des personnes en situation de handicap ?

J-M. M. - Il y a d’abord l’important levier de la formation. Il faut des plans spécifiques et adaptés pour accompagner nos plus de 500.000 demandeurs d’emploi en situation de handicap. C’est par exemple l’esprit de la convention signée ce jeudi matin à Sauvagnon (avec Airbus, SII et l’entreprise adaptée de l’APF 64). D’autre part, la croissance de l’emploi des personnes handicapées passe aussi par celle des entreprises adaptées elles-mêmes, qui peuvent s’ouvrir à de nouveaux marchés et ont encore une bonne marge de manœuvre en termes de développement. Elles disposent de nombreux atouts pour cela, à commencer par un climat favorable à l’inclusion et une volonté plus forte des entreprises d’intégrer les personnes handicapées. Il existe actuellement une réelle dynamique sur le territoire, avec par exemple un nombre surprenant de jeunes diplômés engagés ou souhaitant s’engager dans la création d’une entreprise adaptée. Ces entreprises adaptées constituent de plus des partenaires idéals pour les entreprises impliquées dans des démarches RSE, sensibles à la diversité de leur personnel ou tout simplement désireuses de valoriser leur image. Mais pour en revenir aux moyens, nous n’excluons aucune piste d’amélioration. Des réflexions peuvent être menées sur les sujets de la consolidation (via la formation de consortiums d’EA qui leur permettraient d’atteindre une taille critique et ainsi d’accéder à certains marchés) ou d’une plus grande proximité entre les EA et les ESAT.

Un dernier mot sur la réforme, qui inclut différentes « expérimentations » : CDD Tremplin, EA de travail temporaire, modèles d’EA « pro-inclusifs ». Est-ce à dire que certains de ces dispositifs seront amenés à évoluer ?

J-M. M. - L’objectif de la réforme était de débrider le système tel qu’il existait, sans pour autant avoir les idées complètement arrêtées. Si nous sentons que certaines de ces expérimentations produisent plus de résultats que d’autres, nous ne nous interdisons pas de procéder plus tard à des réajustements ou à d’autres expérimentations, toujours dans une logique d’inclusion et de co-construction avec les acteurs concernés.

Plus d’informations sur la réforme, cliquez ici

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