En 2012, deux chercheurs se sont associés pour créer le bureau d'études Territòri. Aujourd'hui, ils sont quatre, installé à Tarbes, et avec des antennes à Dax et à Toulouse, son champ d'action comporte de nombreux domaines comme les études urbaines et paysagères, les aménagements urbains et paysagers, les diagnostics phytosanitaires, etc. « De façon plus générale tout ce qui concerne l'accompagnement des collectivités dans des projets territoriaux », explique Franck Saint-Girons, gérant de la structure définie en SCOP.
C'est dans le cadre de l'une de ces missions que ce dernier s'est penché sur le miscanthus. « Nous avons été contactés par le Syndicat des eaux de Tarbes Nord pour trouver un moyen de regagner la qualité de l'eau en lien avec la pollution au nitrate. Le végétal a toujours été la solution pour nous. Nous avons également souhaité développer une filière locale autour de cet objectif pour pouvoir aller au bout de notre idée. Ainsi, il nous fallait une culture qui ne nécessitait pas de produits chimiques, on ne souhaitait pas non plus que la plante que l'on allait utiliser altère la biodiversité, et pour construire une véritable filière, il fallait que la matière première puisse être commercialisée dans plusieurs débouchés ».
De tous ces critères a émergé le miscanthus. Originaire d'Asie et d'Afrique, c'est une plante qui est aujourd'hui déjà utilisée en Europe du Nord. En France, on peut retrouver des projets qui l'utilisent en Alsace par exemple. « C'est un végétal qui n'a besoin d'être planté qu'une seule fois ! On le plante au mois de mai, puis au bout de la première année on le broie en février et mars, pour développer la culture, et il est récoltable et utilisable dès la deuxième année, et pendant près de 20 ans ensuite ! ».
Dans le cadre de son projet, Territòri utilise le miscanthus comme un filtre entre les points de captage d'eau potable et les cultures de maïs par exemple. Il est également utilisé pour le paillage, pour de la litière animale (plus efficace que du foin), pour du chauffage, etc. « Nous avons même développé avec le laboratoire Agromat de Tarbes et l'ESMAEP Tarbes Nord des pots biodégradables grâce à la plante », se réjouit Franck Saint-Girons. « Des innovations sont à créer sur le territoire avec les acteurs locaux. Les centres du thermalisme et les entreprises de cosmétiques locales sont déjà intéressés ! »
Pulseo va être un immense facilitateur
Testé depuis plusieurs années dans le 65, ce projet aura entièrement répondu à la problématique initiale. Il aura d'ailleurs la même mission principale dans les Landes, où il sera implanté grâce à l'accompagnement de l'écosystème Pulseo qui a souhaité récompenser le bureau d'études Territòri dans le cadre de son concours d'innovation « À point nommé ». Une dotation de 3 000 euros et un accompagnement pendant 3 ans. « Pendant ces trois années, Pulseo va être un immense facilitateur ! Cela va beaucoup nous aider dans la structuration de notre projet, et cela va nous ouvrir un réseau important », poursuit le gérant, reconnaissant que son projet ait été retenu parmi les 17 autres en concurrence.
« L'idée dans les Landes, c'est de reproduire ce qu'on a mis en place dans les Hautes-Pyrénées, en mettant en relation les agriculteurs, les syndicats de l'eau et les industriels, mais en s'adaptant au territoire dans lequel nous arrivons. Ce n'est pas pour créer une concurrence avec les autres filières locales, au contraire, nous souhaitons apporter une complémentarité et une synergie territoriale ». L'idée reste donc de proposer une solution autour de la problématique commune de la qualité de l'eau, tout en continuant de créer et de développer des débouchés innovants pour stabiliser la filière. Et elle pourrait bien, à terme, être développée encore plus largement...
Timothé Linard
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