Dans un monde où les ressources naturelles s’épuisent à une vitesse alarmante, l’économie circulaire n’est plus une option, mais une nécessité. Bil Ta Garbi l’a bien compris et, au-delà de son rôle traditionnel de gestion des déchets pour 211 communes du Pays Basque et du Béarn, le syndicat a décidé de passer à l’action.
Avec le Défi Luzatu, lancé en octobre dernier, l’objectif est on ne peut plus clair ! Il s'agit de prolonger la vie des matériaux destinés à l’abandon en soutenant des projets capables de les réutiliser intelligemment. L’idée est de dépasser la simple gestion des déchets et d’en faire un moteur d’innovation locale souligne Maïtena Curutchet, vice-présidente du syndicat en charge de l’économie circulaire.
L’initiative prend un tournant concret avec l’annonce des six lauréats de cette première édition. Ces porteurs de projets bénéficieront d’un accompagnement en prototypage au sein de l’atelier Luzatu, basé à Macaye-Louhossoa, ainsi que des conseils d’un expert en innovation circulaire. Une aubaine pour ces créateurs qui, chacun à leur manière, façonnent un futur plus durable en donnant une nouvelle utilité à des matériaux considérés comme obsolètes.
Des idées pleines de ressources
Le défi Luzatu a attiré une diversité de projets, tous ancrés dans une logique de transformation des déchets en produits viables et attractifs. Parmi eux, Jérémy Blanc et son projet Almeth, qui récupère du bois destiné au rebut pour concevoir des caissons multifonctions pouvant servir aussi bien d’instruments de musique que de coffres de rangement.
« Il s’agit de développer toute une gamme de caissons aux fonctions diverses mais aux dimensions standard afin de limiter les coûts. Cajonito (bongo cajon) = instrument de musique, caisse de transport, support d’exposition, caisse à outils, coiffeuse, etc. », explique-t-il.
D’autres, comme Grégory Tanchon des Ateliers du Singe, ont choisi de transformer les déchets en objets de décoration et de luminaires. Un défi d’autant plus grand qu’il implique un changement de mentalité face aux matériaux récupérés : « Mon projet vise à résoudre la problématique des déchets locaux en les transformant en objets utiles, bien au-delà des lampes. Il y a urgence à réduire les déchets, produire localement, et renouer le lien social. Je suis profondément motivé par cette mission », confie-t-il.
Du côté de Thierry Mouton et de son entreprise Ibiltoki, l’enjeu est tout aussi ambitieux. Ses objets de décoration sont créés à partir de vieux volets promis à l’enfouissement, qu’il grave au laser pour révéler des motifs inspirés de la région. Une manière poétique de préserver une part du patrimoine local tout en valorisant des matériaux abandonnés.
D’autres lauréats, comme Antoine Bouchereau (Resak), Lou Larrieu (LLA-RES) et Noémie et Anaïs Gatesoupe (Cancan 64), se concentrent sur la fabrication de mobilier et d’aménagements urbains à partir de matières recyclées. Ils montrent ainsi qu’il est possible de conjuguer innovation, durabilité et esthétisme.
Un tremplin pour l’économie circulaire locale
Au-delà de l’aspect technique, le Défi Luzatu est aussi un formidable levier pour sensibiliser le public et les entreprises à la réutilisation des matériaux. Avec la mise à disposition de son atelier de prototypage, Bil Ta Garbi ne se contente pas d’identifier des idées prometteuses, il leur donne les moyens d’exister et de se développer.
« Afin de développer des commandes et tisser un réseau d’acteurs locaux dans le 64 et le 40, l’AMI Luzatu serait un formidable tremplin », soulignent Noémie et Anaïs Gatesoupe, dont le projet Cancan 64 vise à créer des scénographies et mobiliers à partir de matériaux de réemploi.
Cet engagement s’inscrit pleinement dans une dynamique plus large, portée par des acteurs publics et privés convaincus que l’avenir passe par la valorisation des déchets. En témoigne le soutien de personnalités comme Maud Caruhel, vice-présidente ESS et économie circulaire de la Région Nouvelle-Aquitaine, ou encore Carole Iriart Bonnecaze Debat, élue référente du pôle Errobi de la Communauté Pays Basque, qui ont salué l’initiative lors de la cérémonie de présentation des lauréats.
Du recyclage à la renaissance
Le Défi Luzatu illustre parfaitement la manière dont l’économie circulaire peut s’intégrer au tissu local. Loin de n’être qu’un concept abstrait, elle devient ici un moteur de création et d’emploi, stimulant des initiatives capables de conjuguer rentabilité et impact environnemental positif.
La première édition de Luzatu pose ainsi les bases d’une dynamique appelée à grandir. En accompagnant des projets innovants et en mettant des infrastructures adaptées à disposition, Bil Ta Garbi démontre que la transition écologique peut aussi être une opportunité économique.
Alors que ces six lauréats débutent leur aventure avec l’aide de l’atelier Luzatu, c’est tout un territoire qui en profite : moins de déchets, plus de savoir-faire, et une façon plus responsable de produire et consommer. Comme quoi, avec un peu d’ingéniosité et beaucoup d’engagement, nos poubelles peuvent devenir les mines d’or de demain.
Sébastien Soumagnas
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